Ruth Schwartz Cowan, La révolution industrielle, la femme et l’économie domestique, 1976

La “révolution industrielle” dans les foyers,
Technologie ménagère et changements sociaux au XXe siècle

Lorsque l’on songe à l’influence que la technologie et la société ont réciproquement exercé l’une sur l’autre, l’on a tendance à penser en termes grandioses : énormes ordinateurs envahissant les lieux de travail, lignes de chemin de fer traversant des immensités désertiques, armées de femmes et d’enfants peinant à l’usine. Ces visions nous ont empêchés de percevoir une révolution technologique assez particulière qui se déroulait sous notre nez, celle qui a eu lieu dans la maison et qui a transformé notre vie de tous les jours d’une manière quelque peu inattendue. L’industrialisation de la maison s’est déroulée selon un processus très différent de celui des autres moyens de production et son impact n’a été ni celui que l’on a voulu nous faire croire ni celui que les historiens des autres révolutions industrielles auraient eu tendance à prédire. Lire la suite »

Ruth Schwartz-Cowan, The “Industrial Revolution” in the Home, 1976

Household Technology and Social Change in the Twentieth Century

When we think about the interaction between technology and society, we tend to think in fairly grandiose terms: massive computers invading the workplace, railroad tracks cutting through vast wildernesses, armies of women and children toiling in the mills. These grand visions have blinded us to an important and rather peculiar technological revolution which has been going on right under our noses: the technological revolution in the home. This revolution has transformed the conduct of our daily lives, but in somewhat unexpected ways. The industrialization of the home was a process very different from the industrialization of other means of production, and the impact of that Process was neither what we have been led to believe it was nor what students of the other industrial revolutions would have been led to predict. Lire la suite »

Dominique Dubarle, Pouvoirs et responsabilités de la science au seuil du XXIe siècle, 1977

Résumé

Parler des pouvoirs et des responsabilités de la science en cette fin du XXe siècle, c’est bien évidemment tenter de se mesurer à un sujet d’une ampleur redoutable. Vous m’excuserez donc, je pense, si, dans bien des cas, je ne ferai guère plus qu’ouvrir des questions que je laisserai sans réponse concrète, ou me contenterai d’esquisses fort rapides. Mais il n’est pas mauvais d’entendre ces questions se poser en s’adressant à chacun de nous, et de prendre alors une sorte de vue d’ensemble de la situation humaine qui les fait naître et qui sera le contexte obligé de la réponse que notre propre histoire leur donnera. Car j’ai voulu venir parmi vous ce soir d’abord en vue d’éveiller des consciences d’hommes à un ensemble de responsabilités humaines nouvelles. Je souhaite pouvoir les aider à réfléchir sur ce qui attend une génération aujourd’hui déjà née, et qui se trouvera avoir à traiter du destin de l’humanité d’ici un quart de siècle à peine, lorsque le XXIe siècle aura commencé.Lire la suite »

Écologie & Politique n°65, Les enfants de la Machine, 2022

Biotechnologies, reproduction et eugénisme

Dossier

Un jour, les femmes n’enfanteront plus. Leurs cellules et celles des hommes seront soigneusement produites, sélectionnées puis traitées en laboratoire en vue de la fabrication industrielle d’êtres humains. Améliorés, sur mesure, sans défauts génétiques. De la science-fiction ? En réalité, cet avenir d’où l’enfantement aurait disparu, ce futur où les enfants ne seraient plus le fruit du hasard biologique mais celui d’un système technologique finement paramétré, est déjà parmi nous, en puissance. Petit à petit, par ses avancées dans le domaine des technologies de la reproduction (de l’insémination artificielle à l’ectogenèse, en passant par la fécondation in vitro et la congélation d’ovaires) et au prétexte fallacieux de libérer les femmes, la technoscience nous y conduit. Après avoir pris le contrôle des sols et celui des corps travailleurs dans le but d’accroître toujours plus son emprise, l’industrialisme, dans la poursuite de son geste totalitaire, s’affaire depuis plusieurs décennies à prendre le contrôle du vivant.

Coordination : Jacques Luzi et Mathias Lefèvre.

 

Ce numéro étant épuisé, nous proposons d’en publier les articles afin que chacun puisse juger sur pièces des propos « réactionnaires » qu’ils contiennent (voir ci-dessous l’entretien avec Jacques Luzi)…

Les articles sont maintenant au complet, prochainement un document PDF sera disponible. Lire la suite »

Radio: Jean-Marie Brohm, Critique de l’idéologie et de la pratique sportive, 2023

Jean-Marie Brohm est professeur de sociologie à l’Université Montpellier III. Il a initié et développé depuis les années 1960 la « Théorie critique du sport » en France. Une critique sans concession qu’il va déployer dans de nombreux ouvrages et des revues : Partisans, Le Chrono enrayé ou Quel Sport ? Il revient sur quelques points essentiels de sa critique à l’occasion des Jeux Olympiques de Paris 2024. Invitation à redécouvrir ce pan aussi fécond que marginalisé de la réflexion sur le sport.

Entretien réalisé par Gary Libot un des rédacteurs de Le Chiffon, journal de Paname et sa banlieue n°11 consacré aux JO de Paris 2024.

Téléchargez le livret de l’émission :
Critique de l’idéologie et de la pratique sportive

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Racine de moins un
Une émission
de critique des sciences, des technologies
et de la société industrielle.

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Émission Racine de Moins Un n°91,
diffusée sur Radio Zinzine en mars 2024. Lire la suite »

Jean-Baptiste Fressoz, ¿Un mundo sin transición?, 2024

En su nuevo libro, Sin transición. Una nueva historia de la energía, el historiador Jean-Baptiste Fressoz examina los discursos contemporáneos sobre la « transición energética ». En su opinión, se alimentan de relatos históricos fraudulentos sobre supuestas transiciones pasadas. Al sacar a la luz la acumulación de fuentes de energía a lo largo de la historia, su interdependencia y simbiosis, y la fabricación de relatos sobre la transición, nos invita a deshacernos de un concepto que considera ineficaz. Nos entrevistamos con él.

Griffaton & Mandard: Una de las tesis centrales de tu libro es el desafío a una visión fasista de la historia de la energía y los materiales como una sucesión de épocas materiales distintas (una visión fasista cuya genealogía intelectual propones en el capítulo 2). Esta visión fasista no es simplemente de sentido común, sino que también puede encontrarse en las obras de los principales historiadores del medio ambiente. ¿Podría repasar el tipo de narrativa que proponen este tipo de obras, el uso del término « transición » al que recurren y los fenómenos que nos impiden ver? Lire la suite »

Jean-Baptiste Fressoz, Un monde sans transition ?, 2024

Dans son nouvel ouvrage, Sans transition. Une nouvelle histoire de l’énergie, l’historien Jean-Baptiste Fressoz revient sur les discours contemporains de la « transition énergétique ». Pour lui, ils sont nourris de récits historiques frauduleux sur de supposées transitions passées. En mettant au jour l’empilement des sources d’énergie dans l’histoire, leurs interdépendances ou leurs symbioses et la fabrique des récits de la transition, il nous invite à nous débarrasser d’un concept qu’il juge inopérant. Nous l’avons rencontré.

Griffaton & Mandard : L’une des thèses centrales de votre ouvrage est la mise en cause d’une vision phasiste de l’histoire de l’énergie et des matières en tant que succession d’époques matérielles distinctes (vision phasiste dont vous proposez une généalogie intellectuelle dans le chapitre 2). Or cette vision phasiste ne relève pas simplement du sens commun, mais se retrouve également dans des ouvrages d’auteurs majeurs de l’histoire environnementale. Pouvez-vous revenir sur le genre de récit que propose ce type d’ouvrage, l’usage du terme de transition qu’il mobilise, et sur les phénomènes qu’il empêche de voir ?
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José Ardillo, Et si on sautait le mur théorique des forces de production ?, 2023

Quelques commentaires critiques sur
le livre de Sandrine Aumercier
Le Mur énergétique du capital
(Crise & Critique, 2021)

 

Compte tenu de la longueur et de la densité de l’ouvrage de Sandrine Aumercier, nous nous limitons à la présentation succincte de ses thèses principales, afin d’en montrer les aspects les plus discutables, avec à l’esprit l’idée de contribuer à promouvoir un débat toujours nécessaire.

Le long sous-titre du livre, Contribution au problème des critères de dépassement du capitalisme du point de vue de la critique de la technologie, offre déjà une idée de l’orientation de l’analyse proposée par l’auteure. Son livre ne manque pas de développements historiques détaillés, d’analyses consciencieuses et de nombreux commentaires et références critiques, qui montrent que Aumercier, pour la rédaction de son livre, s’est doté d’une vaste quantité de lectures et d’informations. Bien que mon désaccord avec la position de l’auteure soit total, tant au niveau du ton que du contenu, il est essentiel de souligner le mérite d’un tel effort de synthèse et de recherche historique. Lire la suite »

José Ardillo, ¿Y si saltáramos el muro teórico de las fuerzas de producción?, 2023

Algunos comentarios críticos al libro
de Sandrine Aumercier
El Muro energético del capital.

 

Dada la extensión y densidad del libro que nos ocupa, nos vemos obligados a presentar de manera sucinta sus principales tesis, contentándonos con mostrar los aspectos más discutibles que encierran dichas tesis y guardando la idea de que todo esto pueda ayudar a fomentar un debate siempre necesario.

Antes de nada, señalamos que el subtítulo del libro, Contribución al problema de los criterios de superación del capitalismo desde el punto de vista de la crítica de las tecnología, nos da ya una orientación del análisis propuesto por la autora. En el libro encontraremos detallados desarrollos históricos, análisis concienzudos y numerosos comentarios críticos y referencias que dejan entrever que la autora, para la redacción del libro, se ha dotado de una vasta información y bibliografía. Aunque, como se verá, mi desacuerdo con este libro es total, tanto por el tono como por el contenido, es preciso señalar el mérito que posee un tal esfuerzo de síntesis e investigación histórica. Lire la suite »

The Land, L’humain monbiotique, 2022

Critique du dernier ouvrage de G. Monbiot

Introduction

George Monbiot,
Regenesis: Feeding the World Without Devouring the Planet,
Londres : Penguin Books, août 2022.

Traduction française :

Nourrir le monde – …sans dévorer la planète,
Paris, Les Liens qui Libèrent, octobre 2023.

 

Georges Monbiot est une grande figure de l’écologie britannique. Il est chroniqueur au journal The Guardian (l’équivalent du journal Le Monde en France), ce qui lui donne une grande influence sur l’opinion publique. Mais depuis quelques années, il s’est engagé dans la défense d’une écologie technocratique.

Déjà peu après l’accident nucléaire de Fukuhima, il avait signé une tribune où il se faisait le soutien de l’industrie nucléaire au prétexte que l’accident japonais n’avait pas fait des monceaux de cadavres bien visibles à la télévision et que le nucléaire est un moyen de produire de l’énergie « décarbonnée » qui permet de « lutter contre le réchauffement climatique » sans remettre en question la société capitaliste et industrielle [1].

Dans son dernier ouvrage, il propose de supprimer toute forme d’agriculture et d’élevage sur la planète, car ces activités quelque soit leur forme sont selon lui les principales causes du changement climatique. Les terres consacrées à l’agriculture et l’élevage seraient alors ré-ensauvagées. Les humains concentrés dans les villes se nourriraient alors de protéines produites par des bactéries dans des réacteurs bio-chimiques [2].

« Nous pouvons désormais penser la fin de l’agriculture, la force la plus destructrice jamais provoquée par l’homme. Nous pouvons envisager le début d’une ère nouvelle dans laquelle nous n’aurons plus besoin de sacrifier le monde vivant sur l’autel de nos appétits. Nous pouvons résoudre le principal dilemme qu’il nous a été donné d’affronter, nourrir le monde sans dévorer la planète. »

Ainsi, l’écologiste Monbiot se rallie à la « guerre contre la subsistance » que l’industrie capitaliste, dès ses débuts, a mené d’abord en Angleterre et continue encore à mener aujourd’hui à travers le monde afin de rendre chacun d’entre nous dépendant de ses marchandises, de ses ersatz… Lire la suite »