Radio: François Jarrige, Le travail des animaux à l’ère industrielle, 2022

François Jarrige, historien, maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Bourgogne fait un expose de ses recherches sur la thème « Les animaux sont-ils des travailleurs comme les autres ? ».

Si depuis les débuts de leur domestication les animaux n’ont cessé de travailler au service des humains, les formes et l’ampleur de ce travail ont beaucoup varié selon les époques. En Europe, le nombre de chevaux, de chiens, de bœufs, de mulets utilisés pour tirer et soulever des charges, ou pour transformer des matières, s’est beaucoup accru aux XVIIIe et XIXe siècle avant de décliner sous l’effet de la motorisation et de l’électrification au siècle suivant. Massivement utilisés pour accélérer les transports, ils furent aussi une source majeure de force motrice, souple et flexible, adaptée à de nombreux contextes et situations de travail : dans les mines et les premières usines textiles, dans les plantations coloniales comme dans de nombreux ateliers artisanaux, ils furent attachés à des manèges pour produire de la force, broyer des matières.

Loin de les faire disparaître, l’industrialisation européenne a intensifié leur mise au travail, démultiplié leur présence dans les ateliers, à côté des enfants, des femmes et des ouvriers. Ces « moteurs animés » constituent un chaînon manquant et oublié de l’industrialisation et des transformations sociales du XIXe siècle. Le travail des bêtes s’est transformé parallèlement à celui des hommes, dans une logique de coopération et de rivalité, avant de devenir une source de rejets, de débats, voire de scandales.

Bibliographie

Ann Norton Greene, Horses at Work. Harnessing power in industrial america, Havard University Press, 2008.

Eric Baratay, Bêtes de somme, des animaux au service des hommes, Seuil (livre de poche), 2011.

Daniel Roche, La Culture équestre de l’Occident XVIe-XIXe siècle, tome I, “Le cheval moteur”, Fayard, 2008.

Ouvrage à paraître :

François Jarrige, La Ronde des bêtes – Le moteur animal et la fabrique de la modernité, La Découverte, septembre 2023.

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Racine de moins un
Une émission
de critique des sciences, des technologies
et de la société industrielle.

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Émission Racine de Moins Un n°85,
diffusée sur Radio Zinzine en juin 2023. Lire la suite »

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Emma Mawdsley, Après Chipko, 1998

De l’environnement à l’autonomie de l’Uttaranchal

Résumé

Bien que le mouvement Chipko ait pratiquement disparu de sa région d’origine, il reste l’un des exemples les plus fréquemment mis en avant d’un mouvement environnemental et/ou d’un mouvement de femmes dans le Sud. Un nombre restreint mais croissant de commentateurs critiquent aujourd’hui une grande partie des théories néo-populistes sur Chipko, et cet article donne un aperçu de ces critiques. Il approfondit ensuite le débat en se référant à un mouvement plus récent dans les montagnes en faveur de l’autonomie régionale. Ce faisant, l’auteure soutient qu’il est possible de faire un exposé plus plausible des problématiques liées au genre, à l’environnement et aux rapports à l’État dans la région de l’Uttaranchal, et ainsi d’illustrer les faiblesses courantes des interprétations néo-populistes de Chipko et d’autres mouvements sociaux dans le Sud. Lire la suite »

Emma Mawdsley, After Chipko, 1998

From Environment to Region in Uttaranchal

Abstract

Although the Chipko movement is practically non-existent in its region of origin it remains one of the most frequently deployed examples of an environmental and/or a women’s movement in the South. A small but growing number of commentators are now critiquing much neopopulist theorising on Chipko, and this article provides an overview of these critiques. It then takes the debate further with reference to a more recent regional movement in the hills. By doing so, the author argues that it is possible to develop a more plausible account of gender, environment and the state in the Uttaranchal region, and illustrate common weaknesses in neopopulist understandings of Chipko and other social movements in the South. Lire la suite »

Pandurang Hegde, Chipko et Appiko, 1988

Comment les gens sauvent les arbres

Table des matières

Préface

Introduction

Chapitre 1 – La légende

Chapitre 2 – De la légende à la réalité

Chapitre 3 – Croissance et développement du mouvement

Chapitre 4 – De Chipko à Appiko

Chapitre 5 – Évaluation globale

Petit glossaire

Bibliographie

Carte à l’intérieur de la couverture [Prochainement sur vos écrans !]

[Brochure originale de 48 p. avec 9 photos et une carte de l’Inde]

Traduit de l’anglais par Annie Gouilleux, décembre 2022.

 


Préface

Chipko et Appiko trouvent actuellement la place qui leur revient dans les annales modernes de l’action non violente. Le but de la série “Non-violence” dans l’action du Quaker Peace & Service (QPS) est à la fois d’informer et d’inspirer ceux qui souhaitent mettre au point des solutions alternatives positives à la violence et nous pensons que l’histoire que raconte Pandurang Hegde est assez forte pour le faire. The Right Livelihood Foundation a octroyé une récompense au mouvement Chipko en décembre 1987 [1] et nous espérons que cela lui permettra d’être mieux reconnu et d’intéresser davantage d’autres pays.

Pandurang Hegde est l’un de mes amis. Nous avons travaillé ensemble sur un projet dans le centre de l’Inde. J’ai vu évoluer l’étudiant de troisième cycle doué et motivé et devenir un activiste engagé. Il a rejeté « la méthode professionnelle du développement rural » et s’est engagé courageusement sur la voie qui débute par le « chômage ». Il nous a également apporté son esprit critique.

J’ai demandé à Pandurang de réfléchir à la portée de Chipko en Inde, d’expliquer ses méthodes non violentes et les tensions à l’intérieur du mouvement, de commenter sa base de classe et ses problèmes de genre. C’est ce qu’il a fait et davantage encore. Nombre des incidents qu’il a noté sont inconnus au-delà d’un cercle très réduit.

Nous avons dû faire notre travail d’éditeur pour un auteur avec lequel nous n’avons plus de contacts depuis plusieurs mois en raison de son départ pour « une longue marche dans la forêt » jusqu’à la source du fleuve Kali Nadi dans le sud de l’Inde. Nous espérons que le QPS rend justice à son manuscrit et que avons réussi à faire revivre la merveilleuse entreprise humaine qu’il décrit si honnêtement.

ANDREW C. CLARK
General Secretary
Quaker Peace & Service Lire la suite »

Pandurang Hegde, Chipko and Appiko, 1988

how the people save the trees

Contents

Foreword

Introduction

  1. The Legend
  2. From Legend to Reality
  3. The Growth and Development of the Movement
  4. From Chipko to Appiko
  5. An Overall Assessment

Short Glossary

Bibliography

Map Inside back cover [Comming soon as possible!]

[original booklet of 48 p. with 9 photo and a map of India]


Foreword

Chipko and Appiko are finding their rightful place in the modern annals of nonviolent action. The purpose of QPS’ Nonviolence in Action series is both to inform and inspire those who wish to develop positive alternatives to violence and we believe that the story told by Pandurang Hegde has the power to do so. The Right Livelihood Foundation made an award to the Chipko Movement in December 1987, and we hope that this will increase international interest and recognition still further.

Pandurang Hegde is a personal friend. We worked together on a project in central India. I have watched his development from an able and highly motivated post-graduate to a committed activist. He rejected “the professional approach to rural development” and took the courageous route which starts with “unemployment”. He also took his critical faculties with him.

I asked Pandurang to reflect on the extent to which Chipko had spread in India, to explain its nonviolent methodology and the tensions within the movement, to comment on its class basis and the gender issues. He has done so, and much more. Many of the incidents which he records are unknown outside a very small circle.

We have had to perform our editorial tasks with an author who was last in contact with us several months ago, prior to setting off on a “long forest march” to the source of the Kali Nadi river in south India. We pray that QPS has done justice to his manuscript and brought to life the wonderful human endeavour which it so honestly reviews.

ANDREW C. CLARK
General Secretary
Quaker Peace & ServiceLire la suite »

Grégoire Vilanova, Petite histoire du site nucléaire de Hanford, 2017

Début mai 2017, un tunnel rempli de déchets radioactifs s’est effondré sur le site de Hanford, dans l’État de Washington, à 275 km de Seattle. Depuis 1943, les réacteurs nucléaires et les usines de retraitement de ce complexe ont généré soixante tonnes de plutonium, équipant les deux tiers de l’arsenal nucléaire américain. Cette production, extrêmement polluante, a créé d’immenses quantités de déchets chimiques et radiologiques qui empoisonnent encore aujourd’hui les rives du majestueux fleuve Columbia, si bien que ce gigantesque combinat, seize fois plus grand que Paris, où s’agitent aujourd’hui 9 000 décontaminateurs, est considéré comme le plus grand dépotoir nucléaire du continent américain. Lire la suite »

Marc Badal, Petits mondes paysans, 2013

La vie des paysans n’a jamais été facile. S’en sortir constituait déjà en soi un objectif ambitieux quand les moyens étaient si limités. Le travail envahissait tout et son résultat dépendait trop de facteurs qu’ils ne pouvaient contrôler, comme les intempéries météorologiques et sociales.

Ils n’avaient pas d’autre choix que d’être bons dans leur domaine. Serrer les dents n’était pas suffisant. Ils devaient se montrer très attentifs et être ensuite capables d’exécuter la tâche avec maestria. Et les disciplines composant leur art étaient nombreuses. Agriculture, élevage, sylviculture, maçonnerie, menuiserie, taille de pierre, couture, médecine vétérinaire, conserves alimentaires, etc. Il n’était pas nécessaire d’être le meilleur dans tous ces domaines, mais il fallait tenter de l’être. Lire la suite »

Marc Badal, Los pequeños mundos campesinos, 2013

La vida de los campesinos nunca fue fácil. Salir adelante constituía de por sí un ambicioso propósito cuando los medios eran tan escasos. El trabajo era desbordante y su resultado dependía en exceso de factores que no podían controlar. Las inclemencias meteorológicas y sociales.

No quedaba otro remedio que ser buenos en lo que hacían. Apretar los dientes no era suficiente. Tenían que estar muy atentos y luego ser capaces de ejecutar la obra con maestría. Y no eran pocas las disciplinas de su arte. Agricultura, ganadería, silvicultura, albañilería, carpintería, cantería, costura, veterinaria, conservas alimentarias… No era necesario ser el mejor en todo, pero sí intentarlo. Lire la suite »

Anne Rasmussen, Critique du progrès, « crise de la science », 1996

débats et représentations du tournant du siècle

Tout au long du XIXe siècle, science, modernité et progrès avaient suscité des représentations à peu près substituables. La science, qui ouvrait l’horizon sans limite d’une accumulation continue des savoirs, devait être, dans cette mesure même, garante du perfectionnement moral de l’homme et, partant, du progrès de la civilisation. L’archétypique Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain s’était employé à établir cette équivalence entre le domaine du savoir et les catégories éthiques et politiques. Les figures du discours circulaient aisément des sciences à la démocratie, des connaissances expérimentales à la morale ou à la société.

Au tournant du siècle cependant, les deux grandes sources du discours progressiste produit depuis les Lumières étaient en voie de tarissement. D’une part, l’inspiration historienne était proche de l’épuisement. Il n’était pas de vraie postérité à ceux que Renouvier dénommait les « penseurs appliqués à l’histoire universelle » dans la lignée des Condorcet, Saint-Simon, Hegel, Comte ou Spencer dont « la maxime que tout est bien, ou que tout va au bien, est le postulat secret, quand ce n’est pas la thèse à démontrer » [1]. D’autre part, la source scientifique, qui prétendait associer progrès social, moral et cognitif, si elle continuait d’avoir des adeptes, subissait une profonde remise en question. Lire la suite »

Jean-Baptiste Fressoz, Une histoire matérielle de la lumière, 2020

L’histoire chimique de la bougie fut l’un des grand succès de la carrière de Michael Faraday. Ses leçons de 1845 à la Royal Institution sont un chef d’œuvre de vulgarisation : l’objet le plus commun lui permettait d’aborder les états de la matière, la capillarité, l’attraction, la combustion, la respiration et bien d’autres choses encore. « Toutes les lois de l’univers » écrivait Faraday « se manifestent dans la combustion d’une bougie » [1]. On pourrait ajouter que nombre de phénomènes historiques s’y révèlent également.

Timbre commémoratif des 10 ans de Tchernobyl, Ukraine

La bougie éclaire beaucoup d’a priori sur les techniques que l’on considère importantes à une époque donnée [2]. Pour dix livres sur le gaz d’éclairage au début du XIXe siècle ou cent articles sur l’électricité au début du suivant, on n’en trouvera pas un seul traitant de la lampe à huile ou de la bougie aux mêmes époques [3]. C’est qu’entre temps ces dernières sont devenues l’emblème de la désuétude. Il y a peu, les écologistes étaient encore accusés de vouloir « retourner à l’époque de la bougie ». L’histoire de la lumière présentée dans ce chapitre est matérielle au sens où elle s’intéresse autant aux dispositifs qu’aux matières combustibles qui les alimentent. Il en ressort un tableau bien différent de celui brossé par les historiens de l’éclairage et de l’énergie où se succèdent dans un ordre classique la bougie et la lampe à huile, puis le gaz d’éclairage et enfin la modernité électrique. Lire la suite »