Emma Mawdsley, Après Chipko, 1998

De l’environnement à l’autonomie de l’Uttaranchal

Résumé

Bien que le mouvement Chipko ait pratiquement disparu de sa région d’origine, il reste l’un des exemples les plus fréquemment mis en avant d’un mouvement environnemental et/ou d’un mouvement de femmes dans le Sud. Un nombre restreint mais croissant de commentateurs critiquent aujourd’hui une grande partie des théories néo-populistes sur Chipko, et cet article donne un aperçu de ces critiques. Il approfondit ensuite le débat en se référant à un mouvement plus récent dans les montagnes en faveur de l’autonomie régionale. Ce faisant, l’auteure soutient qu’il est possible de faire un exposé plus plausible des problématiques liées au genre, à l’environnement et aux rapports à l’État dans la région de l’Uttaranchal, et ainsi d’illustrer les faiblesses courantes des interprétations néo-populistes de Chipko et d’autres mouvements sociaux dans le Sud. Lire la suite »

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Emma Mawdsley, After Chipko, 1998

From Environment to Region in Uttaranchal

Abstract

Although the Chipko movement is practically non-existent in its region of origin it remains one of the most frequently deployed examples of an environmental and/or a women’s movement in the South. A small but growing number of commentators are now critiquing much neopopulist theorising on Chipko, and this article provides an overview of these critiques. It then takes the debate further with reference to a more recent regional movement in the hills. By doing so, the author argues that it is possible to develop a more plausible account of gender, environment and the state in the Uttaranchal region, and illustrate common weaknesses in neopopulist understandings of Chipko and other social movements in the South. Lire la suite »

Pandurang Hegde, Chipko et Appiko, 1988

Comment les gens sauvent les arbres

Table des matières

Préface

Introduction

Chapitre 1 – La légende

Chapitre 2 – De la légende à la réalité

Chapitre 3 – Croissance et développement du mouvement

Chapitre 4 – De Chipko à Appiko

Chapitre 5 – Évaluation globale

Petit glossaire

Bibliographie

Carte à l’intérieur de la couverture [Prochainement sur vos écrans !]

[Brochure originale de 48 p. avec 9 photos et une carte de l’Inde]

Traduit de l’anglais par Annie Gouilleux, décembre 2022.

 


Préface

Chipko et Appiko trouvent actuellement la place qui leur revient dans les annales modernes de l’action non violente. Le but de la série “Non-violence” dans l’action du Quaker Peace & Service (QPS) est à la fois d’informer et d’inspirer ceux qui souhaitent mettre au point des solutions alternatives positives à la violence et nous pensons que l’histoire que raconte Pandurang Hegde est assez forte pour le faire. The Right Livelihood Foundation a octroyé une récompense au mouvement Chipko en décembre 1987 [1] et nous espérons que cela lui permettra d’être mieux reconnu et d’intéresser davantage d’autres pays.

Pandurang Hegde est l’un de mes amis. Nous avons travaillé ensemble sur un projet dans le centre de l’Inde. J’ai vu évoluer l’étudiant de troisième cycle doué et motivé et devenir un activiste engagé. Il a rejeté « la méthode professionnelle du développement rural » et s’est engagé courageusement sur la voie qui débute par le « chômage ». Il nous a également apporté son esprit critique.

J’ai demandé à Pandurang de réfléchir à la portée de Chipko en Inde, d’expliquer ses méthodes non violentes et les tensions à l’intérieur du mouvement, de commenter sa base de classe et ses problèmes de genre. C’est ce qu’il a fait et davantage encore. Nombre des incidents qu’il a noté sont inconnus au-delà d’un cercle très réduit.

Nous avons dû faire notre travail d’éditeur pour un auteur avec lequel nous n’avons plus de contacts depuis plusieurs mois en raison de son départ pour « une longue marche dans la forêt » jusqu’à la source du fleuve Kali Nadi dans le sud de l’Inde. Nous espérons que le QPS rend justice à son manuscrit et que avons réussi à faire revivre la merveilleuse entreprise humaine qu’il décrit si honnêtement.

ANDREW C. CLARK
General Secretary
Quaker Peace & Service Lire la suite »

Pandurang Hegde, Chipko and Appiko, 1988

how the people save the trees

Contents

Foreword

Introduction

  1. The Legend
  2. From Legend to Reality
  3. The Growth and Development of the Movement
  4. From Chipko to Appiko
  5. An Overall Assessment

Short Glossary

Bibliography

Map Inside back cover [Comming soon as possible!]

[original booklet of 48 p. with 9 photo and a map of India]


Foreword

Chipko and Appiko are finding their rightful place in the modern annals of nonviolent action. The purpose of QPS’ Nonviolence in Action series is both to inform and inspire those who wish to develop positive alternatives to violence and we believe that the story told by Pandurang Hegde has the power to do so. The Right Livelihood Foundation made an award to the Chipko Movement in December 1987, and we hope that this will increase international interest and recognition still further.

Pandurang Hegde is a personal friend. We worked together on a project in central India. I have watched his development from an able and highly motivated post-graduate to a committed activist. He rejected “the professional approach to rural development” and took the courageous route which starts with “unemployment”. He also took his critical faculties with him.

I asked Pandurang to reflect on the extent to which Chipko had spread in India, to explain its nonviolent methodology and the tensions within the movement, to comment on its class basis and the gender issues. He has done so, and much more. Many of the incidents which he records are unknown outside a very small circle.

We have had to perform our editorial tasks with an author who was last in contact with us several months ago, prior to setting off on a “long forest march” to the source of the Kali Nadi river in south India. We pray that QPS has done justice to his manuscript and brought to life the wonderful human endeavour which it so honestly reviews.

ANDREW C. CLARK
General Secretary
Quaker Peace & ServiceLire la suite »

Shobita Jain, Les femmes défendent les arbres, 1982

Leur rôle dans le mouvement Chipko

Le mouvement Chipko a attiré l’attention du monde entier. Cette image de paysannes pauvres des montagnes du nord de l’Inde enlaçant de leurs bras des arbres pour empêcher qu’on les abatte, est aussi touchante qu’admirable. La réalité, à maints égards, rejoint l’image : le mouvement Chipko peut vraiment être considéré comme une importante victoire dans le combat pour les droits de la femme, dans le processus du développement des collectivités locales grâce à la forêt et dans celui de la protection de l’environnement. Il a cependant d’autres répercussions plus complexes. Il importe de bien comprendre l’histoire de ce mouvement ainsi que le contexte dans lequel il a pris naissance et continue à évoluer.

 

Comme il n’existe pas de société en état d’équilibre structural parfait, il surgit toujours des situations conflictuelles. Par ailleurs, toutes les sociétés ont institutionnalisé les moyens de déceler et de résoudre ces conflits. S’il apparaît nécessaire de modifier ou de transformer d’une certaine façon les structures, on recourt sous une forme ou sous une autre à la mobilisation collective de la population et de ses ressources, action que l’on qualifie de « mouvement social ». Cependant, on observe parfois une résistance collective à un changement social. En bref, un mouvement social peut avoir pour objet soit de modifier, soit de préserver l’ordre des choses – soit les deux à la fois. Lire la suite »

Shobita Jain, Standing up for trees, 1982

Women’s role in the Chipko Movement

The Chipko Movement has attracted world-wide attention. The image of poor, rural women in the hills of northern India standing with their arms around trees to prevent them being cut down is a romantic and compelling one. The reality, in many ways, fits the image: the Chipko Movement can indeed be considered an important success story in the fight to secure women’s rights, in the process of local community development through forestry and in environmental protection. But there are more complicated implications as well. It is important to understand the history of Chipko and the context in which it arose – and is still evolving.

 

Since no society is found in a state of perfect structural equilibrium, there are always situations of conflict. Each society, moreover, has institutionalized ways and means of articulating and resolving such conflicts. If a need is felt for altering or transforming structures in a certain fashion, some form of collective mobilization of people and their resources is resorted to; such an activity is given the name of “social movement”. By contrast, there is also sometimes collective resistance to social change. Social movements, in short, can aim at either changing or preserving the way things are – or both. Lire la suite »

Shobita Jain, En defensa de los árboles, 1982

La función de la mujer en el movimiento chipko

El movimiento chipko ha atraído la atención mundial. La imagen de campesinas pobres de las regiones montañosas de la India septentrional formando corros en torno a los árboles para evitar que los talen es romántica y conmovedora. La realidad se ajusta en muchos aspectos a esa imagen. En efecto, el movimiento chipko ha aportado una importante contribución a la lucha por el reconocimiento de los derechos de la mujer, el proceso de desarrollo de las comunidades locales a través de la silvicultura y la protección del ambiente. Pero sus repercusiones son más complejas. Es importante comprender la historia del movimiento chipko y el contexto en el que surgió y sigue evolucionando.

 

Puesto que ninguna sociedad se encuentra en estado de perfecto equilibrio estructural, siempre existen situaciones de conflicto. Cada sociedad tiene medios y formas institucionalizadas de articular y resolver tales conflictos. Si se siente la necesidad de modificar o transformar de cierta manera las estructuras se recurre a algún tipo de movilización colectiva de la población y de sus recursos, actividad que se denomina «movimiento social». Por otra parte, también hay a veces resistencia colectiva al cambio social. En pocas palabras, los movimientos sociales pueden perseguir el cambio, el mantenimiento de la situación, o ambas cosas a la vez. Lire la suite »

Joël Cabalion, Maoïsme et lutte armée en Inde contemporaine, 2011

L’État indien lutte depuis plus de quarante ans contre la guérilla maoïste. Cette confrontation a aujourd’hui gagné en ampleur et le gouvernement de Manmohan Singh a fait de la lutte contre ces mouvements une de ses priorités. Cet article revient sur les sources et l’actualité du maoïsme indien.

 

Le 3 mars 1967 un groupe de militants issus du Parti Communiste Indien (CPI) et réunis autour de Charu Mazumdar, Kanu Sanyal et Jangal Santhal fomente une révolte violente contre des grands propriétaires terriens dans le village de Naxalbari au Bengale-Occidental. Le choix de se dissocier radicalement du CPI institutionnel, l’ambition de propager la révolution armée dans les campagnes indiennes et la référence au maoïsme donnent naissance au naxalisme, du nom du village où eut lieu ce premier soulèvement. Quarante-trois ans plus tard, après de nombreux déboires et d’incessantes recompositions, le mouvement naxalite en Inde est aujourd’hui unifié. Quelle est son histoire ? Qu’en est-il aujourd’hui de son impact et quelles sont les raisons qui expliquent l’attrait de ce mouvement dans les campagnes ? Lire la suite »

Daniel Süri, Les Naxalites, 2012

la plus grande des guérillas dans la plus grande des démocraties

Une guérilla comptant des dizaines de milliers de membres dans « la plus grande démocratie du monde » ? Loin des représentations courantes du miracle du développement indien, la violence de la « modernisation », notamment dans les campagnes, et la brutalisation des rapports sociaux qu’elle a induite ont relancé de façon spectaculaire le mouvement maoïste des « naxalites », pourtant en déclin à la fin des années 1970.

 

En 2006, le premier ministre indien Manmohan Singh décrivait le naxalisme comme « la plus grave menace pesant sur la sécurité intérieure de l’Inde ». Mais en Europe, le mouvement est méconnu : il est pourtant présent, le plus souvent armé, des frontières himalayennes jusqu’au Karnataka. Ses activités touchent aussi bien le Bihar que le Bengale-Occidental, le Jharkhand, l’Orissa, le Chhattisgarh que le Maharashtra et l’Andhra Pradesh, voire le Tamil Nadu.

Désignant généralement le courant indien du maoïsme, le « naxalisme » doit son nom à une insurrection paysanne ayant eu lieu autour de la localité de Naxalbari (voir encadré). Les États les plus concernés par cette guérilla maoïste forment le « corridor rouge », comme l’appelle la presse. Selon les estimations, qu’il faut néanmoins prendre avec précaution, les naxalites compteraient 20 000 combattant-e-s et 40 000 « cadres » permanents [1]. En comparaison, on rappellera que les insurgés indépendantistes du Cachemire n’étaient que 3 000. Lire la suite »

Naïké Desquesnes, Nandini Sundar et les (nouveaux) rois de la jungle, 2012

Elle a parcouru les forêts du centre de l’Inde de long en large, d’abord pour travailler à son anthropologie historique et économique des révoltes tribales à l’époque coloniale, puis pour dénoncer les exactions d’une milice financée par le gouvernement sous prétexte de combat contre la guérilla maoïste. Nandini Sundar est l’une des rares intellectuelles à avoir une réelle compréhension de ce qui se joue sur un territoire meurtri où se cristallisent les grands enjeux à venir pour le pays. En procès contre l’État du Chhattisgarh depuis cinq ans, elle a choisi d’utiliser les armes du système pour lutter contre l’impunité du pouvoir.
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