Radio: Jean-Baptiste Fressoz, Les utopies atomiques dans l’invention de la transition énergétique, 2022

Conférence de Jean-Baptiste Fressoz, historien des sciences, des techniques et de l’environnement et chercheur au CNRS, sur le thème « la transition énergétique : de l’utopie atomique au déni climatique ». Intervention dans le cadre du Café des Sciences de l’École des Ponts ParisTech, le 5 octobre 2022.

Cette conférence résume deux articles que notre historien a publié ces derniers temps :

Pour une histoire des symbioses énergétiques et matérielles, janvier 2021.

La « transition énergétique », de l’utopie atomique au déni climatique, USA 1945-1980, juin 2022.

Articles réunis en brochure intitulée L’invention de la « transition énergétique » (60 pages, format A5) avec les illustrations que projette et explique Jean-Baptiste Fressoz lors de sa conférence.

Le problème de la « transition énergétique »
est qu’elle projette un passé qui n’existe pas
sur un futur pour le moins fantomatique.

.

Racine de moins un
Une émission
de critique des sciences, des technologies
et de la société industrielle.

.
Émission Racine de Moins Un n°82,
diffusée sur Radio Zinzine en janvier 2023. Lire la suite »

Shobita Jain, Les femmes défendent les arbres, 1982

Leur rôle dans le mouvement Chipko

Le mouvement Chipko a attiré l’attention du monde entier. Cette image de paysannes pauvres des montagnes du nord de l’Inde enlaçant de leurs bras des arbres pour empêcher qu’on les abatte, est aussi touchante qu’admirable. La réalité, à maints égards, rejoint l’image : le mouvement Chipko peut vraiment être considéré comme une importante victoire dans le combat pour les droits de la femme, dans le processus du développement des collectivités locales grâce à la forêt et dans celui de la protection de l’environnement. Il a cependant d’autres répercussions plus complexes. Il importe de bien comprendre l’histoire de ce mouvement ainsi que le contexte dans lequel il a pris naissance et continue à évoluer.

 

Comme il n’existe pas de société en état d’équilibre structural parfait, il surgit toujours des situations conflictuelles. Par ailleurs, toutes les sociétés ont institutionnalisé les moyens de déceler et de résoudre ces conflits. S’il apparaît nécessaire de modifier ou de transformer d’une certaine façon les structures, on recourt sous une forme ou sous une autre à la mobilisation collective de la population et de ses ressources, action que l’on qualifie de « mouvement social ». Cependant, on observe parfois une résistance collective à un changement social. En bref, un mouvement social peut avoir pour objet soit de modifier, soit de préserver l’ordre des choses – soit les deux à la fois. Lire la suite »

Shobita Jain, Standing up for trees, 1982

Women’s role in the Chipko Movement

The Chipko Movement has attracted world-wide attention. The image of poor, rural women in the hills of northern India standing with their arms around trees to prevent them being cut down is a romantic and compelling one. The reality, in many ways, fits the image: the Chipko Movement can indeed be considered an important success story in the fight to secure women’s rights, in the process of local community development through forestry and in environmental protection. But there are more complicated implications as well. It is important to understand the history of Chipko and the context in which it arose – and is still evolving.

 

Since no society is found in a state of perfect structural equilibrium, there are always situations of conflict. Each society, moreover, has institutionalized ways and means of articulating and resolving such conflicts. If a need is felt for altering or transforming structures in a certain fashion, some form of collective mobilization of people and their resources is resorted to; such an activity is given the name of “social movement”. By contrast, there is also sometimes collective resistance to social change. Social movements, in short, can aim at either changing or preserving the way things are – or both. Lire la suite »

Shobita Jain, En defensa de los árboles, 1982

La función de la mujer en el movimiento chipko

El movimiento chipko ha atraído la atención mundial. La imagen de campesinas pobres de las regiones montañosas de la India septentrional formando corros en torno a los árboles para evitar que los talen es romántica y conmovedora. La realidad se ajusta en muchos aspectos a esa imagen. En efecto, el movimiento chipko ha aportado una importante contribución a la lucha por el reconocimiento de los derechos de la mujer, el proceso de desarrollo de las comunidades locales a través de la silvicultura y la protección del ambiente. Pero sus repercusiones son más complejas. Es importante comprender la historia del movimiento chipko y el contexto en el que surgió y sigue evolucionando.

 

Puesto que ninguna sociedad se encuentra en estado de perfecto equilibrio estructural, siempre existen situaciones de conflicto. Cada sociedad tiene medios y formas institucionalizadas de articular y resolver tales conflictos. Si se siente la necesidad de modificar o transformar de cierta manera las estructuras se recurre a algún tipo de movilización colectiva de la población y de sus recursos, actividad que se denomina «movimiento social». Por otra parte, también hay a veces resistencia colectiva al cambio social. En pocas palabras, los movimientos sociales pueden perseguir el cambio, el mantenimiento de la situación, o ambas cosas a la vez. Lire la suite »

Sébastien Dutreuil, L’hypothèse Gaïa : pourquoi s’y intéresser ?, 2012

même si l’on pense que la Terre n’est pas un organisme

Résumé

L’hypothèse Gaïa est généralement présentée comme une analogie vague entre la Terre et un organisme. On s’empresse de la discréditer en faisant remarquer qu’elle est partie liée aux mouvements New Age et en rappelant la critique théorique de Dawkins (1982) qui montre que la Terre, ne se reproduisant pas et ne pouvant dès lors être soumise au processus de sélection naturelle, ne peut être comparée à un organisme. Une clarification de l’explanandum me permet de montrer que l’analogie ne joue qu’un rôle limité (heuristique et non théorique) et que la critique de Dawkins n’atteint qu’une des trois questions que soulève l’hypothèse Gaïa. Je mentionne ensuite les avancées théoriques et empiriques qui ont eu lieu depuis 1982 puis m’attache à montrer la nécessité qu’il y aurait à ce que la philosophie de la biologie s’intéresse en détail à certaines questions posées par cette hypothèse, aussi bien que les bénéfices que la philosophie de la biologie pourrait retirer de cet exercice. Lire la suite »

Sébastien Dutreuil, James Lovelock, Gaïa et la pollution, 2017

L’hypothèse Gaïa a été élaborée par James Lovelock dans les années 1960, et en collaboration avec Lynn Margulis dans les années 1970. En multipliant très tôt les genres de publication – articles de revues scientifiques prestigieuses comme Nature, livres à destination du grand public et des scientifiques, presse généraliste, revues d’écologie politique – et en mêlant différents registres discursifs dans chacune de ces publications – Gaïa étant tantôt abordée comme un programme de recherche scientifique tantôt comme une philosophie de la nature –, Lovelock a contribué à singulièrement brouiller les repères sur le statut de Gaïa. Tandis que certains scientifiques l’ont considérée tantôt comme une hypothèse qu’il faudrait confronter directement aux faits empiriques, tantôt comme une théorie qu’il s’agirait d’élaborer à l’aide de modèles mathématiques et computationnels, d’autres ont abordé Gaïa comme un programme de recherche très large comprenant des revendications méthodologiques et ontologiques pour les sciences de la Terre et de l’environnement. Les philosophes et acteurs des mouvements environnementalistes l’ont lue comme une philosophie de la nature, visant à nous dire ce dont le monde est fait, à reconfigurer des concepts centraux comme ceux de vie, de nature et d’environnement, et à offrir une conception de la nature alternative à celle de la modernité. Lire la suite »

Alexis Vrignon, Six siècles de débats sur le climat, 2021

Jean-Baptiste Fressoz & Fabien Locher,
Les Révoltes du ciel.
Une histoire du changement climatique XVe-XXe siècle,
Seuil, 2020. (320 p., 23€)

 

Dès les débuts de l’époque moderne, les sociétés occidentales débattent et s’inquiètent du climat, de son évolution et de la responsabilité des humains. Sur cette question comme sur bien d’autres, l’idée qu’un grand partage aurait longtemps prévalu entre nature et culture s’en trouve fragilisée.

 

Les révoltes du ciel porte comme sous-titre Une histoire du changement climatique XVe-XXe siècle mais Jean-Baptiste Fressoz et Fabien Locher, les deux auteurs, n’entendent pas faire œuvre de climatologie historique, démarche qui consisterait à documenter les étapes des modifications durables du climat global de la planète sur près de cinq siècles. Le lecteur pourrait y chercher une généalogie des découvertes scientifiques conduisant au diagnostic contemporain du réchauffement climatique qui irait de Fourrier aux travaux du Giec en passant par Svante Arrhenius ou John Tyndall[1] mais, là encore, telle n’est pas la perspective des deux auteurs.

Leur projet d’histoire environnementale est différent et induit un pas de côté qui en fait tout son intérêt. Tout au long des 16 chapitres de l’ouvrage dont 10 sont consacrés à la période allant de la Révolution au dernier tiers du XIXe siècle, ils s’attachent en effet à décrire les « contextes politiques, théologiques, impériaux et savants au sein desquels le changement climatique fut perçu, pensé, anticipé, craint, enduré mais aussi célébré depuis le XVIe siècle » (p. 221) pour démontrer que, durant toute cette période, les sociétés occidentales ont débattu du changement climatique. Lire la suite »

François Jarrige, Les promesses oubliées de l’écologie politique, 2017

Serge Audier,
La société écologique et ses ennemis.
Pour une histoire alternative de l’émancipation,
Paris, La Découverte, 2017, 500 p., 27 €.

 

L’écologie politique ne date pas des années 1970, elle est née au XIXe siècle, de la conviction de penseurs progressistes qu’il ne saurait y avoir d’émancipation sans respect de la nature – être de gauche, c’était alors nécessairement être écologiste.

 

Dans ce livre riche et politiquement salutaire, Serge Audier, philosophe, propose de nous faire redécouvrir les « promesses oubliées » des pensées écologiques du XIXe siècle tout en offrant des ressources pour nous libérer des clivages et des oppositions stériles du présent. Aujourd’hui encore, en dépit des innombrables démentis, des essayistes et intellectuels pressés continuent en effet de repousser l’écologie du côté de la « réaction » et d’un dangereux retour à la terre identifié, en France encore plus qu’ailleurs, au pétainisme [1]. Lire la suite »

Ronald E. Doel, L’influence de l’armée sur les sciences de l’environnement aux États-Unis après 1945, 2009

Résumé

En 1947, le Pentagone commença à s’intéresser au réchauffement polaire et au changement climatique global. Ce n’est pas le souci de l’environnement naturel qui était à l’origine de cet intérêt, comme on le pensait généralement dans les années 1980 et 1990, mais plutôt des problèmes de défense très pragmatiques : le réchauffement climatique arctique signifiait que l’Union soviétique pouvait obtenir de nouveaux avantages. À la fin des années 1940, la région polaire devint, comme jamais auparavant, un théâtre de guerre potentiel. La préoccupation de l’État pour l’environnement arctique aida à définir la planification scientifique et les études tactiques de l’armée de terre, de la marine et de l’armée de l’air, au cours des années 1950. La fascination des militaires pour l’Arctique donna naissance à de nouvelles institutions de recherche et à de nouveaux financements pour de vastes problèmes interdisciplinaires. Ceci contribua à conférer un tour particulier aux sciences de l’environnement avant que le mouvement environnemental (qui mit en valeur les sciences biologiques de l’environnement, parmi lesquelles l’écologie, la génétique et l’histoire naturelle) se développe dans les années 1960 et 1970. Lire la suite »

Radio: Jean-Baptiste Fressoz, Une histoire politique du CO2, 2015

Jean-Baptiste Fressoz, historien des sciences, des techniques et de l’environnement, nous brosse à grands traits une histoire politique du CO2 aux XIXe et XXe siècles. Car aussi fameuse que soit la courbe des émission de CO2 établie par le GIEC, il est en fait assez difficile d’en faire une histoire suffisamment précise pour permettre par exemple de retracer la part de différents choix technologiques dans les émissions de gaz a effet de serre. Il est impossible de savoir, dans cette courbe, ce qui relève de l’automobile, de l’agriculture industrielle ou de la guerre. Il s’agit donc d’essayer de politiser le constat du changement climatique.

.

.

Racine de moins un
Une émission
de critique des sciences, des technologies
et de la société industrielle.

.
Émission Racine de Moins Un n°59,
diffusée sur Radio Zinzine en février 2020. Lire la suite »