la plus grande des guérillas dans la plus grande des démocraties
Une guérilla comptant des dizaines de milliers de membres dans « la plus grande démocratie du monde » ? Loin des représentations courantes du miracle du développement indien, la violence de la « modernisation », notamment dans les campagnes, et la brutalisation des rapports sociaux qu’elle a induite ont relancé de façon spectaculaire le mouvement maoïste des « naxalites », pourtant en déclin à la fin des années 1970.
En 2006, le premier ministre indien Manmohan Singh décrivait le naxalisme comme « la plus grave menace pesant sur la sécurité intérieure de l’Inde ». Mais en Europe, le mouvement est méconnu : il est pourtant présent, le plus souvent armé, des frontières himalayennes jusqu’au Karnataka. Ses activités touchent aussi bien le Bihar que le Bengale-Occidental, le Jharkhand, l’Orissa, le Chhattisgarh que le Maharashtra et l’Andhra Pradesh, voire le Tamil Nadu.
Désignant généralement le courant indien du maoïsme, le « naxalisme » doit son nom à une insurrection paysanne ayant eu lieu autour de la localité de Naxalbari (voir encadré). Les États les plus concernés par cette guérilla maoïste forment le « corridor rouge », comme l’appelle la presse. Selon les estimations, qu’il faut néanmoins prendre avec précaution, les naxalites compteraient 20 000 combattant-e-s et 40 000 « cadres » permanents [1]. En comparaison, on rappellera que les insurgés indépendantistes du Cachemire n’étaient que 3 000. Lire la suite »