D’où viens le coronavirus ?
Pas un jour ne passe sans qu’un gouvernement ne prenne des mesures spectaculaires face à l’épidémie de coronavirus. L’état d’urgence est déclaré, des millions de personnes sont confinées, les vols provenant d’Europe sont interdits aux États-Unis et les écoles françaises sont fermées. S’il est évident que face aux progrès de la maladie, des mesures s’imposent, il n’en demeure pas moins que les causes profondes de l’apparition du coronavirus demeurent absentes tant des débats qui font rage en ce moment que des politiques sanitaires menées par les différents gouvernements. Dans cet entretien réalisé le 11 mars 2020, le biologiste Rob Wallace souligne la responsabilité de l’agro-industrie dans l’émergence de nouvelles infections et esquisse des mesures radicales pour les empêcher : des mesures contre le capital.
Quel danger représente ce nouveau coronavirus ?
Rob Wallace : Cela dépend de différents facteurs. Où en est l’épidémie locale dans votre région ? Au début, au pic, à la fin ? Quelle est la qualité de la réponse en matière de santé publique ? Quelles sont les données démographiques locales ? Quel âge avez-vous ? Êtes-vous immunologiquement compromis ? Quel est votre état de santé sous-jacent ? Et puis il y a des facteurs qui ne sont pas diagnostiquables, par exemple, est-ce que votre immunogénétique, la génétique sous-jacente à votre réponse immunitaire, s’aligne ou non avec le virus ?
Toute cette agitation autour du virus n’est donc qu’une tactique pour nous faire peur ?
Non, certainement pas. Au niveau des populations, le Covid-19 affichait un taux de mortalité de 2 à 4 % au début de l’épidémie à Wuhan. En dehors de Wuhan, le taux de mortalité baisse à environ 1 %, voire moins, mais il paraît aussi augmenter par endroits, notamment en Italie et aux États-Unis. Sa mortalité ne semble donc pas très élevée par rapport, par exemple, au SRAS à 10 %, à la grippe de 1918 à 5-20 %, à la « grippe aviaire » H5N1 à 60 % ou, à certains endroits, au virus Ebola à 90 %. Mais elle dépasse certainement le taux de 0,1 % de la grippe saisonnière. Le danger ne se limite pas au taux de mortalité. Nous devons nous attaquer à ce que l’on appelle la pénétrance ou le taux d’attaque communautaire, c’est-à-dire la proportion de la population mondiale touchée par l’épidémie. Lire la suite »