Bertrand Louart, L’autonomie du vivant, 2008

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Présentation du projet « Autonomie du Vivant »

La biologie moderne postule – idée jamais analysée ni discutée – que les êtres vivants sont comme des machines. Contre toutes les évidences, d’abord sensibles, du contraire, cette approche machiniste s’est maintenue et a perdurée pour des raisons d’ordre scientifique mais aussi et surtout pour des motifs idéologiques. D’abord, l’être vivant machine est la condition incontournable de l’insertion du vivant dans le cadre réductionniste de la physique classique (qui aujourd’hui est pourtant abandonné par les physiciens eux-mêmes). Ensuite, l’être vivant machine contient la promesse de faire entrer le vivant dans toutes ses formes et manifestations, y compris humaines et sociales, dans les processus technico-bureaucratiques de production, de gestion et d’administration des choses propre à la société capitaliste et industrielle avancée.

La crise écologique et sociale actuelle, qui prend une dimension planétaire avec la mondialisation de l’économie et des technologies, n’a, pensons-nous, pas d’autre origine que cette volonté opiniâtre et obstinée de « se rendre comme maître et possesseur de la nature » (Descartes). Partout, le vivant est réduit à une chose, un objet, un système, en tous cas une abstraction à laquelle, par là même, est déniée ce qui justement distingue radicalement et irréductiblement les êtres vivants des objets inanimés et des machines ; à savoir leur activité autonome.

Or, l’idéal social qui a inspiré la civilisation libérale trouve son origine dans l’idéal de la science. Abusivement généralisé de la physique et érigé en modèle de scientificité pour les domaines où il n’a pas affaire à des objets inanimés, cet idéal vient à concevoir le monde en son ensemble comme un processus sans sujet, c’est-à-dire comme une immense accumulation d’automates, d’appareils, de processus, de choses et de marchandises.

Contre ces conceptions étriquées et mortifères, nous entendons réaffirmer que les êtres vivants ne sont pas des machines, et les êtres humains encore moins que les autres. Mais au-delà de ce constat négatif, en mettant en avant la notion dialectique d’autonomie du vivant, nous voulons tenter de comprendre l’être vivant dans ce qu’il a de spécifique, c’est-à-dire en tant que sujet à part entière, capable de faire lui-même sa propre histoire dans une certaine mesure. A travers la critique de la biologie moderne, ce sont les bases élémentaires de l’auto-organisation de la matière qu’il s’agit de comprendre, c’est le sujet à l’état natif, dans sa forme et ses manifestations les plus simples qui peuvent être élucidées.

A notre époque, dans tous les domaines de la culture et de la connaissance, le déni de l’existence du sujet est le paradigme obligé. La perte d’autonomie vis-à-vis du système industriel atteint les individus jusque dans leur vie quotidienne et engendre la dissolution des espaces de vie et d’activités communs. Toute idée d’émancipation sociale par l’auto-organisation collective et la réappropriation de la production des conditions de notre existence, est devenue littéralement inconcevable.

Une telle critique a donc d’importantes conséquences épistémologiques pour la biologie, mais elle a aussi et surtout d’importantes répercussions sociales et politiques. C’est l’articulation des unes avec les autres que nous entendons faire apercevoir dans un essai dont on trouvera ici une présentation sommaire. Cette plaquette est donc un appel à soutien pour cette recherche indépendante en même temps qu’un appel à souscription pour cet ouvrage à venir.

Bertrand Louart

est rédacteur de Notes & Morceaux Choisis,

bulletin critique des sciences, technologies et de la société industrielle ;

membre du groupe Oblomoff,

de réflexion et d’activité critique sur la recherche scientifique.

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L’Autonomie du Vivant

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