Jean Giono, L’homme qui plantait des arbres, 1953

La nouvelle de Jean Giono qui suit a été écrite vers 1953 et n’est que peu connue en France. Par contre, traduite en treize langues, elle a été largement diffusée dans le monde entier et si appréciée que de nombreuses questions ont été posées sur la personnalité d’Elzéard Bouffier et sur la forêt de Vergons. Si l’homme qui plantait des chênes est le produit de l’imagination de l’auteur, il y a eu effectivement dans cette région un énorme effort de reboisement surtout depuis 1880. Cent mille hectares ont été reboisés avant la première guerre mondiale, surtout en pin noir d’Autriche et en mélèze d’Europe, ce sont aujourd’hui de belles forêts qui ont effectivement transformé le paysage et le régime des eaux.Lire la suite »

Jean Giono, Protestation contre l’installation d’un centre nucléaire à Cadarache, 1961

La municipalité de Manosque (Je cite cette ville parce que c’est la plus importante de la région), le Conseil général des Basses Alpes et les élus du département ont accepté bêtement (je tiens au mot), et même avec un enthousiasme de naïveté primaire et de politique de comice agricole, la création du Centre nucléaire de Cadarache.

Je voudrais poser trois questions :

1. Le centre, qui a été présenté aux populations comme un centre d’étude, ne serait il pas en fin de compte un centre de production ?

2. Est-il exact que le recrutement des spécialistes destinés à ce centre, qui devait être assuré par volontariat, a les pires difficultés pour trouver des volontaires et qu’on est obligé de désigner le personnel d’office ?

3. Étant donné qu’on va me répondre sûrement que même la production à Cadarache ne présentera aucun danger, pourquoi ce centre inoffensif n’a t il pas été installé tout simplement à Paris et plus spécialement dans les jardins inutiles de l’Élysée ? La proximité de la Seine lui assurerait plus certainement que la Durance le débit d’eau nécessaire à son fonctionnement.

Cadarache est à 8 kilomètres à vol d’oiseau de Manosque : 10 000 habitants ; à 4 kilomètres de Corbières, Sainte-Tulle, Vinon : ensemble d’environ 4 000 habitants ; à 9 kilomètres de Gréoux-les-Bains : station thermale ; à 600 mètres de la route nationale Marseille-Briançon, à trafic intense.

Si on me répond que le site de l’Élysée est magnifique, sans en disconvenir, je répondrai que celui de Cadarache ne l’est pas moins. Si on me dit que, malgré son innocuité certifiée, ce centre nucléaire ferait courir quelque danger à Paris et aux hôtes de l’Élysée, je répondrai que notre sort et celui de nos enfants présents et futurs nous sont également très chers.

Bref, il s’agirait de savoir quel est le prétexte qu’on peut faire valoir pour justifier physiquement et métaphysiquement l’implantation de ce centre nucléaire (assuré inoffensif comme tous les centres nucléaires) dans le site de Cadarache.

Jean Giono (1895-1970)