Finrrage-Ubinig, La déclaration de Comilla, 1989

La déclaration de Comilla (1989) :
un manifeste féministe contre
la procréation médicalement assistée

 

Il y a quelque temps de cela, la lecture d’un vieux numéro des Cahiers du GRIF ayant pour titre De la parenté à l’eugénisme [1] a attiré notre attention sur l’existence d’un réseau féministe des années 1980, Finrrage. Un des articles les plus intéressants du numéro, “Le projet Manhattan de reproduction”, portait la signature d’une des membres actives du réseau, l’Américaine Gena Corea ; et, à la fin de la revue, on trouvait ces informations (accompagnées d’adresses postales et de numéros de téléphone fixe) :

« Le groupe le plus efficace sur le plan de l’action de résistance et de critique [contre les nouvelles technologies de reproduction] demeure cependant Finrrage – Feminist International Network of Resistance to Reproductive and Genetic Engineering. Fondé en 1984 par cinq [sic] militantes de choc (J. Hanmer et R. Duelli-Klein d’Angleterre, R. Rowland d’Australie, G. Corea, R. Arditti et J. Raymond des USA), Finrrage a depuis organisé une série de rencontres internationales et était présent à l’audition des femmes au Parlement européen en 1986. […] Le réseau vient aussi d’annoncer la création d’une revue consacrée aux nouvelles techniques de reproduction, dont le premier numéro est prévu en mars 1988. […] Le titre sera : Reproductive and Genetic Engineering ; elle reflétera les objectifs et les préoccupations de Finrrage, qui visent à rejeter l’application de ces techniques car elles impliquent une conception patriarcale aussi bien que des risques énormes pour les femmes. Il existe aussi un réseau français de Finrrage qui regroupe des femmes d’horizons divers et organise des réunions de travail et d’échange d’informations. » [p. 155]

Nous avons alors cherché à en savoir plus. Nous voulions connaître l’histoire de ce réseau, comment ces femmes formulaient leurs craintes et leur opposition, quelles actions elles avaient menées ; enfin, comment cette histoire s’était finie et pourquoi elle était restée sans suite, puisque avant 2016 nous n’en avions jamais entendu parler. Cette recherche s’est avérée laborieuse et nous n’avons pas trouvé toutes les réponses, loin de là. Mais nous avons pris connaissance du manifeste de ce réseau, sur Internet, et nous avons pensé qu’il était important de le traduire en français pour contribuer à un débat jusqu’ici verrouillé sur les (plus si) nouvelles technologies de reproduction. Il s’agit de la déclaration de Comilla, en trente-huit points, adoptée par cent quarante-cinq personnes réunies au Bangladesh en 1989, et qui constitue le point d’orgue de discussions menées dans les mouvements féministes de différents pays entre les années 1970 et cette date. Le deuxième texte, qui est accolé au premier sur Internet, nous a semblé également digne d’intérêt : il a été écrit par des universitaires américaines faisant partie de Finrrage et il développe un peu certains arguments du manifeste.

Ces deux textes ont à nos yeux le mérite d’énoncer une opposition ferme à des technologies comme la procréation médicalement assistée (PMA) et la gestation pour autrui (GPA), dont elles relient le développement aux politiques démographiques des États, aux avancées de l’ingénierie génétique et à l’idéologie eugéniste. Les auteures défendent la liberté d’avorter tout en refusant la médicalisation du corps de la femme ; elles défendent le libre accès aux contraceptifs tout en considérant ceux-ci avec méfiance ; elles affirment la plus grande solidarité avec les femmes rencontrant des problèmes de stérilité et avec toute personne souhaitant élever des enfants dans un cadre non conventionnel, tout en dénonçant avec ardeur l’ingénierie génétique et la caste des « techno-médecins ». Nous n’avons pas connaissance, de nos jours, de textes ou de groupes qui tiennent ensemble aussi naturellement ces différentes positions.

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Certaines formules pourront peut-être heurter le lecteur d’aujourd’hui, ou lui paraître un peu obscures – par exemple, les paragraphes qui évoquent (trop brièvement) l’eugénisme. Sans doute faut-il resituer le manifeste dans le contexte historique des années 1980 : en effet, tandis que, dans le nord de la planète, les journaux claironnaient déjà les nouvelles prouesses de la technoscience pour remédier à l’infertilité, au Sud, des campagnes de stérilisation forcée touchaient des millions de femmes en âge d’avoir des enfants. Si l’on était prêt à employer tous les moyens pour permettre à des femmes occidentales de procréer, on était aussi prêt à tout pour en empêcher d’autres de maîtriser elles-mêmes leur fertilité [2].

Il est bon de rappeler aussi que, si toutes les femmes qui ont recours à une aide médicale à la procréation ne souhaitent pas pouvoir choisir les caractères de leurs enfants, la sélection des embryons avant implantation est, en elle-même, une pratique eugéniste. On opère en effet un choix entre bons et mauvais embryons. Dans le cadre de la procréation médicalement assistée, refuser la sélection des embryons et l’élimination de ceux que l’on peut considérer comme défaillants paraît totalement irrationnel. A cela se rajoute aujourd’hui la banalisation d’une autre technique : le diagnostic pré-implantatoire, qui permet la reconnaissance et l’élimination des embryons porteurs de certaines malformations ou maladies. Or, si l’on accepte le principe qu’avec certains handicaps la vie n’est pas souhaitable, comment faire place dans cette société à ceux qui, nés naturellement, en seront porteurs ? Les échographies et l’amniocentèse nous ont déjà mis sur ce chemin, mais les technologies évoquées dans les textes ci-dessous font franchir un nouveau seuil.

À propos de sélection, le manifeste parle également des risques liés à la présélection sexuelle des embryons. Là aussi, la menace que les embryons féminins puissent faire l’objet de suppressions systématiques semble peu crédible, vu d’aujourd’hui en Europe ou aux États-Unis. Mais ce manifeste est marqué par les grandes campagnes de contrôle de la natalité menées en Chine et en Inde dans les décennies 1970-1980, avec pour résultat une hausse des infanticides et des avortements pour les enfants de sexe féminin. De nos jours, de telles tendances ne font toujours pas partie de l’histoire ancienne dans certaines parties du globe.

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Nous n’avons pas besoin de partager tout ce qui est dit par ces deux textes pour les trouver remarquables. Nous ne sommes pas nécessairement convaincus par l’emploi répété du qualificatif de « patriarcal » à propos des technologies d’assistance médicale à la reproduction. Nous savons que, dans les années 1980, plusieurs éléments venaient alimenter cette lecture. Les promoteurs de ces technologies étaient des hommes, et leurs déclarations étaient souvent empreintes d’un mépris sans fard à l’endroit des femmes. Cependant les choses semblent moins nettes vues d’aujourd’hui, quand des pans importants du mouvement féministe constituent un relais idéologique et politique essentiel de l’acceptation et de la diffusion de ces techniques. Même la gestation pour autrui fait débat et ne suscite pas une condamnation unanime dans des milieux en théorie soucieux d’égalité, de justice sociale et de dignité. Pour autant, il reste fondamentalement vrai que les femmes sont les premières victimes de ces technologies, les premières à en subir les conséquences physiques et psychologiques.

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Pour finir, à l’opposé des revendications d’une partie importante des mouvements féministes et de la gauche contemporaine qui réclament l’accès aux technologies de la reproduction pour toutes et tous, les femmes présentes à Comilla lançaient il y a vingt-neuf ans un appel vibrant à se soustraire à cette nouvelle forme d’exploitation et à entraver sa diffusion. Cela laisse assez songeur sur l’évolution du champ des idées ces dernières décennies et sur l’absence de transmission politique entre les générations. Cela donne aussi une idée de la puissance du fait accompli technologique, renforcé par la tendance certaine des intellectuels et des militants progressistes à se battre avant tout pour la diffusion des techniques existantes (ou sur le point d’être mises au point), c’est-à-dire à nager dans le sens du courant historique dominant. Malgré ces constats, si nous publions ce texte aujourd’hui c’est que nous sommes convaincus qu’il est encore temps de se battre : il est encore possible et il est urgent de s’organiser contre l’exploitation de nos corps par la science, les techno-médecins et les marchands en tout genre.

Michela Di Carlo et Matthieu Amiech

 

 


Finrrage-Ubinig [3]

Déclaration de Comilla

lors de la conférence internationale
de Comilla (Kotbari, Bangladesh)

1989

 

  1. Nous, femmes venues d’Australie, d’Autriche, du Bangladesh, du Brésil, du Canada, de Corée du Sud, du Danemark, d’Egypte, d’Espagne, des États-Unis d’Amérique, des Fidji, de France, de Hongkong, d’Inde, d’Indonésie, du Japon, de Malaisie, de Maurice, de Norvège, d’Ouganda, du Pakistan, des Pays-Bas, du Pérou, des Philippines, de République fédérale d’Allemagne, du Royaume-Uni, du Sri Lanka, de Suède, de Suisse et de Zambie, nous nous sommes réunies à Comilla, au Bangladesh, pour partager notre inquiétude à propos de l’ingénierie génétique et reproductive ; à propos également de la santé des femmes, pour ce qui regarde leur fécondité. Nous estimons qu’il est urgent de donner un coup d’arrêt aux politiques qui encouragent le développement rapide et l’application croissante de ces technologies.
  2. De par le monde, les expériences en matière d’ingénierie génétique et reproductive montrent que ces technologies dégradent un peu plus la position des femmes dans la société et exacerbent les différences existant entre les personnes en fonction de leur race, leur classe, leur caste, leur sexe et leur religion. Ces technologies contribuent également à aggraver une situation écologique déjà critique.
  3. L’ingénierie génétique et reproductive fait partie d’une idéologie eugéniste à laquelle nous nous opposons ! Cette idéologie voit les êtres humains comme étant intrinsèquement inférieurs ou supérieurs. Cela conduit à la dégradation, à la discrimination, voire à l’élimination de groupes opprimés tels que les femmes, les personnes handicapées, les personnes de certaines couleurs, races, religions, classes ou castes. Il en va de même pour les animaux ou les plantes, dont les caractéristiques sont estimées désirables ou indésirables de manière arbitraire, et font ainsi l’objet de manipulations génétiques.
  4. L’eugénisme légitime la stratégie politique de ceux qui sont au pouvoir, consistant à diviser pour régner.
  5. Les femmes ici présentes ont décrit de quelle manière l’idéologie eugéniste et le racisme sont au fondement des politiques de contrôle démographique. Nous résistons aux politiques et aux méthodes de contrôle démographique qui cachent les causes véritables de la pauvreté – l’exploitation par les riches – et réduisent les femmes à leurs organes reproductifs. Nous nous opposons à l’utilisation des femmes comme sujets d’expérimentation par la science, l’industrie et l’État.
  6. L’ingénierie génétique et de la reproduction, ainsi que le contrôle démographique sont des politiques instituées et promues dans le but affiché de régler des problèmes tels que la faim, la maladie et la pollution. Or, elles sont incapables de régler ces problèmes et détournent l’attention des causes réelles. Elles ne reflètent pas non plus les demandes et les besoins des femmes.
  7. L’ingénierie génétique et de la reproduction prétend proposer un contrôle illimité sur toutes les formes de vie. Mais bricoler les codes génétiques crée une situation parfaitement incontrôlable, où des gènes modifiés peuvent se disperser dans la nature, avec des conséquences imprévues. Ces modifications seront particulièrement dangereuses car elles déclencheront une réaction en chaîne dont on ne pourra pas retrouver l’origine. Les effets ne pourront être combattus ; ils seront irréversibles.
  8. Dans un monde de plus en plus matérialiste et consumériste, le génie génétique promet une diversité sans limites. Mais un monde patriarcal fabriqué de la main de l’homme, où tout a été trafiqué d’une manière ou d’une autre, laisse entrevoir une vie infiniment plus étriquée. Notre monde actuel, avec ses ressources limitées, offre une diversité plus grande que celle promise par le génie génétique, avec son idéologie de sélection, eugéniste et patriarcale.
  9. L’ingénierie génétique et de la reproduction est le produit d’une science dont le point de départ est l’assimilation du monde à une machine. De même qu’une machine peut être démontée en pièces détachées que l’on analyse et réassemble ensuite, les êtres vivants sont considérés comme un ensemble de composants qu’on peut examiner séparément. Les aspects de la nature qui ne peuvent être mesurés ou quantifiés sont vus comme relevant de la subjectivité et jugés sans valeur ; par voie de conséquence, ils sont écartés. Par ignorance ou mépris des interrelations complexes qui régissent la vie, les scientifiques collaborent avec l’industrie et le grand capital, en pensant qu’ils possèdent enfin le pouvoir de créer et assembler plantes, animaux et autres formes de vie bientôt peut-être même les êtres humains. Nous nous opposons à cette domination patriarcale, industrielle, marchande et raciste sur la vie.
  10. Porter et élever les enfants, s’occuper des malades et des handicapés, cultiver, conserver et préparer la nourriture, fabriquer des vêtements, subvenir à de multiples besoins humains : nous, les femmes, avons de génération en génération développé et transmis ces connaissances et compétences qui appréhendent la nature avec compassion, humanité et respect des équilibres écologiques. Nous voyons que ces connaissances et ces compétences tout comme ce que les femmes ont apporté aux arts, aux métiers artisanaux, à la culture et aux relations sociales ne sont généralement pas reconnus par la science, la philosophie et la technologie dominantes. Or ces contributions diverses ont été essentielles et continuent de l’être pour la survie des êtres humains et de toute la nature. Ce sont de précieuses réalisations et ressources humaines. Nous souhaitons réaffirmer cette tradition de femmes, la renouveler et bâtir à partir d’elle.
  11. Nous sommes fermement convaincues que l’ingénierie génétique et reproductive ne peut répondre aux besoins des femmes ou améliorer leur statut dans les sociétés d’aujourd’hui. Par conséquent, nous demandons la participation et la reconnaissance des femmes dans tous les domaines de la vie. Nous voulons que les femmes aient accès aux ressources, aux revenus, à l’emploi, à la sécurité sociale, à un environnement sûr au travail et à la maison. Fondamentalement, nous demandons des conditions de vie et de travail qui garantissent la dignité humaine à toutes les femmes de par le monde.
  12. Nous exigeons que les filles aient accès aux savoirs, ressources et compétences pratiques (par exemple l’éducation aux soins de santé primaires, y compris la nutrition) qui sont dans leur intérêt et améliorent leur bien-être. Cela donnera aux femmes plus de pouvoir sur leur vie, améliorera leur état de santé général, fera diminuer leur morbidité et leur mortalité ainsi que celles des enfants. L’éducation aux soins de santé primaires réduira le nombre de bébés naissant avec des handicaps mentaux et physiques et fera reculer l’infertilité.
  13. Nous réclamons la connaissance de méthodes contraceptives sûres, et l’accès à des moyens de contraception qui ne nuisent pas aux corps des femmes. Nous rejetons toute contrainte au nom du contrôle de la démographie, que ce soit par la force, l’incitation ou la dissuasion. Par exemple, nous rejetons les stérilisations forcées, en particulier dans des camps et lorsqu’elles visent des populations particulières. Nous exigeons un arrêt de l’utilisation des dispositifs intra-utérins dangereux, des produits injectés peu sûrs, des implants hormonaux tels le Norplant [4], des autres contraceptifs hormonaux ainsi que des vaccins contre la fertilité [5].
  14. Nous soutenons la réappropriation par les femmes du savoir, de la compétence et du pouvoir que leur confère la maîtrise des accouchements, de la fertilité et de tous les soins de santé féminins. Nous demandons que le travail des sages-femmes soit reconnu, soutenu et facilité, et réclamons que des services de sages-femmes soient rouverts et gérés par des femmes.
  15. Nous exigeons que de la documentation soit distribuée et qu’un effort d’éducation soit fait à propos des effets indésirables de toutes les méthodes de contraception.
  16. Nous exigeons que des contraceptifs pour hommes soient mis au point et que les hommes deviennent responsables de leur contraception.
  17. Nous exigeons des Nations unies et des gouvernements de nos pays que l’arrêt des politiques de contrôle démographique devienne une condition d’obtention de l’aide au développement.
  18. Nous soutenons le droit exclusif des femmes à décider si elles veulent ou non porter un enfant, sans qu’aucune contrainte ne s’exerce sur elles de la part d’un homme, d’un professionnel de santé, d’un gouvernement ou d’une religion. Les femmes ne doivent pas être poursuivies pour avoir choisi d’avorter.
  19. Nous nous opposons à la médicalisation et à la marchandisation du désir de maternité des femmes.
  20. À l’échelle internationale, nous exigeons que les conditions soient réunies pour que différentes formes sociales de parenté répondent aux besoins des enfants et des personnes souhaitant s’occuper d’enfants. En particulier, la maternité et les soins aux enfants devraient être les préoccupations de la société dans son ensemble plutôt qu’une responsabilité exercée individuellement par des femmes.
  21. Nous condamnons les hommes et les institutions masculines qui infligent l’infertilité aux femmes par la violence, la stérilisation forcée, la maltraitance médicale et la pollution industrielle ; puis qui reproduisent les mêmes dégâts avec des technologies de « réparation » non moins violentes.
  22. Au vu de la détérioration de la vie des femmes due à l’application de sciences et de technologies patriarcales, nous appelons de nos vœux un procès international public, organisé par des femmes, qui jugerait la médecine pour ses crimes à l’encontre des femmes.
  23. Nous réclamons que des recherches soient faites pour prévenir l’infertilité, et en même temps que l’on arrête de stigmatiser les personnes infertiles. L’infertilité doit être reconnue comme une condition sociale et non comme une maladie.
  24. Nous nous élevons contre l’usage de la fécondation in vitro dans les pays qui cherchent à augmenter ou diminuer le nombre de naissances. Il s’agit d’une technologie dangereuse et déshumanisante. Elle utilise les femmes comme des terrains de recherche et des productrices d’ovocytes et d’embryons – ovocytes et embryons eux-mêmes considérés comme des matières premières permettant aux scientifiques de mieux contrôler la « qualité » des êtres humains qu’ils produisent, et permettant aux multinationales d’accroître leurs profits. En outre, c’est une technologie qui rencontre de nombreux échecs et soustrait des ressources aux soins nécessaires à la santé et la fécondité des femmes.
  25. La discrimination sociale à l’encontre des femmes est aggravée par les technologies de détermination et de présélection du sexe, qui donnent lieu dans certains pays à un ratio hommes/femmes de plus en plus défavorable aux secondes. Nous exigeons une interdiction de l’utilisation de ces technologies en ce sens.
  26. Nous sommes contre tout parti pris ou discrimination à l’encontre des personnes handicapées, y compris ceux qu’induisent le dépistage et le conseil génétiques. Dans le contexte actuel, nous sommes en particulier opposées au séquençage du génome humain (Human Genome Project). Le diagnostic prénatal, le dépistage et le conseil génétiques ne sont pas la solution au problème des handicaps. Nous demandons plutôt la suppression des médicaments dangereux, des radiations, des produits chimiques dangereux sur le lieu de travail et dans l’environnement, et une solution aux problèmes de la malnutrition et des maladies infectieuses évitables.
  27. Les personnes handicapées doivent être intégrées à la société et méritent le respect dû à tout être humain. La prise en charge de ces personnes doit relever d’une responsabilité collective et non demeurer un problème individuel.
  28. Nous condamnons tout trafic, national ou international, de femmes, d’ovocytes et d’embryons, d’organes humains, de parties du corps, de cellules ou d’ADN (matériel génétique), surtout quand c’est à des fins de « prostitution reproductive » – quand des femmes sont exploitées comme incubateurs humains, notamment les femmes pauvres et les femmes dans des pays pauvres. Nous nous élevons également avec force contre les « usines à bébés », ainsi que les agences d’adoption et de gestation pour autrui à but lucratif.
  29. Nous nous opposons à la dissémination volontaire d’organismes génétiquement modifiés dans le monde, en raison de leurs effets imprévisibles et irréversibles sur l’environnement et la santé. Nous considérons d’ailleurs que le recours au génie génétique dans les laboratoires et les usines (biotechnologies) équivaut à de la dissémination volontaire, car les organismes génétiquement modifiés peuvent être disséminés de manière accidentelle.
  30. La dissémination volontaire d’organismes génétiquement modifiés et les normes de sécurité dans les usines et les instituts de recherche sont des problèmes de niveau international, qui ne peuvent pas être traités seulement par certains gouvernements. L’impossibilité d’un contrôle démocratique national et international de cette ingénierie nous pousse à rejeter toutes les formes de génie génétique.
  31. Nous rejetons strictement toute loi qui autoriserait le brevetage du vivant et des processus utilisant le vivant.
  32. Nous condamnons l’utilisation des pays pauvres comme terrains d’expérimentation pour les organismes transgéniques et autres produits issus du génie génétique, tels que l’hormone de croissance bovine, le vaccin contre la rage, etc.
  33. Nous craignons que la mise au point et l’utilisation des technologies génétiques en agriculture ne reproduisent et aggravent les dégâts déjà occasionnés par la « révolution verte ». Elles risquent d’approfondir la dépendance économique des pays pauvres à l’égard des pays riches et de concentrer le pouvoir dans les mains de quelques acteurs, à l’échelon tant national qu’international.
  34. Nous exigeons que les technologies et les politiques qui transforment la nourriture naturelle en nourriture artificielle et plus chère soient stoppées.
  35. Nous nous opposons à la pénalisation et à la répression des femmes qui critiquent l’ingénierie génétique et reproductive, ou qui s’insurgent contre l’ensemble des technologies déshumanisantes.
  36. Nous appelons de nos vœux des technologies adaptées aux êtres humains, c’est-à-dire qui ne bafouent pas leur dignité ni ne dégradent leurs relations. Nous souhaitons qu’elles soient réversibles, c’est-à-dire qu’elles puissent supporter l’erreur, et qu’elles participent à la préservation de la diversité biologique, culturelle et sociale de tous les êtres vivants. Les technologies doivent se prêter à la prise de décision collective et au contrôle démocratique.
  37. Nous, femmes ici réunies (chercheuses en sciences naturelles et en sciences sociales, médecins, avocates, militantes du droit à la santé, journalistes, démographes, membres d’organisations œuvrant pour le développement, travailleuses sociales ou enseignantes…), sommes actives de longue date autour des problèmes relatifs aux femmes, à la santé, aux droits humains, à l’éducation ou encore à la science, à la technologie et à l’agriculture responsables. Nous avons une approche féministe dans nos activités aussi bien professionnelles que politiques. Ayant échangé sur nos vécus, nos expériences et nos savoirs, nous réaffirmons notre engagement profond en faveur d’un monde plus juste et plus humain pour tous. Nous poursuivrons ce travail, malgré les nombreuses contraintes et la répression croissante auxquelles nous faisons face sur les plans politique et professionnel.
  38. Nous appelons les femmes et les hommes du monde entier à joindre leurs forces contre les technologies déshumanisantes. Et nous exprimons notre solidarité à l’égard de toutes celles et ceux qui cherchent à préserver la diversité de la vie sur notre planète, ainsi qu’à défendre l’intégrité et la dignité des femmes.

Traduction d’Adèle Tobin et Matthieu Amiech.

 

 


Finrrage

La lutte autour des nouvelles
technologies de reproduction

 

Depuis un certain nombre d’années, les hommes contrôlent la reproduction des animaux et testent sur eux diverses techniques telles que l’insémination artificielle avec donneur, la stimulation ovarienne, la fécondation in vitro (FIV), le transfert d’embryon, les expériences sur les embryons, la gestation pour autrui et la prédétermination du sexe. Depuis peu, ces expériences menées sur les animaux sont appliquées aux femmes. Il paraît de plus en plus manifeste à beaucoup d’entre elles que ces nouvelles technologies reproductives ne sont pas des évolutions totalement inoffensives.

Les féministes critiques abordent principalement trois questions : le lien entre génie génétique et technologies de reproduction ; les sens différents que revêtent ces technologies selon qu’on est une femme du tiers-monde ou d’un pays occidental ; les conséquences du génie génétique et reproductif pour les femmes à l’avenir, mais également ici et maintenant.

Depuis le milieu des années 1970, des femmes organisent des réunions, à l’échelle nationale ou internationale, afin de mettre en question ces technologies et d’organiser des résistances. En juillet 1985, un réseau international de femmes a tenu une « conférence d’urgence sur les nouvelles technologies de reproduction », entièrement consacrée à l’ingénierie génétique et reproductive. C’est lors de cette rencontre que ce réseau s’est donné le nom qu’il utilise encore aujourd’hui : Finrrage – soit, en français, Réseau féministe international de résistance à l’ingénierie génétique et reproductive [6].

Notre premier objectif a été de diffuser des informations élémentaires, aussi bien auprès des femmes occidentales que de celles du tiers-monde. Nous avons aussi voulu souligner que ces technologies ont une incidence sur toutes les femmes. Dans un deuxième temps, nous avons souhaité formuler une position commune sur ces questions et avoir un regard critique sur les répercussions qu’ont ces technologies pour les femmes. Troisièmement, il était important à nos yeux d’aborder certains des arguments qui ont plongé de nombreuses femmes dans la confusion et qui ont dévoyé la résistance féministe à ces technologies.

La dernière réunion, tenue en mars 1989 à Comilla, au Bangladesh, a réuni cent quarante-cinq participants, dont une majorité de femmes, venus de trente pays et représentant tous les continents. Les femmes réunies à Comilla étaient chercheuses en sciences naturelles et sciences sociales, médecins, avocates, militantes du droit à la santé, journalistes, démographes, membres d’organisations œuvrant au développement, travailleuses sociales ou enseignantes… Actives de longue date autour des problèmes relatifs aux femmes, à la santé, aux droits humains, à l’éducation ou encore à la science, à la technologie et à l’agriculture responsables, elles ont une approche féministe dans leurs activités aussi bien professionnelles que politiques. Dans leur déclaration finale, les participantes ont réclamé qu’un coup d’arrêt soit immédiatement donné aux politiques qui encouragent le développement rapide et l’application croissante de ces technologies [voir la déclaration ci-dessus].

Un aperçu des nouvelles technologies de reproduction

Chaque nouvelle technologie de reproduction suit peu ou prou le même schéma. Quand elle apparaît, on la présente comme quelque chose qui s’appliquera uniquement à un petit nombre de femmes, appartenant à une catégorie précise. Mais, rapidement, le corps médical étend les indications thérapeutiques de cette technologie à un plus grand nombre, voire à l’ensemble des femmes. En obstétrique par exemple, le monitoring fœtal a été utilisé tout d’abord pour les femmes qui présentaient un risque élevé de complications. Or aujourd’hui, dans nombre de pays industrialisés, on a recours au monitoring pour la plupart des accouchements. Ce même schéma a été constaté pour les échographies, l’amniocentèse, la césarienne ou les tests génétiques.

Il est probable qu’on le retrouve pour les technologies plus récentes comme la FIV, le don d’ovocytes, la sélection du sexe de l’embryon et le diagnostic préimplantatoire. La FIV, par exemple, a été conçue pour une catégorie précise de femmes, celles dont l’infertilité était due à des trompes de Fallope bouchées ou inexistantes. Or la médecine a rapidement étendu les indications thérapeutiques de la FIV aux femmes fertiles. Certains médecins évoquent l’idée que, dans un futur proche, les personnes souhaitant procréer pourraient utiliser le sperme et les ovocy tes d’autres personnes jouissant d’une meilleure « santé » génétique. Les femmes qui bénéficieraient d’une FIV avec don d’ovocytes seraient, dans cette optique, celles qui souffrent de défauts génétiques ; celles dont les ovocytes ont subi des dommages – réels ou supposés – après une exposition à des toxines sur le lieu de travail ; celles qui ont connu plusieurs fausses couches ; ou encore des femmes de cinquante ans et plus qui aimeraient porter un enfant mais qui craindraient qu’il soit handicapé en raison de leur âge.

L’application des nouvelles technologies de reproduction à un nombre croissant de femmes conduit à une situation où les bébés deviennent des produits fabriqués industriellement par des « techno-médecins » ; à une diminution de la population féminine (avec la possibilité de sélectionner le sexe de l’embryon, une « préférence » sociale pour les garçons peut désormais se concrétiser) ; et à une intervention aveugle dans l’évolution humaine.

Aux yeux d’un grand nombre de gens, la chasse aux défauts génétiques paraît un but légitime. Mais il faut comprendre que le concept de « défaut génétique » est extensible à souhait. Dès 1976, un pionnier du transfert d’embryon disait de l’asthme congénital que c’était un défaut génétique grave. L’élimination obsessionnelle de prétendus « défauts » de la population, en quête d’une race humaine perfectionnée, pourrait aboutir à une intolérance accrue à l’égard de ceux d’entre nous qui présentent des handicaps physiques, et à une réduction du peu de services et d’aide sociale qui nous est accordé actuellement.

Contrairement à ce qu’en disent les médecins, les nouvelles technologies de la reproduction ne fournissent pas simplement des options supplémentaires pour la gestation ou une aide aux femmes infertiles. Si les techno-médecins étaient véritablement mus par la compassion à l’égard des femmes infertiles en souffrance, ils feraient, en plus – ou à la place – de leur recherche, un travail d’information et de réduction des causes évitables de stérilité. Souvent, la stérilité est iatrogène, c’est-à-dire provoquée par des interventions médicales : elle peut découler d’une opération chirurgicale à l’abdomen ou d’expérimentations sur des femmes avec des médicaments ou des dispositifs à risque, comme les traitements à l’hormone synthétique diéthylstilbestrol (DES) ou la mise en place de dispositifs intra-utérins. Ces mêmes médecins pourraient aussi se demander quel est le prix à payer physiquement, émotionnellement et existentiellement pour les femmes qui sont aiguillées vers la procréation médicalement assistée.

Le choix

« Le droit de choisir » de la femme a été un motif central des batailles pour le droit à l’avortement, pour la liberté sexuelle, la liberté de choisir ses partenaires et d’utiliser des contraceptifs. Mais notons que le « choix », lorsqu’il s’agit d’avortement, est synonyme de maîtrise. Nous devons donc poser la même question pour les technologies de la reproduction : est-ce que le prétendu « choix » de ces technologies accroît la maîtrise que la femme exerce sur elles, et sur sa vie ? D’après nous, pour de nombreuses femmes, ce n’est clairement pas le cas. En réalité, ce « choix » que font quelques individus de sexe féminin fait courir un risque aux femmes dans leur ensemble, car ces nouvelles technologies de reproduction les transforment en laboratoires vivants et leur enlèvent, lentement mais sûrement, tout contrôle sur la procréation.

Choisir parmi des possibilités indésirables ou mauvaises ne constitue pas véritablement un choix. La douleur, l’humiliation et le danger d’un protocole de fécondation in vitro, comme alternative à la dégradation de l’estime de soi, à la dévalorisation et à la solitude suscitées par la stérilité, ne représentent aucunement un choix, au sens que la plupart des féministes veulent donner à ce mot. Notons aussi que la possibilité de choix proposée à certaines femmes repose sans conteste sur l’absence de choix pour d’autres. En outre, tandis que des millions de femmes n’ont pas accès aux soins de santé dont elles ont besoin, tandis qu’elles et leurs enfants vivent dans la pauvreté, des sommes d’argent colossales sont consacrées à l’entretien et au développement des technologies de reproduction.

Nous vivons dans une société qui définit « une bonne mère » comme une femme qui n’est ni célibataire, ni lesbienne, ni handicapée, ni âgée. Des jeux de pouvoir sont déjà à l’œuvre dans ces nouvelles technologies pour sélectionner les femmes « adéquates » pour la maternité.

On ne peut revendiquer le « droit de choisir » en l’isolant du mouvement révolutionnaire de libération des femmes. On ne peut pas non plus avoir recours à des solutions individualistes pour régler des problèmes sociaux. Le « choix » n’a de sens que lorsque les conditions matérielles et sociales permettent de l’exercer dans l’équité et sans menacer la survie ou les droits de toutes les femmes.

Appel à l’action

Quand on débat des technologies génétiques et reproductives, nous devons avoir à l’esprit que nous ne discutons pas de l’opportunité de porter secours ou non aux femmes qui ne parviennent pas à avoir d’enfant : nous discutons d’une politique de pouvoir et de contrôle. Ce à quoi nous assistons, c’est à une course internationale, avec des milliards de dollars à la clé, dont les participants sont des scientifiques, des compagnies pharmaceutiques, des médecins et des politiciens qui mènent la conquête de cette « ultime» frontière de la domination humaine sur la nature. Ce dont nous parlons, c’est du projet de produire le « bon » enfant pour les « bons » parents dans les « bons » pays. Le désir d’aider les personnes infertiles est surtout mis en avant dans le monde occidental, tandis que, dans les pays dits « du tiers-monde », les médecins se concentrent sur la mise au point et la distribution de contraceptifs à action prolongée, qui peuvent être nocifs, comme le Depo-Provera ou le Norplant. Ils mettent en œuvre des programmes de stérilisation des femmes dans l’idée que moins il y aura d’utérus, moins il y aura de bébés, et que ce sera mieux ainsi.

Les « nouvelles » technologies de reproduction se fondent sur la même vieille idéologie qui trouve normal de maltraiter les femmes et de les exploiter comme des objets manipulables selon les besoins du groupe au pouvoir. Ce qui est nouveau, en revanche, c’est la fixation sur certaines parties du corps de la femme, que l’on utilise comme jamais auparavant et avec une intensité sans précédent. Le corps qui aura le droit (ou l’obligation) de se reproduire à l’avenir sera-t-il blanc, de classe moyenne, hétérosexuel et valide ?

Les affirmations quant au caractère thérapeutique et bienveillant de ces technologies ne sont qu’un vaste mensonge. En les rejetant, nous adoptons une position en faveur des femmes. Nous nous tenons aux côtés des femmes infertiles et non contre elles. N’oublions pas qu’en tant que femmes nous avons un atout extraordinaire : les « techno-médecins » ont besoin de nos corps (ou de certaines parties de nos corps) pour continuer leur besogne. Si nous leur refusons nos corps et exprimons publiquement notre opposition et notre colère, peut-être seront-ils obligés de s’arrêter. Nous devons cette résistance déterminée à notre génération et, plus encore, à la suivante. Si nous ne faisons pas la lumière sur ces questions et ne faisons pas entendre nos voix, la génération de femmes à venir risque d’être encore plus mutilée et opprimée que la nôtre. Nous exhortons toutes les femmes, où qu’elles se trouvent, à rejoindre cette lutte.

Gena Corea, Jalna Hanmer,
Renate D. Klein, Janice G. Raymond
et Robyn Rowland [7].

Traduction d’Adèle Tobin et Matthieu Amiech

 

Présentation et traduction française publiée dans
la revue L’Inventaire n°7, éd. La Lenteur, printemps 2018.

 

 


Présentation de la revue L’inventaire :

L’Inventaire est une revue de critique sociale à parution semestrielle dont le premier numéro est sorti en novembre 2014.

Chacun peut constater que la part de la vie qui échappe aux rapports marchands, aux procédures industrielles et administratives, et à l’appareillage technologique se réduit à presque rien. Il est déplus en plus difficile d’imaginer comment acquérir la maîtrise de nos conditions d’existence : la satisfaction de nos besoins, nos liens avec autrui, les lieux que nous habitons, les activités que nous choisissons ou subissons, les objets qui nous entourent.

Face à cette situation, le comité de rédaction de L’Inventaire se donne pour but de reprendre et poursuivre la critique du monde contemporain, par la publication de productions originales, de textes d’auteurs méconnus ou mal lus, de traductions et de contributions extérieures susceptibles de faire de cette revue un espace d’échanges et de débats. Au fil des numéros, nous ne nous refuserons l’emploi d’aucune forme, du texte documentaire à la littérature, ni le traitement d’aucun thème qui nous paraîtra faire progresser l’inventaire de ce qui, en théorie comme en pratique, reste à défendre, mérite d’être reconsidéré ou doit être écarté pour favoriser l’émancipation individuelle et collective.

Nous espérons ainsi, en diffusant d’anciennes idées et en en proposant de nouvelles, contribuer à l’élaboration d’une culture critique commune.

Le comité de rédaction

 

13 numéros parus aux éditions La Lenteur.

 


[1] II s’agit du n°36, paru à l’automne 1987. GRIF signifie Groupe de recherche et d’information féministes. La revue de ce groupe fut fondée en 1973 et elle dura (avec des temps morts) jusqu’aux années 1990. La directrice de la publication était la philosophe belge Françoise Collin (1928-2012), grande connaisseuse de Maurice Blanchot et de Hannah Arendt. Son article, “La fabrication des humains”, est très touchant par sa prudence et sa profondeur de vue.

[2] Voir à ce sujet la prise de position dès 1972 de personnes de Survivre et vivre, du Mouvement de libération des femmes (MLF), du Mouvement pour la liberté de l’avortement (MLA) et des Amis de la Terre : “Nous sommes toutes des Martiniquaises de 15 ans”, reproduite dans Céline Pessis (dir.), Survivre et vivre. Critique de la science, naissance de l’écologie, Montreuil, L’Échappée, 2014, p. 266-268 ; ainsi que le récit rétrospectif de l’historienne Françoise Vergés dans un entretien avec Naïké Desquesnes, “Le pouvoir colonial vise les femmes”, dans CQFD n°155, juin 2017.

[3] Ubinig est une ONG bangladaise dont l’acronyme signifie en français : “Recherche sur des politiques alternatives de développement”.

[4] Le Norplant est un implant sous-cutané à base de lévonorgestrel. Il fut largement promu lors des campagnes de contraception dans les pays du Sud. Ses effets secondaires sont importants et de longue durée. [NdE]

[5] Le vaccin contre la fertilité est développé par l’Organisation Mondiale de la Santé depuis la fin des années 1980. Il s’agit d’un vaccin qui agit contre la HCG, ou gonadotropine humaine, une protéine qui joue un rôle important pendant les quatre premiers mois de la grossesse. [NdE]

[6] En anglais : Feminist International Network of Résistance to Reproductive and Genetic Engineering. [NdE]

[7] Cet article est une version remaniée – à l’occasion de la publication du manifeste de Finrrage, en 1989 – du prologue au livre Made to Order. The Myth of Reproductive and Genetic Progress, ouvrage collectif dirigé par Patricia Spallone et Deborah Lynn Steinberg, Oxford (Royaume-Uni), Pergamon Fress, 1987. [NdE]

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