Ne sous-estimez pas les capitalistes, leurs capacités d’adaptation et leurs ruses. S’ils s’intéressent aujourd’hui à l’écologie, c’est pour mieux nous récupérer et nous vendre un monde apparemment nouveau dont, en fait, ils garderont le contrôle. N’attendons pas l’avènement des éco-fascistes pour promouvoir une société « libre et non marchande ».
Quand ont paru le mémorandum Mansholt et le rapport Meadows au Club de Rome, la première réaction, chez beaucoup d’entre nous, était jubilante : enfin, le capitalisme avouait ses crimes. Il avouait que la logique du profit l’avait conduit à produire pour produire ; à rechercher la croissance pour la croissance ; à gaspiller des ressources irremplaçables ; à ravager la planète ; à rendre de plus en plus compliquée et onéreuse la satisfaction de besoins élémentaires (respirer, récupérer, se tenir propre, se loger, se mouvoir, etc.) ; à accroître la frustration des gens en même temps que la masse des biens marchands venus remplacer ce qui avait été gratuit jusque-là : l’air, le soleil, l’espace, les forêts, les mers… Il avouait que ça ne pouvait pas continuer ainsi sous peine de catastrophes menaçant d’extinction les formes supérieures de vie sur terre. Il reconnaissait que toutes les valeurs de la civilisation capitaliste devaient être réexaminées : il fallait changer la façon de vivre, de consommer, de produire. Voilà le sens que, sans trop forcer, on pouvait trouver au mémorandum Mansholt et au rapport Meadows : ils apportaient de l’eau au moulin de tous ceux qui refusaient le capitalisme parce qu’ils en refusaient la logique, les prémisses et les conséquences. Lire la suite »