Pétition
des fabricants de chandelles, bougies, lampes, chandeliers, réverbères, mouchettes, éteignoirs, et des producteurs de suif, huile, résine, alcool, et généralement de tout ce qui concerne l’éclairage.
À MM. les Membres de la Chambre des Députés.
Messieurs,
Vous êtes dans la bonne voie. Vous repoussez les théories abstraites ; l’abondance, le bon marché vous touchent peu. Vous vous préoccupez surtout du sort du producteur. Vous le voulez affranchir de la concurrence extérieure, en un mot, vous voulez réserver le marché national au travail national.
Nous venons vous offrir une admirable occasion d’appliquer votre… comment dirons-nous ? votre théorie ? non, rien n’est plus trompeur que la théorie ; votre doctrine ? votre système ? votre principe ? mais vous n’aimez pas les doctrines, vous avez horreur des systèmes, et, quant aux principes, vous déclarez qu’il n’y en a pas en économie sociale ; nous dirons donc votre pratique, votre pratique sans théorie et sans principe. Lire la suite »
pandémies, crise de la biosphère et limites de l’expansion
La crise du coronavirus a révélé une ambivalence fondamentale de notre civilisation : tandis que tous les moyens ou presque sont bons pour endiguer le Covid-19 – même une paralysie temporaire de l’économie –, les gouvernements n’ont en quarante ans presque rien fait pour désamorcer la crise climatique. Il aurait fallu pour cela remettre en question l’expansion et l’accumulation sans fin. Nous voilà donc face à un moment charnière : à quand la fin de la mégamachine ?
Une dizaine d’années seulement après le krach financier de 2008-2009, la crise du coronavirus a de nouveau violemment ébranlé l’économie globale. Bien que ces deux crises aient des causes très différentes, elles ont pourtant en commun de mettre en lumière la vulnérabilité et l’instabilité croissante de l’ordre mondial actuel. Un aspect de cette perturbation n’a pas encore suscité l’attention qu’il mérite : le lien entre les pandémies et la destruction de la biosphère, qui progresse à toute vitesse. Lire la suite »
Se concentrer sur l’efficacité énergétique, c’est rendre indiscutables nos modes de vie actuels. Pourtant, changer nos modes de vie est essentiel pour atténuer le changement climatique et réduire notre dépendance aux énergies fossiles.
Politiques d’efficacité énergétique
L’efficacité énergétique est une pierre angulaire des politiques visant à réduire les émissions de carbone et la dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles dans le monde industrialisé. L’Union européenne (UE) s’est par exemple fixé comme objectif de réaliser 20 % d’économies d’énergie grâce à des améliorations sur le plan de l’efficacité énergétique d’ici 2020, et 30 % d’ici 2030. Les mesures de l’UE visant à atteindre ces objectifs de l’UE comprennent des certificats d’efficacité énergétique obligatoires pour les bâtiments, des normes minimales d’efficacité énergétique et l’étiquetage de divers produits tels que les chaudières, les appareils ménagers, l’éclairage et les téléviseurs, et des normes de performance en matière d’émissions pour les voitures [1]. Lire la suite »
Renaud Garcia, professeur de philosophie dans un lycée à Marseille, fait un exposé dans le cadre des rencontres du groupe Ecran Total qui entend résister à la gestion et à l’informatisation de nos vies, en octobre 2020.
L’anticapitalisme ou la critique du capitalisme, sous les formes de la dénonciation du profit, des marchés, de la finance et des banques, aussi légitime soit-elle, peut ne jamais toucher au cœur de la dépossession universelle qui s’étend depuis plus de deux siècles, à savoir le mode de vie fondé sur le salariat et l’industrie qui permet la production en masse des marchandises.
Il est donc nécessaire d’élargir la critique sociale, en lui adjoignant une critique culturelle des grandes organisations, du machinisme et de la représentation scientifique du monde.
Le document PDF adjoint à l’émission sur le site Archive.org contient le texte de l’intervention de Renaud Garcia, un glossaire de la WertKritik et quelques argument pour une critique de la WertKritik (24 pages au format A5). Vous trouverez ces documents ci-dessous.
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Racine de moins un Une émission de critique des sciences, des technologies et de la société industrielle.
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Émission Racine de Moins Un n°71,
diffusée sur Radio Zinzine en décembre 2021.
Nicolas Decome présente l’Atelier Paysan, ses origines et son histoire. Il revient sur l’histoire du complexe agro-industriel et les conséquences de la mécanisation sur le monde paysan. L’Atelier Paysan estime qu’une refonte générale du système de production agricole est nécessaire, ainsi qu’un autre rapport à l’alimentation. L’appel à la responsabilité individuelle, ce « chacun doit faire sa part », ne mettra jamais fin au modèle alimentaire industriel et marchand. Celui-ci est une machine à produire artificiellement au moindre coût, une machine à confisquer les savoirs et savoir-faire, à enrichir les industries technologiques, à déshumaniser.
L’enquête critique menée par l’Atelier Paysan identifie les différent verrous qui protègent le système de production agricole et le modèle alimentaire industriel. Pour sortir l’agriculture et l’alimentation du marché concurrentiel européen qui tire les prix et la qualité vers le bas, il propose d’instaurer localement une sécurité sociale de l’alimentation qui permettrait à chacun de choisir son alimentation en connaissance de cause et d’assurer aux producteurs un revenu décent.
Il est temps d’échapper à notre enfermement dans les niches d’un marché alimentaire réservé aux classes aisées et de reprendre entièrement la terre aux machines.
Mangeurs de tous les pays, unissons-nous!
Cet enregistrement est issu d’un exposé faite dans un lycée, et donc il a un caractère très pédagogique !
Merci à Adrien D. pour cet enregistrement.
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Racine de moins un Une émission de critique des sciences, des technologies et de la société industrielle.
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Émission Racine de Moins Un n°70,
diffusée sur Radio Zinzine en octobre 2021.
une histoire conjointe du système terre et des systèmes-monde
Si, selon le mot de Frederic Jameson [Jameson, 2003], il est plus facile « d’imaginer la fin du monde que celle du capitalisme », c’est que ce dernier est devenu coextensif à la Terre.
Les trois derniers siècles se caractérisent par une accumulation extraordinaire de capital : en dépit de guerres destructrices, ce dernier s’est accru d’un facteur 134 entre 1700 et 2008 [Piketty, 2013] [1]. Cette dynamique d’accumulation du capital a sécrété une « seconde nature » faite de routes, de plantations, de chemins de fer, de mines, de pipelines, de forages, de centrales électriques, de marchés à terme et de porte-conteneurs, de places financières et de banques structurant les flux de matière, d’énergie, de marchandises et de capitaux à l’échelle du globe. Bien plus qu’un « anthropos » indifférencié et considéré sous l’angle principalement démographique, c’est cette technostructure orientée vers le profit qui a fait basculer le système terre dans « l’Anthropocène ». Le changement de régime géologique est le fait de « l’âge du capital » [Hobsbawm, 1968] bien plus que le fait de « l’âge de l’homme » dont nous rebattent les récits dominants. Lire la suite »
La notion de technoscience a été proposée à l’origine, dans les années 1970, pour prendre le contre-pied des approches dominantes en philosophie des sciences. À rebours de ces approches traitant la science comme une activité de langage et de représentation, une manipulation de symboles et de théories, il s’agissait de reconnaître l’importance des aspects non conceptuels de la science [Hottois, 1984]. Des travaux se sont multipliés à partir des années 1980, insistant précisément sur ces aspects non langagiers et non symboliques dans les sciences. Toutefois, force est de constater que la notion de technoscience a depuis lors davantage gagné en confusion qu’en précision [Hottois, 2004 ; Sebbah, 2010]. La notion de technoscience a fini par valoir d’abord pour sa charge affective et axiologique, moins pour sa capacité à susciter une élaboration théorique nouvelle de la pratique scientifique.
Cet article entend nuancer ce constat. On soutient :
1) qu’un contexte récent de développements scientifiques et techniques est aujourd’hui l’occasion de renouveler la notion de technoscience, en lui donnant peut-être davantage de précision : ce contexte, c’est celui des nanotechnologies ;
2) que cette notion renouvelée de technoscience est motivée par l’ambition de mieux décrire l’activité scientifique dans tous ses aspects (ce qui était le but initial), mais aussi de mieux comprendre la nature de l’objet technique ;
3) que les significations épistémologiques et politiques de la notion de technoscience ne sont pas mutuellement exclusives : l’enjeu d’une conception renouvelée de cette notion est justement de mieux articuler ces deux significations ;
4) que la philosophie de Gilbert Simondon se révèle particulièrement intéressante dans la perspective de repenser la technoscience. Lire la suite »
Nous analyserons le rapport qu’entretient Castoriadis avec la critique de l’économie politique élaborée par Marx et le marxisme. La théorie critique de la société capitaliste moderne formulée par Castoriadis demeure fortement inspirée par la pensée de Marx, pensée de laquelle il n’a jamais véritablement réussi à se détacher, et ce, en dépit de sa prétention à instituer une rupture définitive avec cette dernière. Cette première trame argumentative servira d’assise pour juger de la postérité de la pensée castoriadienne dans les sciences sociales contemporaines en général, et dans le domaine de l’économie politique et de la sociologie économique en particulier. Nous montrerons que certains éléments de sa pensée nourrissent la réflexion contemporaine en sociologie économique et en économie politique critique. Tant sa critique du marxisme traditionnel que sa réflexion sur le rôle des représentations dans l’orientation de l’agir économique trouvent écho dans certains travaux contemporains en économie politique critique qu’on pourrait qualifier de « post-marxistes ». Lire la suite »
Un mot nouveau, la Technocratie, vient, aux États-Unis, de s’imposer dans les conversations courantes avec l’insistance d’un engouement ou d’une foi révélée. Ouvrez les journaux ; les manchettes étaleront devant vous ce vocable insolite : « Le culte de la Technocratie ». « La Technocratie déroute les économistes », « La Technocratie remplace le bridge », « La Technocratie mène au Communisme ». Certains quotidiens, et parmi les plus importants, ont ouvert une rubrique régulière sur ce sujet. Les lecteurs écrivent, les journalistes expliquent ; des conférenciers font fortune ; il y a des réunions contradictoires. On en parle dans le monde, dans les affaires, dans les milieux intellectuels. On organise des dîners « technocratiques », où les hôtesses qui se piquent d’être au courant invitent tout exprès les nouveaux prophètes chargés de répandre parmi les invités la doctrine nouvelle. Les Universités, Wall Street, Greenwich Village discutent à perte de vue. Les Églises ne se sont pas encore émues, Henry Ford ne s’est pas encore prononcé, mais cela ne saurait tarder. En attendant, le mot a fait fortune et il s’est répandu avec la rapidité d’un cri d’alarme, d’une promesse, d’une rengaine.
La consommation et le trafic du pangolin sont aujourd’hui montrés du doigt parmi les causes probables de la pandémie. Au-delà des pratiques et croyances liées à sa consommation locale, c’est plus généralement la marchandisation de la nature et la globalisation des marchés qu’il faut reconsidérer.
Pas loin de 35 ans après les excuses que lui avait présentées Pierre Desproges pour avoir dit de lui qu’il ressemblait à un artichaut à l’envers, le pangolin s’est trouvé une nouvelle fois sous le feu des projecteurs au début du mois de février. Le 7 de ce mois, l’équipe de recherche de Shen Yongyi et Xiao Lihua (South China Agricultural University, Guangzhou) a émis l’hypothèse que l’animal avait pu jouer le rôle d’hôte intermédiaire du coronavirus entre la chauve-souris et l’humain. Quelques semaines plus tard, rien ne permet encore de confirmer cette hypothèse. Le coronavirus identifié chez le pangolin partage environ 90 % de son ADN avec le virus transmis par les humains, une similarité insuffisante pour lier les deux. À titre de comparaison, le génome du SRAS était identique à 99,8 % au coronavirus présent chez la civette masquée. Mais si le débat scientifique n’est pas tranché, il a au moins rappelé la dimension zoonotique de l’épidémie de covid-19, de même qu’il a ramené dans les discussions la question des relations entre humains et non-humains dans une société industrielle mondialisée. Ainsi que les nombreuses interventions à ce sujet en témoignent, les différentes options de régulation ne sont pas politiquement neutres, de l’interdiction pure et simple qui s’appuie plutôt sur des considérations sanitaires à l’autorisation, notamment des marchés, basée sur des considérations sociales, économiques et culturelles. De ce point de vue, il est devenu urgent de reposer la question : s’agit-il seulement de bannir la consommation et l’utilisation médicale d’animaux sauvages menacés ? Ou n’est-il pas aussi urgent de s’attaquer aux conséquences néfastes de la marchandisation de la nature et de la globalisation des marchés ? La situation actuelle du pangolin, animal menacé, soumis à des usages multiples et objet d’un commerce transnational, montre à quel point l’industrialisation de la consommation et l’expansion internationale des marchés sont de plus en plus incompatibles avec le maintien de notre existence. Lire la suite »