Paul Kingsnorth, L’abolition de l’homme (et de la femme), 2022

Le genre, le sexe et la Machine

C’est lors d’un voyage aux États-Unis il y a cinq ans que j’ai perçu pour la première fois l’inversion fondamentale dans l’appréhension de la réalité qui allait se répandre dans l’ensemble du monde occidental.

J’avais entrepris une petite tournée promotionnelle et j’intervenais dans diverses manifestations, ce qui m’a permis de passer un moment avec un homme qui s’intéressait à mon travail. Nous parlions de choses et d’autres, et au cours de cette conversation à bâtons rompus, il m’a demandé si j’avais des enfants. Oui, ai-je répondu, un garçon et une fille. Puis, comme il est de règle dans ce genre de conversation, je lui ai posé la même question.

Je n’oublierai jamais l’expression de son visage. Une épouvantable tristesse semblait l’écraser lorsqu’il me répondit. Oui, dit-il, il avait un fils adolescent, ou il en avait eu un autrefois. Mais tout avait changé. Un jour, en rentrant de l’école, son fils lui avait annoncé qu’il était désormais sa fille. « Imaginez cela », me dit cet homme, « que faut-il faire ? Qu’étais-je censé faire ? »

Je ne savais que dire. Je ne savais pas non plus ce que j’aurais fait. Je me suis contenté de le laisser raconter son histoire. Il avait besoin d’en parler. Cela lui avait causé un tel choc, me dit-il, qu’il n’avait pas su faire face à cette situation. Il avait essayé de parler à son fils, de le persuader qu’il n’était pas une fille mais un garçon, qu’il lui était impossible d’être autre chose, que l’adolescence était une période difficile, et que c’était normal, mais cela ne servit à rien. Son fils ne voulait pas en démordre.

Il était évident qu’il se passait quelque chose, à l’école et dans la culture en général, quelque chose que cet homme ne comprenait pas. « J’ai commencé à boire, » me dit-il « je n’arrêtais pas de boire. Je disparaissais pendant des journées entières. J’étais incapable de faire front. Mon fils parlait de chirurgie. Il était en train de m’échapper. Toutes ces années passées à l’élever. Je lui ai dit que c’était comme si je perdais mon enfant. Mon fils unique. C’était comme si mon fils mourait. C’est ce que je ressentais. »

L’homme me montra une photo de son fils, un adolescent gauche avec de longs cheveux coiffés comme ceux d’une fille et une jupe. « Il veut entreprendre un traitement hormonal, » me dit l’homme. « Il veut arrêter sa puberté. Je lui ai dit d’attendre, qu’il ne savait pas ce qu’il ressentirait dans cinq ans. J’espère seulement que ça n’arrivera pas. Tous les médecins le recommandent. Ils disent que c’est réversible [1], mais… »

Je ne savais absolument pas quoi dire. Je ne sais toujours pas. L’homme me demanda ce que j’en pensais. Je lui dis que j’ignorais ce que j’aurais fait à sa place ; que son fils me paraissait être victime de quelque chose. Je lui dis qu’un homme ne pouvait pas devenir une femme et vice versa, et qu’il ne fallait pas que les enfants subissent des traitements hormonaux ou une chirurgie dans ces conditions. J’avais du mal à croire ce que j’entendais au sujet des médecins, des thérapeutes et des enseignants qui semblaient tous encourager ce genre d’interventions radicales sur des enfants. Je pensais que cet homme exagérait peut-être, mais je ne le lui ai pas dit. Tout cela n’avait aucun sens. Je ne voyais que douleur et confusion, chez ce garçon, chez cet homme, dans la famille et dans la culture. Il s’agissait d’une douleur et d’une confusion si inédites que personne ne savait vraiment ce qu’il fallait faire. « Est-ce que cela existe déjà dans votre pays ? » me demanda l’homme. Je ne le pensais pas, dis-je, pas vraiment. « Alors vous avez de la chance, » me dit-il, « mais je peux vous assurer que ça arrivera. »

*

Et il avait raison. Aujourd’hui, j’apprends qu’ici en Irlande, de nombreux enfants qui fréquentent les écoles locales, surtout des filles, ont des idées très confuses sur ce qu’ils ont appris à appeler leur « genre ». Sont-ils des filles, des garçons, ou autre chose de tout à fait différent ? On présente habituellement cette situation comme la simple révélation de quelque chose qui a toujours existé. On nous dit que les gens ont toujours été « transgenre », et que ce qui a changé est qu’ils peuvent désormais simplement en parler.

C’est évidemment mensonger. C’est l’activisme sur Internet qui provoque chez de jeunes esprits vulnérables cette crise subite de confusion générale sur la notion de genre. Il s’agit d’une crise inédite et radicale qui est survenue à une vitesse incroyable. La Suède, pour ne prendre qu’un exemple, a vu avec stupéfaction croître son taux de « dysphorie de genre » de 1 500% en à peine dix ans. Je connais une adolescente qui a déclaré récemment, tout à fait sérieusement, qu’il existait soixante-dix genres différents, que c’était un « fait scientifique », et qu’elle ne savait pas exactement auquel elle appartenait. L’anxiété de ces jeunes est palpable, et on l’entretient.

Les médias, les élites culturelles, et un tas d’ONG généreusement financées mais qui ne rendent de comptes à personne, et une grande partie des systèmes éducatif et politique, s’efforcent de banaliser une idée nouvelle et radicale de ce que signifie être humain et de promouvoir les traitements hormonaux, la chirurgie et les changements de style de vie qui vont avec. Il a fallu incroyablement peu de temps pour que cette campagne de banalisation porte ses fruits. Dans mon pays, la Grande Bretagne, l’homme qui brigue le poste de premier ministre ne peut pas, ou ne veut pas, définir le mot « femme ». L’Église officielle non plus. Certains parents achètent des bandages de poitrine pour leurs fillettes. Sous l’influence de puissants courants accessibles sur Internet, des adolescents subissent des chirurgies désastreuses qu’ils regrettent plus tard. Les personnalités en vue qui pensent autrement peuvent s’attendre à être très durement châtiés, surtout s’ils essaient de publier un livre à ce sujet [2].

Revenons en Amérique, qui est désormais l’hypocentre (foyer réel) de l’abolition de la biologie, où l’on pratique des mastectomies complètes sur des milliers de jeunes filles et où l’on prescrit à des adolescents des médicaments « bloqueurs de puberté » destinés à la castration chimique des violeurs. On enseigne à des jeunes filles de onze ans que « si elles se sentent mal dans leur corps, cela signifie qu’elles sont transgenre », ce qui pourrait expliquer que dans certaines classes, ce soit à cela que s’identifie un quart des enfants. On avance maintenant avec tant de force le concept « d’enfants trans » (idée que la plupart des gens aurait trouvée inconcevable et déroutante il y a encore quelques années, et qui l’est encore pour beaucoup d’entre eux) qu’il commence à ressembler moins à la libération d’une minorité opprimée qu’à une stratégie visant à reprogrammer la société par le biais d’une conception inédite du corps humain et donc de la nature elle-même.

S’il est probable qu’une sorte de « dysphorie de genre » soit aussi vieille que le monde, et que les gens non conformes aux attentes de la société en tant qu’hommes ou femmes aient toujours existé (nous sommes probablement nombreux à entrer sans problème dans cette catégorie), ce qui se produit actuellement est d’une toute autre nature. La société occidentale s’est engagée dans une mutation fondamentale de la manière dont elle interprète non seulement les « rôles de genre » (car après tout, leur remise en cause est de rigueur depuis au moins un siècle), mais la nature de la réalité biologique.

Comme nous l’avons appris ces dernières années, la signification des mots « homme » et « femme » a évidemment une importance d’ordre pratique, car d’elle dépendent l’accès aux toilettes, la participation aux manifestations sportives, et ainsi de suite. Mais tandis qu’on continue à se bagarrer à ce sujet, et alors que l’énorme pression exercée par les activistes pour appliquer leur théorie queer bien-aimée même à la vie de jeunes enfants rencontre une opportune résistance, l’agitation de surface que génère la guerre culturelle peut nous détourner des courants plus profonds.

Ces courants révèlent que l’inversion transgenre ne concerne pas que le genre. D’une certaine manière, en réalité, le genre n’est même pas l’attraction principale de tout ce cirque. Il est plus précisément le catalyseur des mutations plus étendues en cours. Ces mutations que nous commençons seulement à percevoir représentent une rupture dans notre manière de comprendre ce qu’être humain signifie. La question est de savoir où cela nous mène.

*

Dans son livre de 2020, The Rise and Triumph of the Modern Self [L’Émergence et le triomphe du moi moderne], Carl Trueman [3] tente de répondre à cette question en puisant à la fois dans l’histoire et dans la philosophie. Il explique qu’il a entrepris d’écrire ce livre pour tenter de comprendre comment nous en sommes venus à juger cohérente et compréhensible la phrase « Je suis une femme prisonnière d’un corps d’homme » alors qu’il y a à peine quelques décennies, la plupart des gens l’aurait prise pour du « charabia incohérent ». Il en conclut que loin d’être un feu de paille, le basculement transgenre est le résultat logique d’une mutation de la perception du moi qui a eu lieu depuis l’avènement de la modernité.

S’appuyant sur les travaux du philosophe Philip Rieff [4], auteur de The Triumph of the Therapeutic [Le Triomphe de la culture thérapeutique], Trueman suggère que la vision du monde occidentale actuelle est peut-être unique dans l’histoire de l’humanité. Pour essayer d’en élucider la raison et la manière, il s’inspire du schéma simpliste mais qui donne à réfléchir que Rieff utilise pour expliquer l’évolution du moi occidental par le biais d’une série de « types » humains.

Rieff nomme le premier type « homme politique ». Idéalisé par Platon, Aristote et leurs émules, l’homme politique acquiert son identité dans la vie publique, en s’engageant dans la vie civique, en débattant avec d’autres sur le sens de la vie, et plus généralement en trouvant à s’exprimer dans quelque forme de service public. Plus tard, à l’aube du Moyen Âge, l’homme politique est remplacé par le second type, « l’homme religieux ». Celui-ci trouve le sens de sa vie dans la vie religieuse commune, dans les fêtes et les jeûnes, la messe et la liturgie, les pèlerinages et les processions qui donnent forme à l’année et à l’existence.

Quand s’annonce la modernité, l’homme religieux cède sa place au troisième type, « l’homme économique » qui trouve un sens à sa vie dans le commerce, la production et le profit. Comme Marx avant lui, Rieff a compris qu’en raison de la nature révolutionnaire du capitalisme, l’homme économique ne pourrait être qu’un phénomène temporaire car il finirait par saper les fondements de sa propre prospérité.

Et c’est bien ce qui arriva. Et lorsque cela se produisit, l’homme économique s’effaça devant le type que nous incarnons à présent et avec qui nous vivons, « l’homme psychologique ». Fondamentalement, l’homme psychologique est qualitativement différent de ses ancêtres. Contrairement à eux, ce n’est pas tant dans l’activité tournée vers l’extérieur qu’il trouve son identité que dans sa « quête intérieure pour son propre bonheur psychologique ». Sa – notre – réalité est flottante, elle ne se partage pas et elle est, fondamentalement, intérieure. Nous pouvons en constater actuellement les conséquences pour la culture :

« Dans le monde de l’homme politique, religieux et économique, l’engagement était dirigé vers l’extérieur, vers les croyances communes, les pratiques et les institutions qui étaient plus grandes que l’individu et dans lesquelles ce dernier trouvait du sens dans la mesure où il se conformait à elles ou coopérait avec elles. L’Athénien de l’Antiquité était attaché à l’assemblée, le Chrétien médiéval à son Église, et l’ouvrier du XXe siècle à son syndicat et à son club de travailleurs. Tous trouvaient leur raison d’être et leur bien-être en s’attachant à quelque chose qui leur était extérieur. Mais dans le monde de l’homme psychologique, on s’attache d’abord et avant tout à soi-même en se tournant vers l’intérieur. Il s’agit donc d’une inversion de l’ordre. Les institutions extérieures deviennent de fait les servantes de l’individu et son sentiment intime de bien-être. »

Le reste du livre de Trueman est presque entièrement consacré à retracer la création de l’homme psychologique à travers l’histoire. Dénonçant les principaux responsables, il commence par Jean-Jacques Rousseau, à l’avant-garde d’un nouveau mythe de la création dans lequel l’individu humain, sans tache et non civilisé, est perverti par la société. Plus tard, Freud expliquera que la société et la famille sont à l’origine de la répression des émotions que l’on peut libérer grâce à la science nouvelle de la thérapie. Tandis que Marx fournissait une solution politique à Freud comme à Rousseau en proposant de se débarrasser entièrement de la superstructure bourgeoise répressive et injuste.

Pendant ce temps, Nietzsche et Darwin contribuaient tous deux, volontairement ou non, à saper les postulats fondamentaux de la chrétienté occidentale, détachant ainsi la culture de ses racines spirituelles. Et enfin, des personnages comme Herbert Marcuse et Wilhelm Reich aidèrent à justifier la levée des tabous sexuels qui fit irruption dans la contreculture des années 1960 et aboutit à notre présent envahi par la pornographie.

Comme le suggère Trueman, c’est cette dernière évolution qui pourrait s’avérer la plus significative. Dans l’Occident contemporain, l’identité s’ancre autour du sexe et de la sexualité, situation dont il croit pouvoir dire qu’elle est « sans précédent dans l’histoire ». Trueman désigne Wilhelm Reich et ses successeurs de la contreculture comme les instigateurs de cette mutation. Pour Reich, la libération sexuelle représentait le stade ultime de l’émancipation en cours de l’individu tant vis-à-vis de la nature que de la culture.

Dans La Révolution sexuelle, son livre de 1936, Reich affirmait que pendant des siècles, les gouvernements et les Églises avaient imposé et mis en œuvre la répression sexuelle pour contrôler les masses. La libération de l’individu était donc intimement liée à celle de la sexualité :

« L’existence de principes moraux stricts a presque toujours signifié que les besoins de l’homme, en particulier ses besoins sexuels, n’étaient pas satisfaits. Tout règlement moral est en soi une négation du sexe, et toute moralité obligation une négation de la vie. La révolution sociale n’a pas de tâche plus importante que de réussir à permettre aux êtres humains de réaliser tout leur potentiel et de trouver leur satisfaction dans la vie. »

La liberté sexuelle implique la liberté de l’homme. La contreculture des années 1960 s’est emparée de cette idée, mais un problème est rapidement apparu, car cette libération était bancale. Même avec une contraception efficace, les femmes étaient toujours moins « libérées » que les hommes, et elles étaient aussi plus facilement exploitées. Selon Trueman, « la promiscuité sans risque de sanction » demeure plus facile pour les hommes, pour des raisons biologiques évidentes.

Ce fut Simone de Beauvoir qui, dans Le deuxième sexe, son livre de 1949, offrit une solution originale pour ce problème, et ouvrit ainsi la voie au concept moderne de « genre », apparu pour la première fois dans les années 1950. Selon de Beauvoir, la libération de la femme ne pouvait plus se limiter à des questions économiques ou politiques telles que le droit de vote ou le salaire égal. Il fallait que les femmes comprennent que leur corps était lui-même affaire de politique. Si l’on voulait que la véritable égalité advienne un jour, il faudrait triompher de la biologie, et la technologie pouvait en fournir les moyens [5]. L’avènement de l’insémination artificielle, permettrait aux femmes de « maîtriser la fonction reproductive » et de dépasser leur destin en tant que simples porteuses d’enfants ou de dépositaires du désir sexuel masculin.

Dans un morceau d’anthologie célèbre et caractéristique de l’époque, de Beauvoir déclara que l’on ne pouvait pas définir les femmes par leur biologie, et qu’en fait elles pouvaient et devaient la dépasser. La première phrase du second volume du Deuxième sexe pourrait servir de manifeste au mouvement transgenre actuel : « On ne naît pas femme, on le devient. » Avec ces huit mots, il y a plus de 70 ans, Simone de Beauvoir ouvrit la voie à la notion du mot humain hypersexuel, internalisé, autodéterminé et changeant qui renverse actuellement les tables dans l’ensemble du monde occidental.

*

Si l’on suit la logique de ces penseurs, de Rousseau pour finir à Beauvoir et à ses successeurs contemporains, le message principal qui en émane est que le moi humain le plus authentique est celui qui est le plus détaché tant de la biologie que de la société, que plus nous nous éloignerons de notre état naturel, plus nous serons libérés, et donc comblés. Comment parvenir à ce résultat ? Grâce aux mécanismes jumelés de la révolution culturelle et de la technologie avancée. La première dure depuis si longtemps que pour la plupart nous ne nous souvenons pas de ce que nous étions censés renverser. Le monde fait chaque jour des progrès rapides dans le cimetière du donné.

C’est dans ce contexte que l’acte de faire de nos corps des corps asexués, en séparant le sexe de la notion relativement neuve de « genre », et en nous émancipant de la biologie, peut être compris comme un acte d’émancipation politique. Dans un essai récent sur le travail de la théoricienne du genre, Judith Butler, qui est peut-être l’héritière intellectuelle la plus connue de Simone de Beauvoir, Mary Harrington [6] le but et l’orientation de la croisade transgenre :

« Selon Butler, c’est évidemment la voie à suivre pour s’émanciper, car la lutte contre les structures oppressives du pouvoir qui façonne notre sentiment du moi est une lutte féministe, et elle exige que nous démantelions toute structure susceptible de nous amener à considérer que notre existence en tant qu’hommes et femmes est influencée par nos corps. Butler appelle ces structures “l’hétéronormativité”. Si l’on suit sa logique de bout en bout, Butler préconise de “remplacer le corps maternel” par de la technologie, dans le but de “découpler totalement la reproduction humaine des relations hétérosexuelles”. Nous sommes enfin libres lorsque nos corps n’ont plus de pertinence dans nos relations les plus intimes et nos engagements les plus profonds. »

Comme de Beauvoir, Butler veut que les femmes (et peut-être les hommes, avec un peu de chance) soient libérées de leur corps. Dans ce sens, devenir transgenre ne constitue ni un choix de style de vie ni une réparation médicale, mais quelque chose de beaucoup plus profond, de beaucoup plus radical et de beaucoup plus politique, c’est-à-dire la manifestation la plus récente de la longue lutte pour l’émancipation, grâce à la technologie, vis-à-vis de la nature elle-même, symbolisée par les limitations de la biologie humaine.

C’est un long débat, et ce n’est pas simple, mais on pourrait le résumer ainsi : le mouvement transgenre que l’on nous présente aujourd’hui comme une lutte pour les droits civiques est en réalité quelque chose d’autre. En séparant le « genre » et le sexe, en promouvant des « identités multiples » pour les jeunes et les personnes vulnérables, en répandant l’idée que le corps donné est un problème à résoudre, et en avançant que, fondamentalement, notre « identité » et même notre « biologie » ne sont pas naturelles, mais qu’elles sont des constructions de l’esprit, nous abordons la dernière étape de la longue rébellion de la modernité contre la nature.

Cette rébellion se manifeste actuellement sous la forme d’une tentative richement dotée et bien organisée de normaliser une humanité post biologique asexuée, dans laquelle « homme » et « femme », « mère » et « père », « famille », et finalement « nature », deviendront des notions « contestables ». Quel est le but logique de ce processus qui sépare la biologie du sexe, et le corps de l’esprit ? Il est assez clair, si nous voulons bien ouvrir les yeux. Et certains activistes transgenre célèbres n’hésitent pas à le nommer.

Prenons par exemple Martine (jadis Martin) Rothblatt, femme d’affaires transgenre, milliardaire et éminente technocrate [7]. Dans son livre de 2011, From Transgender to Transhuman : A Manifesto on the Freedom of Form [De transgenre à transhumain : un manifeste sur la liberté de forme], il ne fait pas mystère de cet aboutissement. « Le transgenre, » écrit Rothblatt, « est la bretelle d’accès au transhumanisme. » Rothblatt présente le désir de transcender le « genre binaire » comme un aspect du processus plus vaste qui consiste à s’élever au-dessus et au-delà de toutes les frontières et limites naturelles. Renoncer au « genre » amènera à renoncer au sexe pour, finalement se débarrasser totalement du corps.

L’auteure Sophie Lewis[8], dont le manifeste féministe-cyborg Full Surrogacy Now (sous-titre Feminism Against Family) exige le démantèlement de l’appareil de la « reproduction bourgeoise stratifiée, marchandisée, cis-normative et néocoloniale », présente des arguments similaires en faveur d’un « communisme gestationnel », c’est-à-dire d’un monde où la responsabilité des bébés n’incombe pas particulièrement à leurs familles, mais est universellement considérée comme celle de tout un chacun. Un monde où les bébés sont élevés selon un « mode de soins plus queer et plus amical » que dans la « famille » réactionnaire obsolète. Comment réussir à instaurer un tel paradis ? Grâce aux technologies avancées pour la gestation de substitution, grâce aux utérus artificiels et autres moyens d’engendrer de nouveaux êtres humains sans avoir à faire usage de nos propres corps maladroits pour les porter.

Qu’au nom de l’égalité, Lewis désire remplacer la biologie humaine par la technologie révèle de manière exceptionnellement explicite la fusion entre la politique progressiste et le techno capital dont j’ai parlé en avril dernier. À court terme, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi les entreprises soutiennent et financent massivement le mouvement transgenre, car c’est un nouveau marché potentiellement très rentable. Il faut bien que quelqu’un produise les suppléments, facture les coûts de chirurgie et de gestation de substitution, et à la fois crée et encaisse les bénéfices de la gamme sans cesse croissante des produits d’un « genre neutre ».

Mais le soutien que le techno capitalisme apporte à l’âge du trans est plus profond que cela. Nombre de milliardaires qui financent ce mouvement soi-disant issu de la base ont leur propre programme, et c’est un programme qui s’accorde parfaitement avec la vision du monde de la Silicon Valley et ses métavers, ses singularités et ses bots d’intelligence artificielle. Dans cet univers, transgenre se transforme sans bruit en transhumain, comme le montre clairement la trajectoire de Martine Rothblatt :

« Gabriel, le fils du couple croit que la transition de Martine était une intensification du désir de toute une vie de transcender toutes les frontières… Une pionnière, une futuriste incarnant le meilleur de la transcendance humaine, Martine Rothblatt est un guide pour ceux qui cherchent à changer le monde. Adoptant comme rythme son mantra, “l’esprit est plus profond que la matière”, elle a orchestré sa réussite au-delà de toute attente. »

À sa décharge, Rothblatt est tout à fait honnête à propos de ses fins ultimes, c’est-à-dire l’immortalité par le biais d’un téléchargement de l’esprit humain dans le cloud numérique. Comme on peut s’y attendre, toute objection à cette idée est désormais une forme de préjugé, celui-ci est connu sous le nom de fleshism : être coupable de fleshism signifie qu’on croit qu’un être de chair est supérieur à une intelligence artificielle [9]. Il existe un moyen de surmonter ce préjugé et il consiste à adopter un nouveau genre de foi globale, c’est-à-dire une transreligion qui nous permette de naviguer dans la nouvelle réalité. Très obligeant, Rothblatt en a même créé une pour nous. Lancé en 2004, le site Terasem est la nouvelle voie spirituelle qui nous mènera à l’avenir universellement trans qui vient.

« Nous sommes une transreligion convaincue que l’on peut vivre joyeusement et éternellement si chacun d’entre nous rassemble sa propre base de données [10]. Nous insistons sur le respect de la diversité sans sacrifier l’unité, ainsi que sur la nécessité de consacrer un maximum de ressources à un logiciel de cyber-conscience, une nanotechnologie géo-éthique, et une colonisation de l’espace. »

Le site de la nouvelle religion mondiale expose obligeamment ses quatre principes de base :

1) la vie a un but ;

2) la mort est facultative ;

3) Dieu est technologique ;

4) l’amour est essentiel.

Et au cas où cela vous aurait échappé, Rothblatt développe le troisième point.

« Nous fabriquons Dieu en mettant en œuvre une technologie toujours plus omnisciente, plus omniprésente, toute-puissante et salutaire. La nanotechnologie géo-éthique finira par connecter toute la conscience et par contrôler le cosmos. »

Quel est le rapport entre un milliardaire transhumaniste qui veut « fabriquer Dieu » et un adolescent mal à l’aise dans son corps ? La réponse à cette question est que Rothblatt est loin d’être la seule personne à croire qu’un avenir post-naturel, post-humain et désincarné passe directement par le démantèlement du genre binaire. Vue sous cet angle, la question de savoir quels pronoms utiliser ou qui peut être autorisé à utiliser telles ou telles toilettes commence tout à coup à nous paraître d’une importance plus capitale que ce qu’en disent les journaux. Le fil conducteur qui unifie tout cela est le désir de trans-cendance, c’est-à-dire du dernier stade de ce qu’un autre transhumaniste honnête, Kevin Kelly, appelle notre « émancipation en cours à l’égard de la matière ».

Je n’entends pas suggérer que tous les activistes qui travaillent d’arrache-pied à « saboter le genre binaire » ont tous ce but en tête, et moins encore que tous ceux qui se pensent transgenres adhèrent à cette vision du monde ou en ont même entendu parler. Mais les choses vont dans ce sens. Ceux qui sont atteints de dysphorie de genre, les filles aux cheveux courts, les garçons qui jouent à la poupée, les gens dont la sexualité diffère de la norme, tous ceux-là ne constituent pas en réalité le vrai problème.

La vraie question est qu’une génération de jeunes gens qui passent leur vie en ligne, génération hyper urbanisée, de plus en plus isolée de la nature et grandissant dans une anti-culture introvertie et psychologisante, soit poussée à conclure que la biologie est un problème à résoudre, que leur corps est une forme d’oppression, et que le soulagement de leur souffrance pourrait se trouver au-delà d’une nouvelle liste de pronoms, ou même au-delà d’une chirurgie invasive, dans la direction de la nanotechnologie, d’un « logiciel de cyber-conscience » et peut-être, finalement, carrément dans l’abandon de leur incarnation physique.

À ce stade, vous savez ce qui se passe, ou du moins vous savez ce que j’en pense. C’est la Machine qui est à l’œuvre et la croisade transgenre s’y adapte parfaitement, c’est pour cela qu’elle est si bruyante, qu’on la promeut si lourdement et qu’il est si difficile de s’y opposer. S’il est difficile de s’y opposer, ce n’est pas seulement en raison des intérêts qu’elle protège et de la furie de ses thuriféraires, mais parce qu’elle va dans le sens de la manière dont nous concevons tous le moi moderne depuis longtemps, que nous le sachions ou non. Si aux yeux de certains, l’ère trans peut sembler neuve et surprenante, elle est en réalité, comme le fait remarquer Carl Trueman, le fruit d’une idée particulière sur ce que signifie être humain vieille de trois siècles. C’est une idée qui, finalement, nous transporte au royaume de l’humanité-créateur. Le résultat final de cette auto divinisation sera, ironie suprême, notre propre castration.

Où tout cela va-t-il nous mener, et comment nous orienter pendant la dissolution en cours de notre vision de la réalité ? Le temps nous le dira, mais nous devrions peut-être laisser le dernier mot à un autre transhumaniste honnête, Zoltan Istvan [11] qui a vu l’avenir et imagine qu’il nous attirera dès qu’aura été effectuée l’abolition du corps parturient, genré, vieillissant, limité et malpropre, dans toute sa fragilité créée.

« Il y aura un conflit entre ceux qui fusionneront avec l’Intelligence Artificielle (IA) et ceux qui ne fusionneront pas. Ce sera probablement une sorte de guerre civile. En fin de compte, on ne pourra pas arrêter le progrès, et la plupart des êtres humains se téléchargeront dans de nouveaux univers où ils ne mourront pas, n’auront pas à travailler ni à vivre en tant qu’être biologiques souffrants… Nous abandonnerons un peu de contrôle sur notre vie, et cela constituera le prix à payer pour que ce monde existe. Il s’agira d’un monde empli de bonheur et de progrès presque parfait. »

Amen.

Paul Kingsnorth, 14 juillet 2022.

 

Note de la traductrice :

Il m’a paru intéressant de traduire ce texte parce qu’il va droit au cœur du problème que nous posent l’idéologie transgenre, la reproduction artificielle de l’humain, etc. Gageons qu’en Grande Bretagne, Kingsnorth est désormais affublé d’un tas de qualificatifs terminés en -phobe, s’ajoutant à celui de « réac » et de « covido-négationniste ».

Toutefois, Kingsnorth a baissé la garde (toute la fin de la première partie du texte consacrée à Trueman me paraît assez faible) et négligé de vérifier ses sources lorsqu’il parle de Simone de Beauvoir et du Deuxième sexe, car il reprend alors ce qu’en disent les idéologues transgenre, comme le font remarquer Audrey A. et Nicolas Casaux sur le site Le Partage :

« On ne compte plus le nombre où la célèbre hyperbole de Simone de Beauvoir (“on ne naît pas femme, on le devient”) a été détournée par des idéologues transgenre pour lui faire dire tout autre chose que ce qu’elle dit en réalité. »

C’est dommage. Mais il est vrai que sortie de son contexte, la première phrase du Deuxième sexe peut aisément être récupérée et servir de slogan sans jamais prendre la peine de lire le reste du livre. Tout semble indiquer que Kingsnorth n’a pas lu le livre, cette phrase est la seule qu’il cite directement.

Traduction : Annie Gouilleux, Lyon, décembre 2022.

 

Article en version originale anglaise :
The Abolition of Man (and Woman)

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Ce texte à fait l’objet d’une critique détaillée par John Halstead  dont on peut lire une traduction partielle ici :

Écologie transphobe et proto-fascisme

Nos récentes publications ayant fait l’objet de diverses accusations et insultes, pour cause de politically incorrectness aux yeux de diverses sectes gauchistes, nous publieront prochainement une mise au point à ce propos. En attendant, vous pouvez sans retenue propager la rumeur que nous sommes « transphobes », « fascistes », « covido-négationnistes » ou tout autre qualificatif que votre imagination débordante pourra bien inventer ! Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque-chose !!

En attendant, nous vous recommandons la lecture des textes suivant :

Woke Anarchists, Contre l’anarcho-libéralisme et la malédiction des Identity politics, 2018

Réponse aux queer censeurs des écoféministes

(Note de mars 2023).

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Du même auteur :

Paul Kingsnorth
BASCULEMENT
Retour sur la gestion du Covid-19 et l’obligation vaccinale
décembre 2021.

Le Covid-19 est une révélation. il a mis à nu des déchirures dans le tissu social qui existaient déjà, mais qu’on pouvait ignorer en des temps meilleurs. il a révélé au grand jour la complaisance du paysage médiatique et le pouvoir de la silicon valley lorsqu’il s’agit de mettre en scène et de contrôler le débat public. il a apporté la confirmation du caractère malhonnête et sournois de nos dirigeants politiques, et de leur soumission définitive au pouvoir des entreprises. il a dévoilé la « science » telle qu’elle est : une idéologie compromise.

Brochure au format A5, 56 pages.

Prix libre auprès des éditions La Lenteur
81 140 Saint-Michel de Vax.


 

Jennifer Bilek

Portrait interne de l’industrie de « l’identité de genre »

Février 2020

 

En 2011, alors que les États-Unis et le monde entier étaient rivés sur les gros titres d’une deuxième fusillade de masse à l’Institut de technologie de la Virginie, la fusion de la centrale nucléaire de Fukushima et la mort de Moammar Kadhafi, un événement que la plupart des Américains ne pouvaient même pas imaginer se déroulait dans les coulisses. Jon Stryker, héritier d’une fortune médicale et fondateur de la Fondation Arcus, une ONG LGBT générée par l’argent de Stryker, était en train de construire une puissante infrastructure pour impulser la normalisation et l’institutionnalisation du transgenrisme, la première identité à caractère médical.

En 2014, Time Magazine a publié une photo de couverture et un reportage sur l’acteur Laverne Cox, un homme se faisant passer pour une femme. Cox était présenté comme inaugurant un « point de basculement de l’identité transgenre ». Il avait manifestement subi de multiples opérations pour changer l’apparence de ses caractéristiques sexuelles secondaires et affichait une tenue culturellement attribuée aux femmes : cheveux longs, maquillage, une robe et des talons hauts. Bien que Cox était présenté comme la pièce à conviction d’un point de basculement transgenriste, avant cette date, le transgenrisme n’était pas au premier plan dans l’esprit de la plupart des gens. Il n’y avait donc rien d’évident qui précédait ce moment où un « point de bascule » aurait été atteint.

Et pourtant, le transgenrisme fit soudainement son apparition partout – comme si quelque chose s’était produit en coulisses (c’était bien le cas). Six ans plus tard, nous avons des célébrités transgenres, des athlètes transgenres, des PDG transgenres, une couverture santé transgenre, des étudiants transgenres, un langage qui a émergé spécifiquement pour ces personnes, des lois réorganisant la réalité pour le reste du monde afin de les accommoder, de nouveaux programmes scolaires pour les enfants et adultes, de nouveaux protocoles médicaux, la disponibilité d’hormones, des bandages de poitrine, des prothèses péniennes, des camps de « genre » pour les jeunes, des agences de modeling et des produits de beauté, tout cela pour une fraction minuscule de la population dont la condition n’a aucune cause médicale connue.

Le transgenrisme est la première « condition médicale » dont on dit qu’elle provoque une dysphorie corporelle intense chez beaucoup de gens (surtout par son impact sur des enfants), et qui est à la fois promue en tant qu’identité et célébré dans l’ensemble des cultures occidentales.

C’est la première fois dans l’histoire qu’une dysphorie corporelle, quelle qu’elle soit, est présentée comme normale, positive et comme une identité médicale à célébrer, dans ce qui s’annonce comme une industrie prolifique de l’identité de genre. Les personnes qui s’identifient comme transgenres, les jeunes femmes en parfaite santé qui ont subi volontairement une double mastectomie de seins, sont utilisées dans des publicités d’entreprise, pour vendre de tout, des sous-vêtements à la crème à raser. Le cabinet Behemoth Law et des conglomérats médiatiques créent des mémoires d’amicus curiae et des guides de soutien juridique pour faciliter le processus de normalisation. Des avocats sont formés dans le monde entier et des organisations mondiales sont créées pour la tâche spécifique de normalisation de cette identité médicale.

À qui profite cette mouvance?

La réponse évidente est le complexe médico-industriel, avec la création de patients à vie ayant besoin de médicaments et d’opérations chirurgicales, des personnes qui subiront les conséquences de ces médicaments et de ces opérations toute leur vie. Mais le complexe médico-industriel n’est pas la seule industrie à avoir investi dans la normalisation et la préparation de la croissance des identités médicales.

En 2011, Yvette Burton a été nommée nouvelle directrice générale de la Fondation Arcus. Pendant plus d’une décennie, Burton avait assuré la direction du développement commercial mondial, la stratégie de transformation des entreprises et la direction des études de développement du marché pour les divisions Ventes et Services généraux d’IBM. Elle a également dirigé la stratégie commerciale d’IBM pour des partenariats LGBT mondiaux et a conseillé de nombreuses sociétés multinationales sur leur approche interne et externe de la communauté LGBT.

Avant l’annonce d’un « point de bascule » transgenriste pour la cover story de Laverne Cox dans TIME, la Fondation Arcus s’activait déjà à normaliser cette nouvelle identité médicale, sous la bannière des droits civils LGB, non seulement dans nos institutions, nos structures juridiques et politiques, mais aussi sur le marché.

Guidées par la Fondation Arcus, des centaines d’entreprises ont continué à étendre l’inclusion des personnes s’identifiant comme transgenres dans tout le monde américain des affaires. Actuellement, plus de 80 % des entreprises du classement Fortune 500 offrent une protection claire de « l’identité sexuelle » ; deux tiers d’entre elles offrent une couverture médicale aux transgenres ; des centaines d’entre elles disposent de groupes de ressources commerciales LGBTQ+ et alliés et déploient des efforts de formation interne ; et bien sûr, il y a la question des toilettes publiques.

En 2016, la Caroline du Nord a tenté de conserver des toilettes publiques spécifiques à chaque sexe. HRC, principal groupe de pression du lobby trans, a mobilisé 206 entreprises d’une valeur collective de plusieurs milliards de dollars pour faire reculer ce projet de loi. Le projet de loi (HB2) appelait à la protection continue et à la sécurité des femmes et des filles, par le biais de toilettes spécifiques à chaque sexe. Le lobby trans a réussi à gagner la faveur des grandes entreprises pour soutenir moins de 1 % de la population qui souhaite être considérée comme étant du sexe opposé, qui rejette de plus en plus la réalité biologique en faveur d’une idéologie politique qui cause des dommages indicibles dans de nombreuses cultures occidentales.

Nous assistons à la naissance d’une industrie, qui rejette la réalité biologique. Si nous continuons à permettre cette ingénierie sociale, nous pouvons nous attendre à l’émergence d’autres identités médicales, des identités qui auront besoin d’interventions médicales et technologiques pour exister. Ces identités seront protégées par des lois qui sont actuellement mises en œuvre, prétendument pour protéger des émotions, mais qui en réalité déconstruisent légalement le sexe biologique et ce que signifie être humain.

Vous trouverez ici une liste visuelle des entreprises qui investissent dans la normalisation de cette nouvelle identité médicale et des investissements corporatifs dans l’industrie de l’identité sexuelle.

Jennifer Bilek, 11 février 2020.

 

Traduction publiée sur le site TradFem le 14 février 2020.

 


 

Jennifer Bilek

Martine Rothblatt : un des pères fondateurs du transgenrisme et fervent transhumaniste

Juillet 2020

 

 

Martine Rothblatt est un entrepreneur et un avocat ayant contribué à l’essor du transsexualisme, du transgenrisme et du transhumanisme.

Au cœur de l’industrie émergente de « l’identité de genre » se trouve un homme en robe, qui exhibe des seins de femme avec ce genre de confiance que seuls acquièrent les hommes ayant connu une vie de privilèges. Martine Rothblatt, né en 1954, est un entrepreneur et un avocat très prospère. Fondateur de United Therapeutics, il a été plusieurs fois le PDG le mieux rémunéré de l’industrie biopharmaceutique. Il s’identifie comme un transsexuel et un transhumaniste et a beaucoup écrit sur les liens unissant les deux. Rothblatt estime que le dimorphisme sexuel humain est quelque chose de l’ordre de l’apartheid sud-africain, et que le transgenrisme est une route d’accès au transhumanisme — un exercice devant permettre de surmonter le « fleshism » [le terme anglais « flesh » correspond au mot « chair » en français, on pourrait donc traduire « fleshism » par « chairisme » ; il faut entendre par là une sorte de discrimination, dans la veine du sexisme, du racisme, etc., vis-à-vis de corps qui ne sont pas de chair et d’os : selon Rothblatt, préférer un corps de chair et d’os, c’est une forme de discrimination : le « chairisme », NdT].

En tant que membre de la Conférence internationale sur la législation et les politiques d’emploi transgenres (Conference on Transgender Law and Employment Policy, ICTLEP) depuis 1992, Rothblatt rédigea la première version du Rapport sur les lois sanitaires concernant les transsexuels et les transgenres (Transexual and Transgender Health Law Report), après avoir rencontré Phyllis Frye, un autre avocat transsexuel, au Texas. Cette petite réunion d’hommes ayant un penchant pour le port de sous-vêtements féminins initia un projet visant à promouvoir le transsexualisme à l’échelle mondiale et à déconstruire le dimorphisme sexuel humain. Le document rédigé par Rothblatt sera plus tard appelé la Charte internationale des droits du genre (International Bill of Gender Rights, IBGR). Phyllis Frye a été qualifié de « grand-mère du mouvement transgenre ». Si les perspectives transhumanistes de Rothblatt lui valent davantage d’attention, nous devons le considérer comme tout autant influent que Frye, sinon plus, en ce qui concerne la banalisation du transsexualisme (l’ancien nom de ce qui est aujourd’hui le transgenrisme). Un récapitulatif de leur rencontre et de l’essor culturel subséquent du projet transgenre peut être consulté à cette adresse.

La Conférence sur la législation et les politiques d’emploi transgenres devint un projet international après que Frye a été contacté par une femme britannique s’identifiant comme transsexuelle, Stephen Whittle, aujourd’hui professeur de droit à l’Université métropolitaine de Manchester et président élu de l’Association professionnelle mondiale pour la santé des transgenres (World Professional Association for Transgender Health, WPATH), laquelle a développé une branche états-unienne (USPATH). Whittle a également joué un rôle déterminant dans l’essor de l’activisme trans, notamment au Royaume-Uni. Elle intégra l’équipe d’experts en droits humains ayant élaboré les lignes directrices internationales en matière de droits humains, les Principes de Jogjakarta, à l’Université Gadjah Mada de Jogjakarta, en Indonésie, en novembre 2006. Les principes dits SOGI (Sexual Orientation Gender Identity, Identité de genre et orientation sexuelle) furent ajoutés aux principes de Jogjakarta, sous le nom de Plus 10. Utilisés comme lignes directrices juridiques internationales, ils ne sont pas réellement des lois mais sont considérés comme tels par les ONG LGBT qui représentent le complexe médico-industriel, lequel investit dans les futures identités médico-techniques. Les soi-disant « experts en matière de genre » sont aussi sérieux que la mythologie de « l’identité de genre » elle-même.

Le Rapport sur les lois sanitaires concernant les transsexuels et les transgenres, initié par Frye et Rothblatt, puis Whittle, fit office de brouillon pour un autre document issu d’un comité mondial, décrivant les droits des transsexuels et des transgenres au Royaume-Uni, le Groupe de Travail Interdépartemental sur les Personnes Transsexuelles (Interdepartmental Working Group on Transexual People), proposé par un autre homme avocat, s’identifiant comme transsexuelle, Christine Burns (lol !), et mis en place par le secrétaire d’État à l’intérieur du Royaume-Uni en 1999. Ce groupe de travail était composé de représentants en provenance d’Écosse, d’Irlande, du Pays de Galles et des États-Unis.

Ces quatre juristes, qui s’identifient tous comme transsexuels, ont été les principaux instigateurs d’un projet visant à déconstruire le sexe dans la loi, à l’échelle mondiale, et à le remplacer par des identités médicales signalant ce que les gens ressentent vis-à-vis de de leur corps. Martine Rothblatt est allé beaucoup plus loin dans ce processus de déconstruction.

La quête du trans-be-manisme

Quelques années après la Conférence internationale sur la législation et les politiques d’emploi transgenres (ICTLEP), organisée par Rothblatt, Frye, Whittle et Burns, Rothblatt commença des études en vue d’obtenir un doctorat en éthique médicale à Londres. Il obtint son doctorat en 2001, grâce à une thèse sur le conflit entre l’intérêt privé et public dans la xénotransplantation — procédure impliquant la transplantation, l’implantation ou l’infusion dans un receveur humain de cellules, tissus ou organes vivants provenant d’une source animale non humaine. Il créa ensuite une ferme porcine visant à produire des organes à destination des humains. Son but est d’offrir la vie éternelle à l’humanité en remplaçant continuellement les organes humains au fur et à mesure qu’ils s’usent.

Rothblatt est un individu tenace et accompli. Il a travaillé à Washington dans le domaine du droit des communications satellitaires. Il a aussi travaillé pour la NASA, a été le PDG de GeoStar et le co-créateur de SiriusXM Satellite Radio.

Il a également dirigé le projet biopolitique de l’Association internationale du barreau (à l’intersection entre la biologie humaine et la politique) visant à élaborer un projet de Déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l’homme pour les Nations unies (dont la version finale a été adoptée par l’UNESCO le 11 novembre 1997 et approuvée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998). Il a beaucoup écrit sur la nécessité, selon lui, de revoir notre système de catégorisation des personnes en hommes ou femmes en fonction de leurs organes génitaux, sur l’immortalité numérique et l’avenir de la création (des) d’êtres humains, sur les nouvelles technologies de reproduction, le dépistage génétique et la cartographie de l’ADN.

[Aparté du traducteur : Dans son livre intitulé From Transgender to Transhuman : A Manifesto on the Freedom of Form (« De Transgenre à Transhumain : Un Manifeste sur la Liberté de Forme »), Rothblatt confond n’importe comment, selon ses besoins, genre et sexe, identité et « identité sexuelle », assimile le dimorphisme sexuel à une caractéristique mentale (ce qui lui permet de soutenir qu’il n’existe pas), affirme que nous sommes d’ailleurs tous transgenres vu que nous possédons chacun une « identité sexuelle unique », que la reproduction sexuée est elle aussi transgenre puisqu’elle mélange des genres (sic), parmi d’innombrables élucubrations de la même farine. Rothblatt écrit par exemple :

« De la même manière, je vois maintenant qu’il est également trop contraignant qu’il n’y ait que deux formes juridiques, humain et non-humain. Il peut y avoir des variations illimitées de formes, allant de la chair pure à des formes purement informatiques, des corps et des esprits constitués de divers degrés d’électroniques entre les deux. Pour être transhumain, il faut être prêt à accepter que nous avons une identité personnelle unique, au-delà de la chair ou du logiciel, et que cette identité personnelle unique ne peut pas être bien exprimée par les seuls qualificatifs d’humain et de non humain. Elle exige une expression unique et transhumaine. »

Et :

« Le concept de base du transhumanisme est que l’homme n’a pas besoin d’un corps de chair, tout comme une femme n’a pas besoin d’un vrai vagin. L’humanité, c’est dans l’esprit, tout comme l’identité sexuelle. Étant donné que les logiciels sont de plus en plus capables de penser, d’agir et de ressentir des choses, comme les humains, ils devraient être traités comme des compagnons humains et accueillis comme des membres de l’espèce technologique Persona creatus. »

Aussi :

« La liberté de genre est donc la porte d’entrée vers une liberté de forme et une explosion du potentiel humain. Il nous faut d’abord prendre conscience que nous ne sommes pas limités par notre anatomie sexuelle brute. Puis vient la prise de conscience que nous ne sommes pas du tout limités par notre anatomie. L’esprit est la substance de l’humanité. L’esprit est plus profond que la matière. »

Fin de l’aparté.]

Rothblatt pense non seulement que nous pouvons vivre indéfiniment, mais après avoir rencontré Ray Kurzweil, de Google, et s’être épris de sa théorie de la singularité, il a créé une organisation religieuse, le Mouvement Teresem, afin de promouvoir l’utilisation géoéthique (éthique mondiale) des nanotechnologies en vue de prolonger la vie humaine. Teresem organise des programmes éducatifs et soutient la recherche et le développement scientifiques dans les domaines de la cryogénie, de la biotechnologie et de la cyber-conscience. Il a travaillé en partenariat avec Kurzweil afin de promouvoir une adaptation cinématographique du livre de Kurzweil intitulé Humanité 2.0.

Rothblatt est apparu avec sa femme Bina, et leur fille, Jenesis à l’émission The View, en 2016, où il a été interviewé par Whoopi Goldberg (Goldberg est l’animatrice d’une émission de télé-réalité trans). Un quatrième membre de la famille était également là lors de cette interview. Bina48 est un robot créé par Rothblatt, une réplique de sa femme aussi bien intérieurement qu’extérieurement. Rothblatt souhaite installer la conscience de Bina dans son robot et de la distiller éventuellement en données numériques pour vivre indéfiniment dans le cyber espace. Il croit fermement que les robots sont des personnes sans peau, d’où l’importance de se défaire du « chairisme ».

Rothblatt a écrit un essai ayant fait l’objet d’un examen par des pairs en 2008, publié par l’Institut d’Ethique et des Technologies Emergentes (Institute of Ethics and Emerging Technologies), intitulé « Sommes-nous déjà des transbemans ? », alors qu’il dirigeait United Therapeutics. Cet essai spécule sur la réinvention de notre espèce et invente un nouveau terme appelé beme. Il a écrit :

« Le point crucial de cet essai, c’est que dans une société de l’ère de l’information, le “beme est plus puissant que le gène”. Cela signifie que les unités de caractère ou d’existence transmissibles sont plus importantes que l’information génétique. Par exemple, la plupart des gens ont pour compagnon une personne avec laquelle ils ne partagent aucune génétique en dehors de la génétique générale de leur communauté. Cependant, une relation interpersonnelle durable n’est possible que si les deux partenaires partagent une forte appréciation des caractéristiques de l’autre — leur caractère, leur nature et leurs unités d’existence.

Affirmer que le “beme est plus puissant que le gène”, c’est être en désaccord avec l’adage selon lequel “les liens du sang sont les plus forts”. La relation la plus forte qu’expérimentent la plupart des gens, celle avec leur conjoint, ou avec leur meilleur ami, n’est pas une relation de sang. D’autre part, les bemes ne sont pas comme de l’eau. Une personne accumule ses bemes au fil du temps et les fait évoluer comme elle le souhaite afin de mener une vie agréable. Au lieu de “les liens du sang sont les plus forts”, c’est affirmer que “les esprits sont plus profonds que la matière”.

Cet essai vise à nous ouvrir les yeux sur le fait que, notre société étant désormais basée sur les bemes plus que sur les gènes, elle doit logiquement reconceptualiser les limites de son espèce. »

Cela fait moins de trente ans que Rothblatt a rédigé le premier document proposant une fiction juridique de la désincarnation, et un peu plus de dix ans qu’il écrit sur la reconceptualisation des limites de nos espèces. Nous sommes maintenant confrontés à la banalisation de cette désincarnation au travers de l’industrie émergente de « l’identité de genre ». Est-ce vraiment ce que nous voulons ? Souhaitons-nous avaliser la déconstruction de ce qui nous rend humains, nos racines biologiques dans le sexe ? Si non, il est temps d’agir. La désincarnation est d’ores et déjà institutionnalisée et profondément ancrée dans le marché. Les enfants servent d’animaux de laboratoires dans des expériences à la fois psychologiques et médicales qui les dissocient de leur corps. Leurs écoles sont devenues des centres d’endoctrinement, le plus important cabinet de droit international au monde a été recruté en vue d’aider à la construction juridique de « l’enfant transgenre », et plus de cinquante cliniques ont vu le jour, aux États-Unis, au cours des dix dernières années, afin de manipuler leur puberté et leurs hormones, les plaçant sur la voie d’une médicalisation à vie, à une époque où nous n’avons jamais été autant séparés les uns des autres par les machines.

La balle est dans le camp de ce prétendu « mouvement des droits humains ». Si nous aimons notre humanité, il n’y a pas de temps à perdre. Le temps nous est compté pour enrayer cette fuite de la chair, de la mortalité et de la nature, motivée par la technologie et l’hubrisme.

Jennifer Bilek, 6 juillet 2020.

Traduction : Nicolas Casaux.
Relecture : Lola Bearzatto

 

Publiée sur le site Le Partage, le 25 janvier 2021.

 


 

Jennifer Bilek a été élevée dans la religion catholique dans le Queens, à New York. À 17 ans, lassée de l’usine à examens et ne voulant pas apprendre à cuisiner, à nettoyer et à être une mère, elle a quitté la maison et s’est mise à son compte, en lisant voracement de la littérature féministe, à commencer par Audrey Lorde. Gagnant sa vie grâce à divers emplois, elle a fini par devenir conseillère pour les victimes de violences domestiques, ce qui lui a permis d’avoir une vue d’ensemble de la misogynie qui sévit dans la société en général.

Poursuivant son travail de conseillère auprès de personnes souffrant de handicaps psychiatriques, de toxicomanes en voie de guérison et de personnes séropositives, elle s’est rendu compte qu' »apprendre à vivre » était une quête bien plus importante que l’université. Alors qu’elle travaillait avec l’organisation environnementale Deep Green Resistance, elle a été à la fois intriguée et révoltée par le niveau de censure dont ils faisaient l’objet parce qu’ils reconnaissaient la réalité biologique et ont entrepris de découvrir pourquoi et comment cela se produisait.

C’est ainsi qu’elle a découvert le pouvoir du lobby transgenre. Elle a commencé à faire des recherches sur l’argent qui se cache derrière. De nombreuses informations étaient librement accessibles sur des sites web et dans des comptes financiers, mais les journalistes ou les universitaires qui avaient regardé dans ces directions s’étaient détournés par crainte pour leur carrière. Les principaux noms derrière ce financement sont Pritzker, Rothblatt, Gill, Stryker, Obama et Biden. Le lobby transgenre a énormément financé le parti démocrate.

Après l’obtention des droits des homosexuels, les lesbiennes ont fondé des groupes communautaires, des librairies et des entreprises de vacances, tandis que les homosexuels ont gravi les échelons dans les banques, les entreprises technologiques, pharmaceutiques et médiatiques pour devenir PDG et directeurs financiers. Nombre de ces hommes gays puissants dirigent des fonds vers des organisations favorables aux transgenres par le biais de trusts caritatifs (Arcus, Gill), en se concentrant ostensiblement sur les LGBT. Les trans ne sont pas une orientation sexuelle mais utilisent les LGB comme un cheval de Troie pour accéder à la sympathie sociale précédemment cultivée pour les droits des homosexuels.

Il y a beaucoup d’argent en jeu. Il y a quelques années, le marché LGB américain valait 9 milliards de dollars. Ce marché vaut aujourd’hui 3,6 trillions de dollars à l’échelle mondiale. Jennifer a tenté de publier ses résultats à plusieurs reprises, mais seules des organisations de droite comme le Federalist ont accepté de la publier. Vous pouvez désormais trouver son travail sur le média britannique Uncommon Ground (lien ci-dessous). Si vous avez du mal à la croire, consultez ses nombreuses références et hyperliens vers les preuves.

J’ai demandé à Jennifer quelle était la croyance qu’elle a mise en avant et qui a suscité le plus de controverse. Sa réponse : « Les femmes sont des êtres humains ». Le capitalisme exige que de nouveaux marchés soient constamment créés, et l’industrie du genre qui nous entraîne rapidement et avec profit vers le transhumanisme et la désincarnation totale, fournit ce service royalement au complexe médico-pharmaceutique et aux misogynes AGP, Incels et autres hommes misogynes et leurs servantes confuses. La traumatisation par les médicaments et la chirurgie aide à éteindre nos cerveaux et à nous rendre dociles. Nous RéSistons et nous OBJECTONS.

Peu importe comment les hommes qui prétendent être des femmes se voient eux-mêmes : quiconque voudrait nous objectiver pour quelque raison que ce soit, n’est pas un allié. NOUS SOMMES HUMAINS. Nous ne sommes pas des parties du corps ou des objets destinés à assouvir les sentiments des autres.

Définition : un Autogynephile (AGP) est un homme qui s’habille en femme parce qu’il se fantasme ainsi sexuellement. Ce fétiche commun et exclusivement masculin est utilisé, de manière inexcusable, comme une excuse pour abuser des femmes.

Hommes, votre fétiche est votre responsabilité.

Jennifer Bilek Blog Page : https://www.the11thhourblog.com/

You can find Jennifer’s recent work here: https://uncommongroundmedia.com/

 


[1] Ce qui est faux, car les êtres vivants ne sont pas des machines auxquelles il suffit de changer quelques rouages (en l’occurrence des hormones) pour en faire ce que l’on veut. [NdE]

[2] J. K. Rowlings (l’auteure de Harry Potter) a reçu des menaces de mort pour avoir publié sur son site l’article « Les raisons de ma prise de position au sujet du genre et du sexe » le 10 juin 2020 [traduction de Nicolas Casaux]. Et Abigail Shrier, journaliste au Wall Street Journal fait désormais partie des « transphobes » depuis qu’elle a publié son enquête Irreversible damage sur le sujet en 2020 [traduit en français sous le titre Dommages irréversibles. comment le phénomène transgenre séduit les adolescentes, éd. Cherche Midi, mai 2022]. [NdT]

[3] Carl Trueman, né en 1967 en Grande Bretagne est un théologien chrétien et historien de l’Église. Il est également enseignant à Grove City College en Pennsylvanie.

[4] Philip Rieff (1922-2006), sociologue et critique culturel américain.

[5] On peut « triompher de la biologie » en refusant qu’elle constitue pour les femmes « un destin figé », c’est ce que dit de Beauvoir, cela n’a rien à voir avec la technologie. [NdT]

[6] Mary Harrington, journaliste, considérée comme une « féministe réactionnaire ». Son livre Feminism against Progress chez Swift Books doit sortir bientôt. [NdT]

[7] Martin Rothblatt né en 1954 est un entrepreneur et avocat richissime, un des pères fondateurs du transgenrisme en tant que voie d’accès au transhumanisme. Voir l’article ci-dessous. [NdT]

[8] Sophie Lewis est une féministe écolo-cyborg et communiste queer, auteure de Full Surrogacy Now. Feminism Against Family [Gestation de substitution pour tous maintenant. Le féminisme contre la famille]. [NdT]

[9] Fleshism : de flesh, la chair. Cette explication n’est pas dans le texte de Kingsnorth, mais elle m’a paru indispensable. [NdT]

[10] Mindfile : mettre son esprit (mind) dans un dossier numérique (file). [NdT]

[11] Sur Zoltan Istvan, candidat transhumaniste à l’élection présidentielle des États-Unis en 2016, lire Mark O’Connell, Aventures chez les transhumanistes. Cyborgs, techno-utopistes, hackers et tous ceux qui veulent résoudre le modeste problème de la mort, L’Echappée, 2018. [NdE]

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