Radio: Céline Lafontaine, Bio-objets et civilisation in vitro, 2021

Céline Lafontaine présente son ouvrage Bio-objets, Les nouvelles frontières du vivant, publié aux éditions du Seuil en mars 2021. Conférence donnée à l’Institut de recherches sociologiques UniGe de Genève en octobre 2021.

A l’heure où l’on s’inquiète de l’avenir de la biodiversité, de nouvelles formes de vie éclosent chaque jour dans les laboratoires du monde globalisé. À mi-chemin entre le biologique et l’artificiel, les bio-objets (gamètes, embryons, cellules souches) sont les descendants directs des technologies in vitro qui ont permis de cultiver des cellules et des tissus vivants. Or ces entités biologiques sont, malgré leur omniprésence, des objets insaisissables dont la vitalité brouille de manière concrète le découpage culturel entre sujet et objet, entre nature et artifice, entre humain et non-humain. Dotés d’une très grande plasticité, ils peuvent être congelés, modifiés, transplantés, transportés et échangés. En quoi leur production croissante transforme notre rapport au vivant et à l’identité corporelle ? Quelles implications matérielles, économiques, sociales et culturelles sous-tendent leur prolifération ?

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Racine de moins un
Une émission
de critique des sciences, des technologies
et de la société industrielle.

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Émission Racine de Moins Un n°76,
diffusée sur Radio Zinzine en juin 2022.

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Tous les articles de Céline Lafontaine sur Sniadecki.

 


Civilisation in vitro : « On crée des bio-objets sans les maîtriser, à la manière de Frankenstein »

 

Gamètes, cellules souches, ovocytes… On fabrique des objets vivants par millions comme l’on produit des objets inertes, de manière standardisée et industrielle. Le tout sans réelle prise de recul. C’est ce que décrit la sociologue Céline Lafontaine dans Bio-objets, les nouvelles frontières du vivant, paru aux éditions du Seuil en mars 2021.

 

Des ovocytes congelés, de la peau artificielle imprimée en 3D, des cellules souches animales ou humaines… Une myriade de « bio-objets » , ces objets hybrides mi-vivants mi-artificiels cultivés dans les laboratoires, peuplent notre monde. Ils sont utilisés en médecine, en agriculture, mais aussi dans l’industrie pharmaceutique et cosmétique. Ils sont produits de manière industrielle, dans une logique productiviste, et sont souvent porteurs de grand espoir : donner la vie, réparer, régénérer, soigner l’incurable. Pour la chercheuse Céline Lafontaine, ils méritent une attention particulière car ils changent fondamentalement notre rapport au vivant. Ils « procurent la dangereuse illusion de maîtriser la vie, de pouvoir la créer et la refaçonner à volonté » , écrit-elle dans Bio-objets, les nouvelles frontières du vivant (Seuil, 2021).

Cette professeure de sociologie à l’Université de Montréal étudie depuis plus de quinze ans les problématiques liées au vivant et aux technosciences. Avant ce dernier ouvrage, elle publiait au Seuil La société postmortelle. L’individu, la mort et le lien social à l’ère des technosciences (2008), et Le Corps-Marché. La marchandisation de la vie humaine à l’ère de la bioéconomie (2014). Dans Bio-objets, elle livre une enquête fouillée et fascinante sur les caractéristiques de ces bio-objets, qui prolifèrent en silence. Son analyse est nuancée, mais critique sur le peu de questionnements suscités par ces nouvelles formes de vie.

Dans votre livre vous parlez d’une « civilisation in vitro » . Pourquoi les technologies in vitro sont une caractéristique clé de notre civilisation ?

Céline Lafontaine : Les premières images que l’on a de notre époque sont souvent numériques. On a beaucoup parlé de la société de communication, d’information, à travers internet et le cyberespace notamment. Mais si on s’intéresse à notre rapport concret au vivant, à nous-mêmes et au monde, ce sont surtout les bio-objets qui le définissent. Je parle de civilisation in vitro d’abord parce que des millions d’êtres humains sont nés de fécondation in vitro. Toute l’agriculture industrielle, donc tout ce qu’on mange relève des technologies in vitro. Une grande partie de la médecine, de la recherche biomédicale aussi. Les bio-objets sont à la fois invisibles – il n’y a pas grand-chose à voir dans une boîte de Petri – et partout. Il faut s’y intéresser car ils inversent toutes les catégories de notre société occidentale : vivant et non-vivant, sujet et objet. Ils déconstruisent la vie organique, en permettant de transformer et manipuler le vivant.

Vous décrivez une accélération du nombre de bio-objets, et ce dans tous les secteurs, et même une industrialisation de leur production. Comment expliquer jusqu’ici l’absence de débat philosophique et sociologique à l’égard de ces objets ?

C.L. : Ils sont invisibilisés. Ce sont des objets qui sont élaborés dans les laboratoires, des cliniques, des hôpitaux, donc ils ne sont pas accessibles facilement. Ils forment notre trame de vie quotidienne, mais ce ne sont pas des objets du quotidien. Ils demeurent cachés. Même s’ils sont devenus des icônes. Quand on pense aux sciences de la vie, la première image qui vient souvent est une boîte de Petri, une cellule in vitro. Ils font donc partie de notre imaginaire mais nous n’y avons pas accès facilement, contrairement au numérique.

L’autre raison de cette invisibilisation, beaucoup plus fondamentale, c’est que les bio-objets font partie d’une économie de la promesse. Ces objets sont porteurs d’espoir, de grand espoir. La possibilité de porter un enfant grâce à la fécondation in vitro, par exemple, représente un très grand espoir. Ils sont liés à plein d’affects, ce qui explique qu’on ne les voit jamais pour ce qu’ils sont : des objets technoscientifiques, mi-vivants mi-objets. On ne les voit que par le filtre des espoirs qu’ils suscitent. On questionne chaque application et son cadre éthique, mais il y a peu d’approches transversales, ce qui participe à camoufler les dimensions matérielles des bio-objets. Cette absence de perspective ne permet pas de questionner leur mode de production industrielle, et leur prolifération.

L’économie de la promesse à laquelle vous faites référence existe dans d’autres domaines technologiques comme l’intelligence artificielle, dont on survend beaucoup les capacités. En quoi est-elle si caractéristique des bio-objets ?

C.L. : L’économie de la promesse est un terme large qui définit les politiques d’innovation en sciences. Pour obtenir des capitaux, les chercheurs font des promesses sur les retombées éventuelles de recherches qu’ils n’ont pas encore réalisées. Et la plupart des chercheurs sont d’ailleurs mal à l’aise avec cela. On retrouve cette logique dans les nanotechnologies et dans l’intelligence artificielle, effectivement. Les biotechnologies s’inscrivent aussi dans cette économie de la promesse, mais la promesse prend une dimension bien plus fondamentale dans leur cas car on touche à la vie, à la mort… Cette économie de la promesse se transforme en économie de l’espoir et même en économie de l’affect. La dimension économique est alors moins visible. Lorsque j’ai passé un mois dans la start-up de bio impression Poïetis à Pessac près de Bordeaux (qui imprime en 3D des peaux artificielles pour les laboratoires pharmaceutiques, ndlr), j’ai pu constater que des personnes appelaient en demandant s’ils pouvaient bénéficier de la technologie de Poïetis pour un proche grand brûlé, par exemple… Des applications très éloignées de ce que faisait réellement Poïetis.

C’est une promesse parfois inatteignable, car vous montrez que l’efficacité de ces bio-objets est loin d’être prouvée…

C.L. : Dans d’autres domaines médicaux, on sait que le vivant est une matière extrêmement complexe et qu’on ne peut pas le maîtriser. N’importe quel médecin dira par exemple que la chimiothérapie ne fonctionne que sur une partie de ses patients. Et la pandémie est une nouvelle preuve qu’on ne maîtrise pas le vivant. Or, dans le domaine des biotechnologies, on présente souvent les bio-objets – dans les médias et même les articles scientifiques – comme des miracles, et surtout comme des matières qu’on est capable de maîtriser. Cela ne correspond pas à la réalité.

La fécondation in vitro est pratiquée depuis 40 ans de manière commerciale et industrielle, et il n’y a pourtant que 40 % de réussite pour un premier essai. Il y a pourtant une adhésion très forte de la part des citoyens, une croyance en la fécondation in vitro. Tous les États ont légiféré sur cette question, comme si c’était quelque chose qui fonctionnait effectivement. Alors que la somme des échecs et des problèmes sociaux engendrés est beaucoup plus grande que le nombre d’enfants nés d’une FIV.

En quoi la prolifération des bio-objets peut-elle être problématique ?

C.L. :  On crée des bio-objets sans les maîtriser. C’est la méthode de Frankenstein. On a aucune idée des effets globaux dynamiques de ces objets dans l’environnement. Cette prolifération perpétue l’idée que le corps, le vivant en général, est une machine malléable. Or, c’est fondamentalement faux. Les chercheurs que j’ai rencontrés au sein de Poïetis sont d’ailleurs très conscients qu’ils manipulent une matière très complexe.

Ces technologies sont par ailleurs le signe d’une objectivation des corps, qui touche avant tout le corps des femmes, comme vous le précisez.

C.L. : Oui et cela a d’ailleurs toujours été le cas dans l’histoire de la biologie. On peut faire le parallèle avec l’agriculture et l’élevage, où ce sont surtout les femelles qui sont exploitées : les vaches laitières, les poules pondeuses, les truies reproductrices… Le corps féminin est davantage mobilisé. La congélation d’ovocytes est un bon exemple d’objectivation du corps des femmes. Il concerne de plus en plus de femmes, y compris en bonne santé et jeunes. Il y a une très forte augmentation des jeunes femmes qui ont recours à cette pratique en Europe et aux États-Unis. Cette industrie, qui a été notamment popularisée par Sheryl Sandberg (directrice des opérations de Facebook, ndlr), promet aux femmes d’« investir dans leur fertilité », de se préparer à l’éventualité de problèmes d’infertilité, de construire une carrière avant d’avoir des enfants. C’est un rapport au corps très néolibéral, une représentation du corps comme capital.

Vous opposez la lutte contre le réchauffement climatique et la prolifération de ces bio-objets, en quoi ces deux tendances sont-elles incompatibles ?

C.L. : Cela me paraît incohérent de lutter contre les émissions de gaz à effets de serre d’un côté, et d’être pour la fécondation in vitro et la congélation d’ovocytes de l’autre. Car les bio-objets obéissent à la même logique productiviste que l’on dénonce lorsqu’on s’attaque au réchauffement climatique. Mon but n’est pas de prendre parti pour ou contre les bio-objets, mais plutôt d’essayer de faire voir un phénomène qui n’est pas visible et d’amorcer une réflexion.

Entretien réalisé par Marine Protais pour le site L’ADN le 13 avril 2021.

 


« Le forçage génétique, c’est de l’évolutionnisme technique »

  

Dans la continuité des OGM, le forçage génétique et la technique du « ciseau génétique » CRISPR-Cas9 permettent d’éditer le vivant de manière simple et rapide. Céline Lafontaine met en garde contre cette industrialisation de l’édition génomique qui menace nos écosystèmes et dont les risques demeurent largement inconnus.

Céline Lafontaine est professeure au département de sociologie de l’Université de Montréal et s’intéresse aux enjeux économiques, sociaux, culturels et éthiques des technosciences.

Elle fera paraître en mars 2021 au Seuil un nouveau livre : Bio-objets – Les nouvelles frontières du vivant, dans lequel elle se penche sur la prolifération d’objets issus de la technoscience, qui à l’image du forçage génétique, modifient radicalement notre rapport au vivant.

Pour POLLINIS, elle revient sur les promesses démesurées des biotechnologies telles que le forçage génétique, qui prétendent offrir des réponses techniques à des problèmes engendrés par l’industrialisation et le développement technique, comme le réchauffement climatique et la perte de la biodiversité.

Que vous évoque la technique CRISPR-Cas9, qui permet d’introduire un gène forcé dans un organisme, et le forçage génétique, qui garantit qu’un trait passera à toute une descendance ?

Céline Lafontaine : La technique CRISPR-Cas9, dite du « ciseau génétique » ou encore du « couteau suisse génétique », est la dernière avancée en date en matière de biotechnologie, qui est l’héritière d’une conception du vivant comme « machine » remontant au XVIIe siècle. Cette logique machiniste imprègne très fortement la culture occidentale depuis cette époque. Avec la cybernétique et l’introduction du modèle informationnel en biologie moléculaire, le code génétique est conçu comme un langage universel qu’il suffit de décoder pour réécrire le grand livre de la vie. Cette métaphore est au cœur du projet d’édition du génome, qui suppose qu’en maîtrisant cette écriture, on va pouvoir maîtriser le vivant.

En réalité, il n’y a pas de réelle nouveauté avec CRISPR-Cas9. Cette technologie demeure dans la continuité des avancées du génie génétique et des organismes génétiquement modifiés (OGM). C’est la poursuite d’une logique d’industrialisation du vivant qui est en place depuis 60 ans avec l’émergence des biotechnologies. Sa nouveauté se trouve dans sa rapidité, sa facilité d’utilisation ainsi que son coût restreint, ce qui en fait potentiellement un outil extrêmement accessible, et inscrit CRISPR-Cas9 dans la logique industrielle. Ces arguments d’efficacité de l’outil inhérents à la logique industrielle sont d’ailleurs ceux présentés par les deux lauréates du prix Nobel de chimie 2020, la Française Emmanuelle Carpentier et l’Américaine Jennifer Doudna, qui ont été récompensées pour l’invention de l’outil d’édition du génome CRISPR-Cas9.

Cette logique machiniste se heurte cependant à tous les enseignements que nous avons tirés de l’épigénétique. La complexité de la génétique est bien plus importante que ce que nous pensions initialement. Le dogme central de la biologie moléculaire postulant la linéarité de l’information génétique est depuis longtemps dépassé, car on sait maintenant qu’un seul gène peut coder plusieurs protéines. Et à cela s’ajoute la complexité des rapports de l’organisme à son milieu. Ces relations très complexes, encore méconnues, sont minimisées dans l’approche machiniste que sous-tend un outil d’édition du génome comme CRISPR-Cas9

Les biotechnologies et le forçage génétique font-ils abstraction de la complexité du vivant ?

C.L. : Chaque individu d’une espèce entretient des relations dynamiques avec son environnement, avec les autres espèces animales ou végétales. Cette relation montre qu’il est illusoire de penser qu’on peut intervenir sur le génome d’un individu sans interagir avec l’ensemble de son espèce, des autres espèces et plus largement avec l’ensemble du vivant. Modifier un individu, c’est modifier l’ensemble du vivant.

Cette logique de modification généralisée est d’ailleurs très bien illustrée par le cas des moustiques vecteurs du paludisme, sur lesquels des recherches sont en cours. L’idée de modifier l’espèce par la modification des individus est au cœur de cette démarche. En rendant stériles des moustiques vecteurs du paludisme et en les relâchant dans la nature pour éradiquer l’espèce nuisible, et donc le problème, on entérine une représentation du vivant comme ressource. C’est un modèle qui est décomplexifié, qui ne tient pas compte des interactions entre les individus et leur milieu, qui nie la dimension relationnelle du vivant. Bref, on minimise les effets locaux et globaux de cette manipulation.

Comment le concept de nature sauvage peut-il perdurer avec des outils permettant une telle maîtrise du vivant ?

C.L. : Avec le forçage génétique, on se place en position de transcendance face aux autres espèces, c’est le vieux mythe biblique de l’homme appelé à maîtriser la nature. CRISPR-Cas9 permet d’interférer dans le cycle de la vie de manière inégalée. La facilité et l’accessibilité de cette technologie vont permettre d’éditer beaucoup d’aspects du vivant qu’on jugerait nuisibles, dérangeants ou simplement optimisables. C’est comme si on prenait pour acquis que le vivant était à modifier. Et dans notre anthropocentrisme, on oublie que nous sommes interdépendants des autres espèces et que, par exemple, sans les abeilles, le monde tel que nous le connaissons ne serait pas le même. On est dans une banalisation du génie génétique qui nous fait pencher du côté de l’évolutionnisme technique, selon lequel l’innovation biotechnologique doit prendre le pas sur la sélection naturelle.

Cette idée de pouvoir optimiser le vivant à notre guise résulte d’une vision utilitariste. Quels sont les risques de cette approche ?

C.L. : Le principal risque c’est l’Anthropocène. Notre logique du contrôle a déjà paradoxalement déclenché des phénomènes totalement incontrôlables, au premier rang desquels figurent le changement climatique ou la perte de la biodiversité. Les outils biotechnologiques comme le forçage génétique proposent des réponses techniques à un problème environnemental lui-même engendré par l’industrialisation et le développement technique ! De manière générale, les biotechnologies échappent à notre réflexion globale sur l’environnement. On perçoit l’environnement comme une ressource et non plus comme le lieu de vie auquel on appartient.

Alors qu’on est en train de repenser les limites du développement industriel, on oublie d’inclure les biotechnologies et le modèle du vivant qu’elles véhiculent dans cette réflexion, ce qui montre notre aveuglement face aux impacts environnementaux d’une représentation purement machiniste du vivant. Il y a aussi des risques évidents liés à la maîtrise très relative de cette biotechnologie [1]. Pour l’instant, les études au niveau technique montrent que les modifications ciblées opérées sur un gène ont engendré des modifications non désirées, ce qu’on appelle des modifications hors cible ou des effets mosaïques [2].

De fait, certaines cellules vont bien répondre à la modification génétique et d’autres moins. Ce constat illustre bien que pour l’instant nous sommes davantage dans un « bricolage » que dans la maîtrise de cette technologie. On est vraiment dans l’inconnu.

D’un autre côté, on présente le forçage génétique comme une technique révolutionnaire pouvant présenter des bénéfices potentiels extrêmement prometteurs.

C.L. : Avec les biotechnologies en général – et cela vaut aussi pour le forçage génétique – on est sur une économie de la promesse. Mais les promesses démesurées qui sont faites pour justifier le développement et l’investissement sur une biotechnologie ne sont jamais tenues à la hauteur de ce qui est annoncé initialement. Cela ne veut pas dire qu’il y a une absence totale de retombées positives, mais simplement que ces attentes suscitées ne sont pas en adéquation avec la réalité.

Par exemple, au début des années 2000, des investissements massifs ont été faits dans le domaine des nanotechnologies. On n’annonçait rien de moins qu’une nouvelle révolution industrielle, des traitements moins invasifs contre le cancer, des composantes industrielles moins polluantes, voire même l’amélioration des capacités cognitives humaines. On attend toujours cette soi-disant révolution.

Malheureusement, le seul moyen pour les chercheurs de capter des financements, c’est de faire des promesses démesurées. Pour entretenir cette « bulle technologique », on fait l’impasse sur les risques pourtant bien réels de ces biotechnologies. En promettant d’éradiquer le paludisme grâce au forçage génétique, on est dans cette même logique de démesure de la promesse, qui évince toute évaluation sérieuse des risques. On ne sait rien de ce que sera l’impact d’une dissémination dans la nature d’organismes issus du forçage génétique. Mais on sait qu’il y aura des impacts.

Il faut déjà reconnaître qu’on est dans l’univers de la surenchère. On est dans un imaginaire où la technoscience va régler tous les problèmes du monde alors que c’est elle qui nous a menés au changement climatique.

Entretien réalisé par Pollinis le 21 décembre 2020.

 


[1] Article de Marc Golzan, « Une année après, le fiasco des bébés génétiquement modifiés », Le Temps, 9 décembre 2019.

[2] M.Kosiscki, K.Tomberg et A.Bradley, « Repair of double-strand breaks induced by CRISPR-Cas9 leads to large deletions and complex rearrangements », Nature Biotechnology, vol. 36, 2018, p. 765-771.

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