« Pour expliquer une machine, on ne sçauroit mieux faire que de proposer son but et de montrer comment toutes ses pièces y servent »
Leibniz, Suite de la réponse à Nicaise
« Dans l’étude de n’importe quel système biologique, à n’importe quel niveau de complexité, on peut poser deux types de questions : quel en est le fonctionnement ? et quelle en est l’origine ? »
François Jacob, Le jeu des possibles, p. 65.
Résumé :
La biologie expérimentale classique est une science relativement jeune. Annoncée par les intuitions de Descartes et le projet théorique de Lamarck, elle ne s’est affirmée que dans la seconde moitié du XIXe siècle grâce aux travaux des grands physiologistes allemands (Dubois Reymond, Karl Ludwig von Helmholtz) et français (Claude Bernard et ses disciples, Paul Bert, etc.). De la physiologie, elle a gagné l’embryologie, puis la bio-chimie. Adoptant la physique classique comme modèle de scientificité, cette biologie s’est voulue expérimentale, opérant sur des objets identiques, réductionniste, déterministe et causale. Par ses succès ininterrompus depuis 1850, elle s’est acquis un statut scientifique bien défini et parfaitement respecté.
Cependant, depuis la renaissance du darwinisme sous la forme de la Théorie synthétique de l’évolution, un nouveau type d’explication biologique s’est développé. Déjà décrite par Julian Huxley (1942), G.G. Simpson et Th. Dobzhansky, cette biologie a été développée par Ernst Mayr sous le nom de « biologie de l’évolution », par opposition à la « biologie du fonctionnement » que constitue la biologie classique. Cette nouvelle biologie cherche à expliquer l’existence des structures morphologiques ou comportementales par l’évaluation de leur « valeur sélective ». Par son caractère de reconstruction historique et son usage de la téléonomie, elle relève d’une épistémologie spécifique, exige une prudence particulière, mais contribue à notre compréhension de la nature et des formes vivantes.Lire la suite »