De la production à l’auto-injection d’œstrogènes
Récemment, une contradictrice doucereuse et « diplomate » vient me trouver à la fin d’une causerie, la mine grave. En vrac :
« Voilà, hum, comment dire : pour beaucoup d’entre nous, ce que vous dites dans votre texte “Les acceptologues” [1] est illégal, c’est de la transphobie » ; « Mais enfin ! Quand on songe aux rapports Nord-Sud, à l’extractivisme, avec ces enfants exploités dans les mines du Congo, pourquoi donc prioriser ce combat-là ? » ; « Rassurez-moi, vous n’avez rien contre les trans ? »
Certes, il s’est aussitôt avéré que mon inquisitrice n’avait pas lu grand-chose de cet article – non plus d’ailleurs que ses amies néo-féministes queer –, « intimidée par son vocabulaire philosophique ». Mais passons. Je lui dis que la vie des personnes « trans », leurs joies comme leurs peines sont leur affaire ; je les traite pour ma part avec la considération et la sympathie élémentaires dues à mon prochain. En revanche, dans la mesure où, avec quelques autres, je prétends œuvrer à une critique radicale de la société industrielle (pardon pour le « vocabulaire philosophique »), je refuse que l’on enfouisse le sens de la langue et le souci de la vérité sous des monceaux de falsifications ; et que l’on instrumentalise une souffrance souvent réelle – mais qui, par-delà les classes, les genres et les appartenances ethniques, est sans doute une des choses du monde la mieux partagée ; afin de contraindre chacun à penser, parler et agir « correctement ». C’est-à-dire suivant les désirs des activistes queer et trans. Lire la suite »