Dans Le Désert de la critique, qui vient de reparaître aux éditions de L’Échappée en format poche avec une nouvelle préface de l’auteur, le philosophe anarchiste Renaud Garcia s’attaque au courant de la déconstruction – par la gauche. Nous l’avons rencontré.
En 2015, vous avez sorti Le Désert de la critique. Déconstruction et politique, qui a connu un certain retentissement et auquel vous venez d’adjoindre une préface conséquente. De quoi parle ce livre ?
Renaud Garcia : J’ai commencé par constater qu’un nouveau vocabulaire imprégnait les milieux de critique sociale et culturelle, que la notion de déconstruction, à l’origine seulement liée à une technique originale de lecture des textes, devenait une forme d’impératif militant : il fallait déconstruire les choses, se déconstruire aussi, et les militants se déchiraient à ce propos. L’objectif du livre était de remonter du symptôme jusqu’à la maladie. Je suis donc allé relire les philosophes de la déconstruction (Derrida d’abord, puis Foucault et Deleuze), car, s’ils n’étaient pas nommément cités (ce qui arrivait souvent), leur pensée critique se trouvait décantée et réduite à des « trucs », des procédés permettant de pointer certaines zones d’ombre de la critique sociale. Lire la suite »