Xavier Noulhianne, Histoire d’une dépossession, 2021

Xavier Noulhianne est éleveur et a écrit Le Ménage des champs – Chroniques d’un éleveur du XXIe siècle, Éditions du bout de la ville, 2016. Nous avons souhaité l’interviewer car ce qu’il documente, depuis sa propre expérience, des conditions de la production alimentaire aujourd’hui, décrit un système à proprement parler totalitaire (dont la formule « il n’y a qu’un seul éleveur en France : l’État », rend spectaculairement compte). Ses propos ne peuvent que nous interroger sur le territoire perdu en matière de maîtrise et d’autonomie, et sur la tâche à mener désormais pour reprendre possession, politiquement et matériellement, de ce rapport à l’alimentation, des conditions de sa production et des modalités de sa consommation.Lire la suite »

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Tomjo, Cité idéales et villes intelligentes, 2019

Nadine Ribault, Europe, 2016

Le texte que nous publions ici est extrait de Chroniques du désert – Le désert Urbain, une revue d’enquête de 300 pages sur le thème de la ville publié par les éditions GREVIS basées à Caen. L’auteur y explore la question des utopies de Thomas More aux smart cities d’aujourd’hui mais surtout de demain. L’enfer urbain pavé de bonnes intentions.

 

Je ne suis pas un spécialiste des utopies, comme peut l’être en France un certain Thierry Paquot, sociologue, qui a lui une lecture conciliante des utopistes. L’intérêt pour les utopies m’est venu plus particulièrement quand Le Monde, à l’été 2017, publia une série d’articles à leur sujet. Le Monde qui, par ailleurs, est un ardent défenseur de ce qu’on appelle la Smart city, ou « ville intelligente ». Chaque année, Le Monde remet un prix de l’innovation Smart cities à des entreprises, start-up, associations et collectivités locales pour leur projet urbain innovant en matière numérique. Prix de l’innovation décerné avec le concours de la BNP, Bouygues et Michelin. Le Monde a d’ailleurs un portail internet dédié à ces « créateurs de la ville de demain ».Lire la suite »

Les amis de Ludd, George Orwell, critique du machinisme, 2013

L’œuvre de George Orwell a eu la malchance de n’être connue que de manière parcellaire. Ses ouvrages les plus célèbres, Hommage à la Catalogne, La Ferme des animaux et 1984 ne sont que les parties d’un ensemble plus vaste et plus riche. Un aspect fondamental de son œuvre, très peu connu du public espagnol, est sa critique du machinisme et du progressisme. S’il est vrai qu’il n’a pas exposé sa pensée de manière systématique et définitive (excepté peut-être dans le premier livre que nous allons commenter), ses réflexions sur le sujet, dispersées dans toute son œuvre, sont d’une finesse remarquable. C’est de ces passages dont il est question dans cet article. Lire la suite »

Los amigos de Ludd, George Orwell como crítico del maquinismo, 2013

La obra de George Orwell tiene la mala suerte de ser conocida de forma muy fragmentaria. Sus obras más célebres, Homenaje a Cataluña, Rebelión en la granja y 1984, no son más que una parte de un conjunto más amplio y rico. Uno de los aspectos fundamentales de su obra menos difundido entre sus lectores en castellano es la crítica del maqumismo y del progresismo. Si bien no expuso su pensamiento sobre estas cuestiones de forma sistemática y definida (excepto quizá en el primer libro que vamos a comentar), sus apuntes, dispersos a lo largo de toda su obra, son de una brillantez excepcional. (La mayor parte de las referencias pertenecen a libros agotados hace tiempo o aún sin publicar íntegramente en castellano.) De estos pasajes hablaremos a continuación. Lire la suite »

Marc Badal, Petits mondes paysans, 2013

La vie des paysans n’a jamais été facile. S’en sortir constituait déjà en soi un objectif ambitieux quand les moyens étaient si limités. Le travail envahissait tout et son résultat dépendait trop de facteurs qu’ils ne pouvaient contrôler, comme les intempéries météorologiques et sociales.

Ils n’avaient pas d’autre choix que d’être bons dans leur domaine. Serrer les dents n’était pas suffisant. Ils devaient se montrer très attentifs et être ensuite capables d’exécuter la tâche avec maestria. Et les disciplines composant leur art étaient nombreuses. Agriculture, élevage, sylviculture, maçonnerie, menuiserie, taille de pierre, couture, médecine vétérinaire, conserves alimentaires, etc. Il n’était pas nécessaire d’être le meilleur dans tous ces domaines, mais il fallait tenter de l’être. Lire la suite »

Marc Badal, Los pequeños mundos campesinos, 2013

La vida de los campesinos nunca fue fácil. Salir adelante constituía de por sí un ambicioso propósito cuando los medios eran tan escasos. El trabajo era desbordante y su resultado dependía en exceso de factores que no podían controlar. Las inclemencias meteorológicas y sociales.

No quedaba otro remedio que ser buenos en lo que hacían. Apretar los dientes no era suficiente. Tenían que estar muy atentos y luego ser capaces de ejecutar la obra con maestría. Y no eran pocas las disciplinas de su arte. Agricultura, ganadería, silvicultura, albañilería, carpintería, cantería, costura, veterinaria, conservas alimentarias… No era necesario ser el mejor en todo, pero sí intentarlo. Lire la suite »

José Ardillo, Pour une écologie libertaire sans compte à rebours, 2020

Aventures et mésaventures de l’effondrement

Commençons par un petit exercice de spéculation historique. Projetons-nous au siècle passé, au début des années 1970. À cette époque la population mondiale avoisinait les quatre milliards, l’urgence écologique était devenue un fait officiel dans tout le monde civilisé, notamment à la suite du célèbre Jour de la Terre [1] et des premiers rapports écologiques concernant la soutenabilité, avec également les livres de Barry Commoner ou de Paul Erlich, entre autres. Il relevait alors du lieu commun d’affirmer que l’humanité entrerait en crise aux alentours de l’an 2000, une date qui à seulement trente ans d’écart apparaissait comme une limite à la fois mythique et infranchissable. La science-fiction, au moyen du cinéma, des bandes dessinées et de la littérature, alimentait cette inquiétude au sujet d’un désastre qui semblait imminent. Souvenons-nous que l’opinion publique occidentale était agitée par la guerre du Vietnam, les conflits sanglants sur le territoire dudit « Tiers Monde », les tensions avec les pays arabes, etc. Au sein d’un tel panorama, la menace environnementale et son cortège funeste de pollutions venaient compléter un tableau apocalyptique qui, aux yeux de beaucoup de gens, était amené à constituer le futur de la société industrielle. Lire la suite »

Jérôme Baschet, L’inacceptable inacceptable, 2021

De(s)générations : Tu parles de la nécessité, entre autres dans Défaire la tyrannie du présent [1], de se « débarrasser » des mythologies progressistes. Tu mets en question un paradigme progressiste révolutionnaire qui serait celui du Grand Soir ou, comme le nomme Frédéric Lordon, le « point L » (comme Lénine). Pourtant, si je t’ai bien lu, il ne me semble pas que tu sois totalement opposé à l’événement révolutionnaire car tu apportes une nuance dans Basculements :

« Il faudrait plutôt concevoir un processus qui commence dès maintenant, sans pour autant exclure des épisodes d’intensification de l’affrontement avec le monde de l’économie. » [2]

Tu critiques la stratégie du Grand Soir tout en proposant d’autres notions qui n’excluent pas fondamentalement celle-ci. Pourrais-tu ici revenir sur la manière dont ces deux tendances pourraient s’articuler de manière fructueuse ? Y a-t-il réellement incompatibilité ? Ces deux stratégies ne peuvent-elles pas exister comme deux régimes de temporalité concomitants ?

Jérôme Baschet : J’aimerais tenter d’écarter un possible malentendu. Je fais en effet la critique de l’imaginaire du Grand Soir, tel que Frédéric Lordon l’a récemment revendiqué. Mais l’hypothèse stratégique proposée dans Basculements – et, précédemment, dans Une juste colère [3] – n’exclut pas du tout une dynamique de soulèvements et d’affrontements avec le monde de l’Économie et les forces qui le défendent. Plus précisément, et je vais y revenir, cette hypothèse stratégique repose sur la combinaison entre la multiplication de ce que j’appelle des espaces libérés et une intensification des dynamiques de blocage dans toutes les dimensions que ce terme peut recouvrir, jusqu’à la propagation de soulèvements populaires, ainsi qu’on l’a vu avec les Gilets jaunes et la séquence insurrectionnelle planétaire de l’année 2019. Lire la suite »

Dernières nouvelles d’Écran total Occitanie, 2023

Vendredi 10 mars, le groupe Écran total Occitanie a investi l’agence postale du centre de Montauban, pour y dénoncer le rôle actif du groupe La Poste dans l’informatisation de la société et dans l’attribution d’identités numériques aux personnes humaines. Plusieurs d’entre nous ont feint de demander la création de leur identité numérique, et sont entrés en discussion avec la préposée à cette tâche. Quand le débat et la cohue ont pris assez d’ampleur, les autres ont distribué le tract ci-dessous (La Poste, avant-poste de la start-up nation) aux usagers et aux autres salariés présents. Une banderole a été déployée dans l’agence : « Numérise-toi, embrigade-toi ». Nous avons quitté l’agence après une cinquantaine de minutes, quand le directeur de celle-ci a voulu la fermer, notre but n’étant pas d’empêcher l’accès des Montalbanais aux derniers services postaux à peu près disponibles. Lire la suite »

Radio: Mathieu Amiech, La gestion sanitaire de la covid-19, 2023

Mathieu Amiech, membre des éditions La Lenteur et du collectif Écran total (résister à la gestion et l’informatisation de nos vies), revient sur la gestion de l’épidémie de Covid-19 due a la diffusion du virus SARS-Cov-2 durant les années 2020-2022.

Émission issue de « L’actualité des luttes » diffusée sur Radio Fréquence Paris Plurielle le 2 janvier 2023.

Afin de resituer le contexte dans lequel Matthieu Amiech fait cette émission, il faut préciser qu’elle est en quelque sorte une mise au point par rapport à une autre émission qui a été diffusée également sur les ondes de Radio FPP. Il s’agit de « Zoom Ecologie » intitulée « Bilan critique du courant anti-industriel » du 18 octobre 2022, où Matthieu Amiech était accusé de « covido-négationniste », en même temps qu’étaient mise en cause les positions du collectif Écran total (résister à la gestion et l’informatisation de nos vies) sur la crise sanitaire et l’obligation vaccinale.

« Le point essentiel que je voudrais souligner, c’est que considérer le Covid-19 comme un danger absolu, radicalement nouveau, qui change totalement notre situation personnelle et collective, cela n’est possible que si l’on refoule profondément le caractère pathogène de notre société capitaliste et industrielle. C’est-à-dire que l’on occulte le fait que l’on est déjà, en temps ordinaire, dans une situation où l’on est environné de dangers, de nuisances, qui viennent de beaucoup de nos habitudes de consommation quotidiennes déjà très ancrées. »

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Racine de moins un
Une émission
de critique des sciences, des technologies
et de la société industrielle.

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Émission Racine de Moins Un n°84,
diffusée sur Radio Zinzine en mars 2023. Lire la suite »