L’œuvre de George Orwell a eu la malchance de n’être connue que de manière parcellaire. Ses ouvrages les plus célèbres, Hommage à la Catalogne, La Ferme des animaux et 1984 ne sont que les parties d’un ensemble plus vaste et plus riche. Un aspect fondamental de son œuvre, très peu connu du public espagnol, est sa critique du machinisme et du progressisme. S’il est vrai qu’il n’a pas exposé sa pensée de manière systématique et définitive (excepté peut-être dans le premier livre que nous allons commenter), ses réflexions sur le sujet, dispersées dans toute son œuvre, sont d’une finesse remarquable. C’est de ces passages dont il est question dans cet article. Lire la suite »
Étiquette : société industrielle
Los amigos de Ludd, George Orwell como crítico del maquinismo, 2013
La obra de George Orwell tiene la mala suerte de ser conocida de forma muy fragmentaria. Sus obras más célebres, Homenaje a Cataluña, Rebelión en la granja y 1984, no son más que una parte de un conjunto más amplio y rico. Uno de los aspectos fundamentales de su obra menos difundido entre sus lectores en castellano es la crítica del maqumismo y del progresismo. Si bien no expuso su pensamiento sobre estas cuestiones de forma sistemática y definida (excepto quizá en el primer libro que vamos a comentar), sus apuntes, dispersos a lo largo de toda su obra, son de una brillantez excepcional. (La mayor parte de las referencias pertenecen a libros agotados hace tiempo o aún sin publicar íntegramente en castellano.) De estos pasajes hablaremos a continuación. Lire la suite »
Radio: Mathieu Amiech, La gestion sanitaire de la covid-19, 2023
Mathieu Amiech, membre des éditions La Lenteur et du collectif Écran total (résister à la gestion et l’informatisation de nos vies), revient sur la gestion de l’épidémie de Covid-19 due a la diffusion du virus SARS-Cov-2 durant les années 2020-2022.
Émission issue de « L’actualité des luttes » diffusée sur Radio Fréquence Paris Plurielle le 2 janvier 2023.
Afin de resituer le contexte dans lequel Matthieu Amiech fait cette émission, il faut préciser qu’elle est en quelque sorte une mise au point par rapport à une autre émission qui a été diffusée également sur les ondes de Radio FPP. Il s’agit de « Zoom Ecologie » intitulée « Bilan critique du courant anti-industriel » du 18 octobre 2022, où Matthieu Amiech était accusé de « covido-négationniste », en même temps qu’étaient mise en cause les positions du collectif Écran total (résister à la gestion et l’informatisation de nos vies) sur la crise sanitaire et l’obligation vaccinale.
« Le point essentiel que je voudrais souligner, c’est que considérer le Covid-19 comme un danger absolu, radicalement nouveau, qui change totalement notre situation personnelle et collective, cela n’est possible que si l’on refoule profondément le caractère pathogène de notre société capitaliste et industrielle. C’est-à-dire que l’on occulte le fait que l’on est déjà, en temps ordinaire, dans une situation où l’on est environné de dangers, de nuisances, qui viennent de beaucoup de nos habitudes de consommation quotidiennes déjà très ancrées. »
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Racine de moins un
Une émission
de critique des sciences, des technologies
et de la société industrielle.
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Émission Racine de Moins Un n°84,
diffusée sur Radio Zinzine en mars 2023. Lire la suite »
David Watson, Bientôt tout cela ne sera plus que ruines pittoresques, 2020
Lettre à des amis français sur le passage d’un très grand nombre de personnes à travers une assez courte unité de temps
« Pouvons-nous compter sur le fait qu’un “revirement” soit accompli par suffisamment de monde en un temps suffisamment bref pour sauver le monde moderne ? On pose souvent cette question, mais peu importe la réponse, elle sera trompeuse. Répondre “oui” pourrait conduire à la complaisance, répondre “non”, au désespoir. Ce qui est désirable, c’est laisser ces perplexités de côté et se mettre au travail. »
— Ernst Friedrich Schumacher, A Guide for the Perplexed (1977)
À la veille de la destruction
Lorsque j’ai été invité à commenter la « collapsologie », c’était la première fois que j’entendais ce terme. À l’évidence, je n’aurais pas dû être surpris que la société de masse, dans sa tendance à une prolifération baroque, et le capitalisme, dans sa tendance à faire commerce de tout, aient exploité les angoisses diffuses face à l’effondrement social et l’éventualité de l’extinction de l’humanité pour donner de la matière à une discipline académique, une mode éditoriale, des jérémiades sur Youtube, des formes expérimentales de retraite et des activités de consulting. Comme le chantait jadis Bob Dylan, « il semble que chacun a ces rêves-là » (Talkin’World War III Blues). Et puisque toute personne qui prend en charge le sujet des périls actuels pourrait être appelée un collapsologue, je dois en être un aussi. Lire la suite »
David Watson, “Soon To Be Picturesque Ruins!”, 2020
On the passage of a very large number of people through a brief bottleneck in time
Recently I was invited to comment on “collapsology.” It was the first I had heard the term. I guess I shouldn’t have been surprised that mass society’s tendency to baroque proliferation, and capitalism’s tendency to turn everything into commerce, would leverage widespread anxieties about social collapse and even potential human extinction into fodder for an academic discipline, literary fashion, YouTube jeremiads, experiential retreats, and consulting businesses. “Seems / everybody’s having them dreams,” Dylan once put it. And since anyone who takes up the subject of the current peril could be called a collapsologue, I must be one, too. Lire la suite »
François Jarrige, Sabotage, un essai d’archéologie au XIXe siècle, 2020
Résumé
Si le sabotage émerge, s’étend et se théorise comme mode d’action à la fin du XIXe siècle, il renvoie cependant à des logiques plus anciennes qui n’ont cessé d’accompagner l’installation des sociétés industrielles, ses nouveaux équipements et ses infrastructures. Dans ce bref essai, il s’agit d’explorer certains traits de ce répertoire d’actions protestataires en examinant brièvement la généalogie du sabotage et des actions destructrices au XIXe siècle, révélant par là la diversité de ses formes et l’ingéniosité des groupes subalternes. Le mot « sabotage » désigne une action qui vise à détériorer et mettre hors d’usage, de façon volontaire et plus ou moins clandestine, du matériel, des machines, des installations ou équipements, afin de désorganiser une activité productive ou sociale et faire pression sur les décideurs économiques et politiques. Mais le terme recouvre un ensemble d’actions très diverses qui varient selon les groupes et les périodes. Lire la suite »
Adrien D., De la difficulté d’élever des enfants en milieu industriel, 2022
Nous ne jouons pas à armes égales. Lorsqu’on décide d’éveiller les consciences au respect de l’environnement et du vivant, d’alerter sur les désastres présents, passés et futurs, le combat est trop souvent inégal face aux appels à la consommation technophile d’un monde sirénique [1], d’un monde industriel racoleur qui pousse dès l’enfance à l’admiration de gadgets écocidaires fabriqués en masse.
Nous ne pouvons en vouloir aux jeunes esprits qui ne peuvent pas toujours imaginer les conséquences de leurs pratiques et de ces outils, de ces machines qu’ils admirent tant. Ils sont souvent incapables de faire preuve de raison ou d’éthique à leur âge. Certains resteront d’ailleurs bloqués à ce stade toute leur vie et nous pouvons les comprendre car c’est la meilleure attitude pour être performant et compétitif dans la guerre économique du tous contre tous. On appelle parfois cela l’adulescent quand il garde un esprit un peu enfantin, mais c’est tout simplement l’adulte du XXIe siècle. Lire la suite »
Radio: Jean-Baptiste Fressoz, Les utopies atomiques dans l’invention de la transition énergétique, 2022
Conférence de Jean-Baptiste Fressoz, historien des sciences, des techniques et de l’environnement et chercheur au CNRS, sur le thème « la transition énergétique : de l’utopie atomique au déni climatique ». Intervention dans le cadre du Café des Sciences de l’École des Ponts ParisTech, le 5 octobre 2022.
Cette conférence résume deux articles que notre historien a publié ces derniers temps :
Pour une histoire des symbioses énergétiques et matérielles, janvier 2021.
La « transition énergétique », de l’utopie atomique au déni climatique, USA 1945-1980, juin 2022.
Articles réunis en brochure intitulée L’invention de la « transition énergétique » (60 pages, format A5) avec les illustrations que projette et explique Jean-Baptiste Fressoz lors de sa conférence.
Le problème de la « transition énergétique »
est qu’elle projette un passé qui n’existe pas
sur un futur pour le moins fantomatique.
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Racine de moins un
Une émission
de critique des sciences, des technologies
et de la société industrielle.
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Émission Racine de Moins Un n°82,
diffusée sur Radio Zinzine en janvier 2023. Lire la suite »
Les amis de Ludd, Critique de l’heureux monde qui s’annonce, 2002
Une auto-interview du groupe Les amis de Ludd
Question : Pourquoi vous référez-vous à Ludd et aux luddites ?
Réponse : Les luddites étaient des travailleurs et travailleuses anglais qui, principalement dans les années 1811-1813, furent à la pointe d’un mouvement insurrectionnel s’attaquant aux machines industrielles. Ils se donnaient comme nom collectif Général Ludd ou Roi Ludd (ou des noms similaires). Dans le monde anglo-saxon, il est aujourd’hui courant de taxer de luddite quiconque s’oppose au progrès technique, mais nombreux sont ceux qui, depuis les années 1980 et 90, ont arboré le drapeau du luddisme (pas toujours à bon escient, il est vrai). Citons pêle-mêle l’occupation de terres agricoles en Espagne, les actions contre les cultures transgéniques en France, en Belgique ou au Royaume-Uni, les sabotages du Train à grande vitesse en Italie, les mouvements paysans de résistance au Brésil ou en Inde. Tous ces actes de rébellion sont autant d’expressions de lutte contre le progrès techno-scientifique, qui a de plus en plus de mal à dissimuler sa vraie nature de stratégie planifiée d’exploitation sans bornes. Plus concrètement, disons qu’à nos yeux le luddisme est un modèle d’opposition populaire active à la montée en puissance de la technologie dont la tyrannie industrielle du capitalisme a fait son arme principale. Lire la suite »
Los amigos de Ludd, Critique of the Happy New World That is Coming, 2002
A Self-Interview with Los amigos de Ludd
Question: What does the reference to Ludd and luddites entail for you?
Answer: The luddites were English workers who become the protagonists of an insurrectional movement between 1811 and 1813 and took action, destroying industrial machinery. They called themselves by the collective name of General Ludd, King Ludd or something of the sort. Currently in the Anglo-Saxon world, it is common for someone who opposes technological progress to be contemptuously tagged with luddism. However, since the 1980’s and 1990’s, there have been many in America who have raised the banner of luddism (with varying rigor, of course). The actions against transgenic cultivation in France, Belgium and the United Kingdom, the sabotage of the high speed train in Italy, the rural occupations in the Spanish state, the peasant resistance movements in Brazil and India, all this is a further sign of a rebellion against a techno-scientific progress that increasingly reveals itself for what it is: the planned strategy of an endless exploitation. To summarize, we can state that for us luddism is an example of active popular opposition to a technology that the industrial tyranny of capitalism wants to impose. Lire la suite »