Céline Lafontaine, La cybernétique, matrice du posthumanisme, 2000

« C’est un nouvel humanisme, beaucoup moins individualiste mais énormément plus rentable, qui peut naître de l’application consciente de la cybernétique. »

Giuseppe Foddis, IIe Congrès international de cybernétique.

« Le cybernanthrope déplore la faiblesse humaine et ses faiblesses. Il connaît ses imperfections. L’humain, la qualité humaine, il les désavoue. Il disqualifie l’humanisme, en pensée et en action. »

Henri Lefebvre.

Entre l’ubiquité que lui procurent les réseaux informatiques et l’éclatement de ses repères identitaires, l’individu contemporain semble muter vers une nouvelle forme de subjectivité. Il est vrai qu’à l’aube du IIIe millénaire les mutations technologiques en cours poussent à croire qu’on assistera d’ici peu à la naissance d’un Homme nouveau. Les penseurs et les idéologues de la société communicationnelle ne se privent d’ailleurs pas de spéculer sur cette éventuelle possibilité : Homme numérique, Homme symbiotique, cyborg, cyber-sujet, etc., les épithètes abondent pour qualifier ce nouvel humain dont on guette l’avènement. Lire la suite »

Ivan Illich, Le silence comme bien commun, 1981

Les ordinateurs sont en train de faire de la communication ce que les clôtures ont fait des champs et les voitures des rues.

Monsieur Minna, j’accepte avec grand plaisir l’honneur que vous m’avez fait de me demander de prendre la parole dans ce forum sur « l’homme et la science ». Le thème que propose M. Tsuru, « La société administrée par ordinateur », résonne comme un cri d’alarme. On peut clairement prévoir que les machines qui singent les humains tendent à empiéter sur chaque aspect de la vie de chacun, et que ces machines forcent les gens à se comporter comme des machines. Les nouveaux objets électroniques ont effectivement le pouvoir de forcer les gens à « communiquer » avec eux et entre en des termes qui sont ceux de la machine. Tout ce qui ne s’intègre pas structurellement dans la logique des machines est filtré dans une culture dominée par leur usage. Lire la suite »

Ivan Illich, Silence is a Commons, 1981

Computers are doing to communication what fences did to pasturesand cars did to streets.

Minna-san, gladly I accept the honour of addressing this forum on Science and Man. The theme that Mr. Tsuru proposes, “The Computer-Managed Society”, sounds an alarm. Clearly you foresee that machines which ape people are tending to encroach on every aspect of people’s lives, and that such machines force people to behave like machines. The new electronic devices do indeed have the power to force people to “communicate” with them and with each other on the terms of the machine. Whatever structurally does not fit the logic of machines is effectively filtered from a culture dominated by their use. Lire la suite »

Gregory Chatonsky, Intelligence Artificielle et extinction, 2023

Contrairement à ce qu’affirment nombre de pétitions récentes signées par des chercheurs et des entrepreneurs, l’IA participe bien de l’extinction, mais pas du tout celle qui viendrait remplacer l’être humain par une technologie devenue, comme par miracle, autonome, et faisant précisément abstraction de ses dépendances logistiques, mais celle qui est en cours, qu’on la nomme anthropocène, capitalocène, ou autrement.
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Les amis de Ludd, Les hackers et l’esprit du parasitisme, 2003

Nous incluons dans cette livraison [de Les amis de Ludd. Bulletin d’information anti-industriel n°5, mai 2003] un commentaire de l’ouvrage L’Éthique hacker et l’esprit de l’ère de l’information [titre original : The Hacker Ethic and the Spirit of the Information Age, 2001], appelé à devenir la profession de foi d’une nouvelle génération de techno-convaincus partageant la certitude que les décennies à venir leur appartiennent. Son auteur, Pekka Himanen [philosophe et sociologue de l’informatique finlandais], est le nouvel hérétique de cette éthique du travail coopératif et passionné, à mille lieues des éthiques protestantes et catholiques fondées sur le travail esclave et la mortification rétribués dans l’Au-delà.

Notre époque, qui plus que tout autre récompense l’irresponsabilité, favorise l’apparition de doctrines ahurissantes concoctées dans les laboratoires insonorisés des universités et des entreprises d’un monde qui s’écroule de toutes parts. Des volumes considérables de matière grise sont mobilisés pour nous montrer les voies d’accès à la vie radieuse que nous sommes tous invités à embrasser si nous ne voulons pas rater le coche de l’émancipatrice modernité. C’est ainsi qu’il y a quelques années déjà, nous avions eu vent de l’existence de ces hackers qui aujourd’hui brandissent l’étendard de leur nouvelle éthique. Lire la suite »

Los amigos de Ludd, Los hackers y el espiritu parasitario, 2003

Queremos traer a estas páginas [Los amigos de Ludd. Boletin de information anti-industrial #5, mayo 2003] el comentario sobre un libro, La ética del hackery el espíritu de la era de la información [1], que en poco tiempo se convertirá en el justificante de una nueva generación de tecnoconvencidos que anuncian que las próximas décadas les pertenecen. Su autor, Pekka Himanen, es el nuevo hereje de esta ética basada en el trabajo cooperativo y apasionado, frente a la vieja ética protestante y católica basadas en el trabajo esclavo y en la mortificación con recompensas ultraterrenas.

La época actual, donde la irresponsabilidad es cada vez más premiada, permite que aparezcan doctrinas asombrosas elaboradas en los laboratorios insonorizados, universitarios o empresariales, de un mundo que por doquier se derrumba. Masas enteras de cerebros grises llegan para mostrarnos su radiante estilo de vida que todos deberíamos seguir, de no querer perder comba en la modernidad emancipadora. Así nos hemos podido enterar, ya hace algunos años, de la existencia de estos hackers que ahora dicen poseer toda una ética propia. Lire la suite »

Collectif Ruptures, Réflexions sur l’autoritarisme et l’extrême droite, 2022

Notre participation au mouvement anti-passe nous a parfois amené à côtoyer des militants politiques avec lesquels nous n’avons guère en commun. Cela nous a amenés à quelques réflexions sur l’extrême droite et les conditions de son émergence, que nous vous livrons ici.

 

Nous participons régulièrement aux manifestations contre le passe sanitaire et nous constatons que ce mouvement est composite. On y trouve des personnes inquiètes du rétrécissement des libertés publiques, en questionnement sur les potentiels effets secondaires d’un vaccin d’un type nouveau sans retour d’expérience, d’autres qui prônent des médecines alternatives, des gens qui pensent que la situation actuelle a été sciemment créée et orchestrée par l’oligarchie, des gilets jaunes critiques des inégalités sociales, de la vie chère et du mépris de Macron envers les classes populaires, des soignants suspendus… et cette liste est loin d’être exhaustive. On trouve également des partis politiques d’extrême droite (notamment Civitas et les Patriotes à Grenoble), ainsi que leurs sympathisants.

Mais nous constatons surtout, avec une pointe d’amertume, une situation qu’on n’aurait pas imaginée dans nos pires cauchemars : des militants d’extrême droite, mouvance ouvertement autoritaire et inégalitaire, sont là pour scander le mot « liberté ». Alors que ceux qui, habituellement s’en revendiquent (notamment à gauche), leur laissent le terrain, et parfois même soutiennent les mesures du gouvernement. Lire la suite »

Radio: Matthieu Amiech, Compter, gérer, exploiter, 2021

Pourquoi résister à l’informatisation du monde ? Comment l’économie règne aujourd’hui sur nos vies ? Pourquoi les écologistes doivent critiquer radicalement la technologie et la société industrielle de masse ? Comment s’en défaire ?

Ce sont les questions que nous sommes allés poser à Matthieu Amiech, une des plumes du groupe Marcuse qui a signé le livre La Liberté dans le coma. Essai sur l’identification électronique et les motifs de s’y opposer en 2013 (réédition 2019). Il participe également aux éditions La Lenteur et au groupe Écran total de résistance à l’informatisation et à la gestion de nos vies.

[Voir plus bas sur cette page le texte Peut-on s’opposer à l’informatisation du monde ?]

Une interview réalisée par les membres du blog Floraison en octobre 2021.

Compter, gérer, exploiter, ainsi va la mégamachine bureaucratique:

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Racine de moins un
Une émission
de critique des sciences, des technologies
et de la société industrielle.

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Émission Racine de Moins Un n°73,
diffusée sur Radio Zinzine en janvier 2022.

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Radio Zinzine
2021: 40 ans de Radio Zinzine

.Lire la suite »

Matthieu Amiech, La gestion de la crise sanitaire nous entraîne vers une société-machine, 2021

Pour l’éditeur Matthieu Amiech, penseur critique du développement des technologies, la crise liée au Covid constitue « un effet d’aubaine pour les géants du numérique ». Face à « l’informatisation de toute la vie sociale », face à la mise « à l’arrêt » ou presque de la vie démocratique, les citoyens se retrouvent aujourd’hui « sans défense morale et politique ». Sa réponse : une « désobéissance concertée ».

 

Voilà un an que nous vivons sous le « régime Covid ». Un nouveau régime de relations sociales fait de perte du toucher, de disparition du festif, d’assèchement culturel et de reculs démocratiques. Un régime où le numérique s’impose à tous les niveaux, sans que l’impact écologique de cette mutation ne soit jamais interrogé.

Pour Matthieu Amiech, penseur de longue date du développement des technologies, celle-ci est pourtant profonde. En 2013, déjà, il alertait, dans un ouvrage collectif signé du groupe Marcuse (Mouvement autonome de réflexion critique à l’usage des survivants de l’économie), La Liberté dans le coma – Essai sur l’identification électronique et les motifs de s’y opposer, sur les menaces que fait peser la société numérique sur l’égalité et les libertés. Aujourd’hui, il s’alarme de la gestion technocratique et autoritaire de la pandémie.

Coordinateur et cofondateur des éditions La Lenteur, petite maison créée dans le Tarn en 2007, Matthieu Amiech a publié de nombreux textes critiques des évolutions technologiques, de la sphère internet au monde agricole, en passant par le nucléaire, ainsi que des ouvrages traitant d’anarchisme ou d’écologie politique. Entretien. Lire la suite »

Radio: Groupe Oblomoff, Le Monde en pièces, 2019

Présentation du second volume de l’ouvrage Le Monde en pièces, pour une critique de la gestion (éd. La Lenteur, 2019) par Nicolas Eyguesier (édition La Lenteur) et David Gaboriau (sociologue du travail).

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Source: émission Les Amis d’Orwell sur Radio Libertaire,
du 11 octobre 2019.

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Racine de moins un
Une émission
de critique des sciences, des technologies
et de la société industrielle.

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Émission Racine de Moins Un n°63,
diffusée sur Radio Zinzine en octobre 2020. Lire la suite »