Radio: Mathieu Amiech, La gestion sanitaire de la covid-19, 2023

Mathieu Amiech, membre des éditions La Lenteur et du collectif Écran total (résister à la gestion et l’informatisation de nos vies), revient sur la gestion de l’épidémie de Covid-19 due a la diffusion du virus SARS-Cov-2 durant les années 2020-2022.

Émission issue de « L’actualité des luttes » diffusée sur Radio Fréquence Paris Plurielle le 2 janvier 2023.

Afin de resituer le contexte dans lequel Matthieu Amiech fait cette émission, il faut préciser qu’elle est en quelque sorte une mise au point par rapport à une autre émission qui a été diffusée également sur les ondes de Radio FPP. Il s’agit de « Zoom Ecologie » intitulée « Bilan critique du courant anti-industriel » du 18 octobre 2022, où Matthieu Amiech était accusé de « covido-négationniste », en même temps qu’étaient mise en cause les positions du collectif Écran total (résister à la gestion et l’informatisation de nos vies) sur la crise sanitaire et l’obligation vaccinale.

« Le point essentiel que je voudrais souligner, c’est que considérer le Covid-19 comme un danger absolu, radicalement nouveau, qui change totalement notre situation personnelle et collective, cela n’est possible que si l’on refoule profondément le caractère pathogène de notre société capitaliste et industrielle. C’est-à-dire que l’on occulte le fait que l’on est déjà, en temps ordinaire, dans une situation où l’on est environné de dangers, de nuisances, qui viennent de beaucoup de nos habitudes de consommation quotidiennes déjà très ancrées. »

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Racine de moins un
Une émission
de critique des sciences, des technologies
et de la société industrielle.

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Émission Racine de Moins Un n°84,
diffusée sur Radio Zinzine en mars 2023. Lire la suite »

David Watson, Bientôt tout cela ne sera plus que ruines pittoresques, 2020

Lettre à des amis français sur le passage d’un très grand nombre de personnes à travers une assez courte unité de temps

« Pouvons-nous compter sur le fait qu’un “revirement” soit accompli par suffisamment de monde en un temps suffisamment bref pour sauver le monde moderne ? On pose souvent cette question, mais peu importe la réponse, elle sera trompeuse. Répondre “oui” pourrait conduire à la complaisance, répondre “non”, au désespoir. Ce qui est désirable, c’est laisser ces perplexités de côté et se mettre au travail. »

— Ernst Friedrich Schumacher, A Guide for the Perplexed (1977)

À la veille de la destruction

Lorsque j’ai été invité à commenter la « collapsologie », c’était la première fois que j’entendais ce terme. À l’évidence, je n’aurais pas dû être surpris que la société de masse, dans sa tendance à une prolifération baroque, et le capitalisme, dans sa tendance à faire commerce de tout, aient exploité les angoisses diffuses face à l’effondrement social et l’éventualité de l’extinction de l’humanité pour donner de la matière à une discipline académique, une mode éditoriale, des jérémiades sur Youtube, des formes expérimentales de retraite et des activités de consulting. Comme le chantait jadis Bob Dylan, « il semble que chacun a ces rêves-là » (Talkin’World War III Blues). Et puisque toute personne qui prend en charge le sujet des périls actuels pourrait être appelée un collapsologue, je dois en être un aussi. Lire la suite »

David Watson, “Soon To Be Picturesque Ruins!”, 2020

On the passage of a very large number of people through a brief bottleneck in time

Recently I was invited to comment on “collapsology.” It was the first I had heard the term. I guess I shouldn’t have been surprised that mass society’s tendency to baroque proliferation, and capitalism’s tendency to turn everything into commerce, would leverage widespread anxieties about social collapse and even potential human extinction into fodder for an academic discipline, literary fashion, YouTube jeremiads, experiential retreats, and consulting businesses. “Seems / everybody’s having them dreams,” Dylan once put it. And since anyone who takes up the subject of the current peril could be called a collapsologue, I must be one, too. Lire la suite »

Anne Rasmussen, Critique du progrès, « crise de la science », 1996

débats et représentations du tournant du siècle

Tout au long du XIXe siècle, science, modernité et progrès avaient suscité des représentations à peu près substituables. La science, qui ouvrait l’horizon sans limite d’une accumulation continue des savoirs, devait être, dans cette mesure même, garante du perfectionnement moral de l’homme et, partant, du progrès de la civilisation. L’archétypique Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain s’était employé à établir cette équivalence entre le domaine du savoir et les catégories éthiques et politiques. Les figures du discours circulaient aisément des sciences à la démocratie, des connaissances expérimentales à la morale ou à la société.

Au tournant du siècle cependant, les deux grandes sources du discours progressiste produit depuis les Lumières étaient en voie de tarissement. D’une part, l’inspiration historienne était proche de l’épuisement. Il n’était pas de vraie postérité à ceux que Renouvier dénommait les « penseurs appliqués à l’histoire universelle » dans la lignée des Condorcet, Saint-Simon, Hegel, Comte ou Spencer dont « la maxime que tout est bien, ou que tout va au bien, est le postulat secret, quand ce n’est pas la thèse à démontrer » [1]. D’autre part, la source scientifique, qui prétendait associer progrès social, moral et cognitif, si elle continuait d’avoir des adeptes, subissait une profonde remise en question. Lire la suite »

Jean-Baptiste Fressoz, Une histoire matérielle de la lumière, 2020

L’histoire chimique de la bougie fut l’un des grand succès de la carrière de Michael Faraday. Ses leçons de 1845 à la Royal Institution sont un chef d’œuvre de vulgarisation : l’objet le plus commun lui permettait d’aborder les états de la matière, la capillarité, l’attraction, la combustion, la respiration et bien d’autres choses encore. « Toutes les lois de l’univers » écrivait Faraday « se manifestent dans la combustion d’une bougie » [1]. On pourrait ajouter que nombre de phénomènes historiques s’y révèlent également.

Timbre commémoratif des 10 ans de Tchernobyl, Ukraine

La bougie éclaire beaucoup d’a priori sur les techniques que l’on considère importantes à une époque donnée [2]. Pour dix livres sur le gaz d’éclairage au début du XIXe siècle ou cent articles sur l’électricité au début du suivant, on n’en trouvera pas un seul traitant de la lampe à huile ou de la bougie aux mêmes époques [3]. C’est qu’entre temps ces dernières sont devenues l’emblème de la désuétude. Il y a peu, les écologistes étaient encore accusés de vouloir « retourner à l’époque de la bougie ». L’histoire de la lumière présentée dans ce chapitre est matérielle au sens où elle s’intéresse autant aux dispositifs qu’aux matières combustibles qui les alimentent. Il en ressort un tableau bien différent de celui brossé par les historiens de l’éclairage et de l’énergie où se succèdent dans un ordre classique la bougie et la lampe à huile, puis le gaz d’éclairage et enfin la modernité électrique. Lire la suite »

Edward P. Thompson, William Morris, 1959

Si nous devons reconnaître en William Morris l’un de nos plus grands Anglais, je n’ai absolument pas changé d’avis à ce sujet, ce n’est pas parce qu’il fut, par à-coups, un bon poète ; ce n’est pas non plus en raison de son influence sur la typographie, ni de son superbe travail dans les arts décoratifs ; ce n’est pas non plus parce qu’il fut à l’avant-garde d’un socialisme concret ; ce n’est pas, en fait, parce qu’il fut tout cela, mais c’est en raison d’un trait dont sont empreintes toutes ces activités et qui leur donne une certaine unité. Lire la suite »

Edward P. Thompson, William Morris, 1959

I have in no way altered my opinion that if we are to acknowledge William Morris as one of the greatest of Englishmen it is not because he was, by fits and starts, a good poet; nor because of his influence upon typography; nor because of his high craftsmanship in the decorative arts; nor because he was a practical socialist pioneer; nor, indeed, because he was all these; but because of a quality which permeates all these activities and which gives to them a certain unity. Lire la suite »

Adrien D., La déshumanisation de l’école, 2022

L’école se vide de son humanité et s’industrialise

L’école du futur en 1900

Au lycée, alors que le nombre d’enseignants diminue [1], le taux d’équipement technologique n’arrête pas de grimper. On manque de plus en plus de personnel d’encadrement : surveillants, infirmières scolaires [2], alors que les établissements restent bondés, le tout sur fond de crise sanitaire. Les problèmes de gestion, d’orientation, d’enseignement s’accumulent donc et une seule solution semble s’imposer d’elle-même : plus de technologie et plus d’applications informatiques [3] pour aider les directions d’établissement et les enseignants dans leurs missions. Cette industrialisation de l’école qui s’accompagne forcément d’une déshumanisation ne date pas d’hier, elle prend sa source aux origines mêmes de l’institution, mais elle connaît une accélération récente au niveau mondial depuis l’avènement du numérique. Lire la suite »

François Jarrige, Smart city, 2021

Les impasses d’un outil de transition

Alors que la croissance urbaine s’accélère en inaugurant des défis gigantesques, les smart cities ne cessent d’être présentées comme l’outil majeur de la transition énergétique et socio-écologique. Pour nombre d’industriels et de politiques en effet, la smart city est l’infrastructure indispensable de la politique de transition qui doit remodeler les manières de produire et de consommer l’énergie et d’organiser la ville. Elle doit permettre des gains d’efficacité énergétique, en assurant notamment une meilleure intégration des énergies renouvelables intermittentes, comme le solaire et l’éolien, ou en permettant d’ajuster la production énergétique en fonction des besoins. Le gestionnaire du réseau électrique Enedis a d’ailleurs lancé un programme de démonstrateurs « smart grids » dans plusieurs communes pour préparer leur phase d’industrialisation, alors que les inaugurations de smart cities se multiplient un peu partout dans le monde depuis 2010. Lire la suite »

Radio: Aurore Stephant, Ruée minière au XXIe siècle, 2022

Aurore Stephant ingénieure et géologue minier, spécialiste des activités minières et de leurs impacts humains, sanitaires, sociaux et environnementaux, membre de l’association SystExt (Systèmes extractifs et Environnements), donne une conférence sur le thème « Ruée minière au XXIe siècle : jusqu’où les limites seront-elles repoussées ? ».

Le monde fait face à une demande croissante en ressources minérales dans tous les secteurs, en particulier ceux de la construction, du transport, de la défense, de l’approvisionnement en énergie ou encore des technologies de l’information et de la communication. Si la mine a servi toutes les révolutions industrielles, il est désormais attendu qu’elle soit plus que jamais sollicitée pour l’avènement de la Révolution 4.0, celle de la « dématérialisation », des énergies « propres » et des technologies « vertes ». Ce modèle de développement repose sur l’intensification de l’industrie minière, qui est l’une des activités les plus prédatrices et dangereuses. Le secteur est ainsi le plus important producteur industriel de déchets solides, liquides et gazeux, ou encore responsable du plus grand nombre de conflits socio-environnementaux. Dans un contexte de diminution des teneurs et de raréfaction des gisements facilement exploitables, il en résulte une augmentation exponentielle de la consommation d’eau et d’énergie, ainsi que des impacts environnementaux et sociaux. Jusqu’où toutes ces limites seront-elles repoussées pour répondre à une consommation de métaux démesurée ?

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Racine de moins un
Une émission
de critique des sciences, des technologies
et de la société industrielle.

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Émission Racine de Moins Un n°83,
diffusée sur Radio Zinzine en février 2023. Lire la suite »