Veronika Bennholdt-Thomsen, Maria Mies : une écoféministe de la subsistance, 2023

Travaux des champs dans la ferme de ses parents, pédagogie alternative, découverte du féminisme en Inde, lutte contre la centrale nucléaire de Whyl (Allemagne), réflexion théorique sur le patriarcat capitaliste, dénonciation de la guerre planétaire menée contre la subsistance, programme de recherche mettant sur un pied d’égalité femmes du Sud et femmes du Nord, manifestations altermondialistes, création de la commission « femmes » d’ATTAC, retour à la vie villageoise : voici quelques-uns des engagements racontés par la sociologue et activiste écoféministe allemande Maria Mies dans son autobiographie intellectuelle [1]. Elle s’est éteinte le 15 mai 2023 à l’âge de 92 ans. Décoloniale et écologique avant l’heure [2], les partis pris de cette pionnière sont saisissants d’actualité. Lire la suite »

Bennholdt-Thomsen & Mies, Postmodernisme féministe, 1997

L’idéologie de l’oubli et de la dématérialisation

La tendance de certains groupes à oublier ou à « tuer » leurs origines n’est pas du tout un cas isolé et spécifique à l’Allemagne. La même chose s’est produite aux États-Unis et en Grande-Bretagne, pays d’où, sous la bannière du postmodernisme, cette tendance s’est répandue au monde entier. Le féminisme postmoderne est devenu le courant théorique dominant dans la plupart des départements universitaires d’études féministes, en particulier dans le monde anglo-saxon. Les chercheuses féministes qui ne suivent pas ce courant rencontrent beaucoup de difficultés pour trouver un poste dans un programme d’études féministes.Lire la suite »

Bennholdt-Thomsen & Mies, Feminist postmodernism, 1997

The ideology of oblivion and dematerialisation

The tendency of groups to forget or “kill” their origins is by no means an isolated case, specific to Germany. We find the same in the USA and in the UK, from where under the banner of postmodernism this tendency spread throughout the whole world. Postmodern feminism has become the dominant theoretical stream in most Women’s Studies departments, particularly in the Anglo-Saxon world. Feminist scholars who do not follow this stream experience problems in finding a position in Women’s Studies programmes.Lire la suite »

Bennholdt-Thomsen & Mies, Postmodernismus, 1997

die Ideologie des Vergessens und die Entmaterialisierung der Frau

Was wir in der deutschen Frauenbewegung über die Abkehr von den Anfängen beobachtet haben, ist keine Einzelerscheinung. Dieser Trend ist vor allem in den USA verbreitet, von wo er sich seit etwa 1980 unter dem Banner des postmodernen Feminismus als die neue theoretische Grundlage über die ganze Welt verbreitet hat.

Wie 1996 auf dem internationalen Frauenkongreß „Radical Feminist Politics“ in Melbourne berichtet wurde, ist der Postmodernismus inzwischen die herrschende Theorie an fast allen Frauenforschungs- und -studienschwerpunkten in der Welt, vor allem der angelsächsischen Welt. Frauen, die diese Theorie ablehnen, finden kaum mehr eine Stelle in den Women’s Studies. Lire la suite »

Aurélien Berlan, La revalorisation écoféministe de la subsistance, 2021

Renouveler notre vision du monde

L’exploitation de la nature est liée à celle des femmes et des pays du Sud. La subsistance – ce que l’on fait pour entretenir la vie sans passer par l’industrie – doit être réhabilitée. Car s’il peut y avoir production de subsistance sans production marchande, l’inverse n’est pas vrai.

La Perspective de la subsistance est un manifeste écoféministe injustement méconnu, publié en 1997 par les Allemandes Veronika Bennholdt-Thomsen et Maria Mies [1]. Au terme d’une vingtaine d’années d’enquête, de réflexion et de discussion menées avec un large réseau de femmes du Nord et du Sud, elles proposent une autre manière de considérer l’économie, à rebours des libéraux et des marxistes prisonniers du dogme du développement et insensibles aux destructions qui l’accompagnent. Contre la vision qui disqualifie la production locale de subsistance (des biens destinés à satisfaire les besoins de ceux qui les produisent, afin d’assurer leur vie en toute autonomie) au profit de la production industrielle de marchandises (des biens standardisés destinés à alimenter un marché de masse), elles préconisent que la seconde soit subordonnée à la première, afin que la vie vaille plus que l’argent. Lire la suite »

Radio: Bennholdt-Thomsen & Pruvost, La Politique de la Subsistance, 2023

Veronika Bennholdt-Thomsen et Geneviève Pruvost présentent l’ouvrage La Subsistance : une perspective écoféministe (éd. La Lenteur, octobre 2022).

Une tendance singulière et importante de l’écoféminisme : la perspective de la subsistance. Travail de (re-)production de la vie, domaine des tâches quotidiennes, invisibles, réalisés majoritairement par des femmes, la subsistance a pourtant été ignorée voire méprisée dans le féminisme comme dans l’écologie, et n’a que momentanément été remise au centre de l’attention par la crise sanitaire. La catastrophe écologique exige pourtant de repenser complètement nos manières de vivre et de travailler.

Conférences organisées par l’Atelier d’écologie politique (Atecopol) de Toulouse en avril 2023.

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Racine de moins un
Une émission
de critique des sciences, des technologies
et de la société industrielle.

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Émission Racine de Moins Un n°87,
diffusée sur Radio Zinzine en septembre 2023. Lire la suite »

In memoriam Maria Mies 1931-2023

6 février 1931 – 15 mai 2023

Maria Mies, 2011

La sociologue écoféministe allemande Maria Mies est décédée le 15 mai 2023 à l’âge de 92 ans. Elle souffrait de la maladie d’Alzheimer depuis longtemps. Elle ne se souvenait ni ne reconnaissait plus personne, y compris son mari, Saral Sarkar, qui l’a accompagnée jusqu’à son dernier souffle.

Afin de lui rendre hommage, nous publions ici la notice bibliographique établie par la chercheuse Geneviève Pruvost et figurant dans son livre Quotidien politique, féminisme, écologie et subsistance (éd. La Découverte, 2021). Lire la suite »

Maria Mies, Avons-nous besoin d’une nouvelle « économie morale » ?, 1991

Maria Mies, 2011

Il est désormais bien établi que les plus grands problèmes auxquels le monde est confronté aujourd’hui – la destruction de l’environnement, la faim et la pauvreté dans le « tiers-monde » et le danger de guerre – sont le résultat du modèle de développement dominant, à savoir la croissance illimitée des biens et des services, des revenus monétaires, du progrès technologique et d’un bien-être fondé sur une abondance de marchandises produites industriellement. Il faut également être conscient que ce modèle, qui prévaut dans les pays riches du Nord, ne peut être généralisé au reste du monde. Lire la suite »

Maria Mies, Do We Need a New “Moral Economy”?, 1991

Maria Mies, 2011

It is well known by now that the biggest problems the world is facing today – ecological destruction, hunger and poverty in the “Third World”, and the danger of war – are an outcome of the prevailing development model of unlimited growth of goods and services, of money revenue, of technological progress, and of a concept of well-being, identified as an abundance of industrially produced commodities. It should also be known that this model, which prevails in the affluent countries of the North, cannot be generalized to the rest of the world. Lire la suite »