Aventures et mésaventures de l’effondrement
Commençons par un petit exercice de spéculation historique. Projetons-nous au siècle passé, au début des années 1970. À cette époque la population mondiale avoisinait les quatre milliards, l’urgence écologique était devenue un fait officiel dans tout le monde civilisé, notamment à la suite du célèbre Jour de la Terre [1] et des premiers rapports écologiques concernant la soutenabilité, avec également les livres de Barry Commoner ou de Paul Erlich, entre autres. Il relevait alors du lieu commun d’affirmer que l’humanité entrerait en crise aux alentours de l’an 2000, une date qui à seulement trente ans d’écart apparaissait comme une limite à la fois mythique et infranchissable. La science-fiction, au moyen du cinéma, des bandes dessinées et de la littérature, alimentait cette inquiétude au sujet d’un désastre qui semblait imminent. Souvenons-nous que l’opinion publique occidentale était agitée par la guerre du Vietnam, les conflits sanglants sur le territoire dudit « Tiers Monde », les tensions avec les pays arabes, etc. Au sein d’un tel panorama, la menace environnementale et son cortège funeste de pollutions venaient compléter un tableau apocalyptique qui, aux yeux de beaucoup de gens, était amené à constituer le futur de la société industrielle. Lire la suite »